Plus de 10 ans après la mort de Kurt Cobain, le combat fait encore rage, quoique discrètement faute d'être assez excitant, pour savoir qui sera le nouveau messie du grunge. Les belligérants sont certes légion mais rivalisent tous d'inintérêt.
Souvent dérivés en groupes pour midinettes en mal de sensations rock ("libère ton esprit rock" comme ils disent dans le poste), les beaux rockers ténébreux n'ont pas tous compris qu'il ne suffisait pas de faire du bruit avec une guitare, en ayant l'air méchant et en braillant comme des veaux juste avant qu'ils ne se réincarnent en escalope, pour faire du rock, de celui qui vous prend aux tripes et qui pue des pieds (ou l'inverse).
Aujourd'hui donc pas de révélation quasi divine. Flopées de groupes allemands remplacent notre bonne vieille Dorothée et quelques américains en bermuda agrémentent les bandes son des films de sports de glisse mais c'est à peu près tout.
Alors du coup, quand un Pissed Jeans (voir chronique ici même) ou un Zico Chain débarque sur nos platines, il faut lui vouer une certaine attention de peur de louper la révolution rock qui tarde autant à venir que mon métro sur le quai chaque fois que je suis déjà en retard.
Avec une affreuse pochette à la croisée des chemins des années 70 et d'un groupe métal au hasard des années 80 en guise d'accueil, cet album de Zico Chain n'est pas franchement attirant. Pas plus en tout cas que leur curieux nom de groupe qui m'évoque, pour d'obscures raisons, plus un groupe de musique cajun que de gros rock tatoué.
A l'intérieur, nous sommes tout de suite mis dans l'ambiance. Grosse basse, guitares qui partent au quart de tour et une voix déterminée et braillarde juste comme il faut qui rappelle, comme c'est bien fait, la douce voix de feu Kurt. Un déchainement sonore de 3 minutes qui ne nous laissera pas de répits et fera aussitôt place à un autre.
Un petit quelque chose de Red Hot Chili Pepper, un gros morceau de Nirvana, un petit peu de graisse métal tendance méchant gothique pour faire glisser et on obtient "Where would you rather be ?". Puissant et imparable avec son mini break en forme de solo vocal ("what a lovely day ..." dit il) très très Cobain. Tout l'album est du même gabarit, jamais très loin du rock FM et selon les titres, pas toujours du bon coté de la frontière comme sur "Preach".
Food, puisque c'est ainsi que s'appelle l'album, réussit quand même à nous faire secouer la tête et taper du pied, même s'il est un peu monolithique sans vraiment de titres qui se détachent les uns des autres.
Lancé à 200 à l'heure, guitares aux vents et cheveux à fond du début à la fin, Food reste un disque à écouter par petit bout sinon la monotonie s'installe et la fraicheur et l'énergie se transforme vite en agacement.
Des lives à la hauteur de l'enthousiasme que dégage le disque seraient les bienvenus. En attendant, vous pouvez toujours acheter quelques titres sur itune de temps en temps ! |