Il semblerait bien que le vieux lion ressorte du bois. Encore. Pas exactement là où les braconniers l’attendaient (une hypothétique reformation de Led Zeppelin avec Droopy Page qui en fait ennuiera tout le monde).
Non. Robert Plant est un animal carnassier qui choisit parfaitement ses proies. En l’occurrence Alison Krauss. Une gazelle de la country. Et le nom du massacre est Raising Sand ; le sable qui s’élève dans l’air lorsque le félin bondit sur l’animal. Un bel album.
Et force est de constater que Robert Plant ne pourra plus jamais miauler, ni traîner les groupies dans la grotte. Alors, cahin caha, Plant a recadré depuis quelques années son registre sur les mediums, les voix susurrées, les confidences blues. Ce qui soit dit en passant fait parfaitement les affaires d’Alison Krauss.
Après Mighty Rearranger en 2005, Plant ressort les guitares. Soyeuses, transparentes, mixées derrière pour laisser s’exprimer les jeux de voix. Deux voix qui étonnamment s’accordent parfaitement dès "Killing the blues" et ses guitares Lee Ritenour. Une accalmie dans le grand bordel rock made in UK. Et un retour frappant à la mélodie naphtaline pas dépoussiérée depuis longtemps.
Puis on comprend bien sûr avec "Sister Rosetta goes before us" que les deux carnassiers ne sont pas dupes. Le blues s’est joué avant eux, et continuera après leur déclin. Tant qu’à crever autant faire la fête et veiller les morts à la mode Haïtienne. Le résultat, "Polly come home". Une sublime chanson qui prend tour à tour des airs d’aurore et de crépuscule.
La grande force de ce disque de "vieux", c’est la tranquillité apaisée qui transpire sur le bois des instruments. L’impression subite ("Through the morning, through the night") de s’envoyer dans le désert avec les voix comme seules lumières. Intemporel. Le Plant 2007 lorgne americana et banjo, en mode Shearwater. La recherche des origines sans doute. Et une reprise (énorme de minimalisme) de "Walking into Clarksdale" (le dernier opus de Page & Plant, 1998) écrite sur un papier de soie.
Ultime claque sur "Let your loss be your lesson". Un blues en trois accords - sic - qui ne renouvelle rien, si ce n’est l’émotion. En 2007, c’est déjà pas si mal.
Raising sand, une parenthèse mi-électrique mi-acoustique qui pourrait s’apparenter à un ultime cri du lion pour Plant. A force d’annoncer son déclin, à force de le voir revenir à chaque fois, on aurait tendance à croire le Plant éternel. |