Les Elzef n’en finissent décidément pas de jouer avec les vents. Après Mais d’où vient le vent ? sorti en 2004, le sextet de parisiens est de retour avec Le vent se lève, également premier morceau éponyme de cet album.
Une écoute, deux écoutes plus tard, on aurait justement bien aimé que le vent se lève (et nous avec !), surtout après l’avoir cherché pendant deux ans comme ils l’ont fait. Et pourtant, force est de constater que les onze pistes de ce nouvel opus manquent cruellement de souffle.
Pourtant la formule a peu varié depuis les deux albums précédents. Ce combo de six gaillards aux tronches sympathiques, élevés aux fanfares de rues, aux bars et aux fêtes de quartiers parisiennes, revendique toujours une musique festive et métissée, à base d’un grand mélange de genres et d’instruments.
Accordéon, banjo, cuivres, contrebasse, claviers cohabitent toujours tous en harmonie et les influences afro-beat, funk, java, hip-hop, chanson, sont elles aussi toujours clairement présentes tout au long de cet album. Quand on sait également que le réalisateur de cet album n’est pas moins que Stéphane Mollino, le guitariste et chanteur des mythiques Négresses Vertes, on est enfin aussi en droit de s’attendre à voir se révéler une nouvelle pépite miraculeuse sur nos platines.
Alors pourquoi cette impression persistante d’un évident manque de quelque chose ? Peut être parce qu’à mesure que l’on gagne des années, les vieux cons que l’on devient sommes un peu moins réceptifs à cette musique dite festive qui nous faisait encore sauter des genoux, ou au moins remuer du bassin, il n’y a pas si longtemps. Peut être sommes-nous juste simplement devenus un peu plus exigeants et qu’à chaque âge ses inclinations…
Peut être aussi parce que les six garçons semblent avoir quand même eux aussi un peu vieilli et épuisé une bonne partie de leur énergie depuis le premier album. Ils ne sont plus vraiment ce qu’on peut qualifier d’"explosifs" comme ils le revendiquent pourtant encore sur leur site officiel.
Enfin peut être encore parce que les textes que l’on avait trouvé assez subversifs, plutôt drôles, bien absurdes sur l’album précédent ne nous font plus vraiment sourire ni même réfléchir aujourd’hui : sujets mâchés et remâchés ("Culture métissée" dont les paroles du type "si ce pays veut se segmenter, j’irai faire un tour à l’étranger" semblent déjà avoir été entendues mille fois), soulèvement de problèmes qui ne le sont pas vraiment ("Dans ma classe" ou l’existentialisme d’un prof qui ne parvient pas à finir son programme et répète inlassablement "le programme, est-ce un drame ? …") ou encore un curieux hommage à "Jeanne d’Arc".
Il faut quasiment attendre le dernier morceau de cet album, "Tchaka l’arracheur", pour nous confirmer que le temps des chansons festives ne fait plus recette et que c’est lorsqu’ils assument un phrasé plus rap, un son vraiment funky que les Elzef se révèlent aujourd’hui sous leur meilleur jour.
On leur souhaite donc de prendre le bon virage lors d’un prochain opus ! |