Murat à Paris, pour deux dates, au milieu de la tournée Lilith,
sans sa première partie Rogojine, autre auvergnat, dans une Cigale bourrée
à craquer, impossible de rater cela, d'autant moins que la surprise fut
belle.
Avec une ponctualité d'horloger suisse, Jean Louis Murat,
Stéphane Reynaud et Fred Jimenez
font leur entrée sur la scène. Il ne reste plus qu'à savoir
à quelle sauce ont été préparés les morceaux
de cette tournée. Nous avions eu droit par le passé à un
super Mustango Tour, ayant donné lieu à un double live d'anthologie,
qui comportait des morceaux entièrement réarrangés, électroniques
et capiteux mais superbes. Et puis il y a eu la tournée du Moujik, sur
laquel Murat était revenu à plus de sobriété.
Et bien Lilith va être présentée, non pas au taureau, mais
à un public de tous horizons déjà conquis dans une formation
classique de rock sans artifice électronique. Murat résolument
rock !
Toujours fan de Neil Young et de son Crazy horse, Murat nous assénera
pendant près de deux heures un rock franc et puissant qui n'a rien à
envier à son idole. Le trio forme un véritable groupe et Murat
ne lâchera pas la guitare, pour l'essentiel électrique. Un son
terrible, une puissance de feu extraordinaire pour une relecture de Lilith entre
puissance et délicatesse. Ils sont heureux d'être là et
ça se voit. Le public aussi et même si JLM ne discourera pas comme
il pouvait le faire il y a quelques années ("je sais pas quoi dire,
j'en dis tellement .... et puis il y aurait tellement de choses à dire"
s'excusera Murat à un public réclamant quelques mots) il jouera
avec le public en lui faisant reprendre quelques refrains ("L'au-delà",
"Le cri du papillon") dans une ambiance très bon enfant
et disciplinée.
Ainsi donc le trio guitare basse batterie n'est certes pas un concept novateur
mais c'est probablement le plus efficace. Les trois musiciens sont parfaitement
à l'aise et, ce qui ne gâche rien, connaissent la musique (le batteur
débordant d'énergie est assez stupéfiant). Mais le rock'n'roll
n'est pas ici un vecteur universel, pas de bruit pour le bruit,. Ainsi "La
maladie d'amour" restera assez proche de l'original tandis que "L'absence
de vraie vie", qui clôt le concert, sera un véritable
mur du son, totalement revisitée et de fort belle façon, tout
comme le déjà très puissant "Jour du jaguar"
qui devient sur scène un morceau que l'on peut qualifier de monumental.
"Jour du jaguar" qui, même si il a été
joué 2 soirs de suite, l'aura été comme la plupart des
autres titres de façon spontanée et donc différente d'un
jour à l'autre (Murat ne faisait pas le loup le lundi mais l'imitation
du mardi était assez convaincante... d'autant que, en meilleure forme
sans doute, il finira à genou).
Mais la palme revient sans doute à "Se mettre aux anges",
morceau pour lequel j'avais prédit dans la chronique de Lilith, et malgré
ses arrangements sophistiqués signés par deux membres des Tindersticks,
un bel avenir sur scène. En effet, seul au piano, Murat en impose et
son interprétation très libre de ce morceau sur lequel il greffera,
selon, une fois encore, son inspiration du jour, quelques vers bien sentis,
ça et là, dans la plus pure tradition Muratienne consistant à
saborder ses propres chansons avec une délectation non feinte.
La part belle sera faite à une sélection parfaite de morceaux
de Lilith dans laquelle se sont intercalés quelques incontournables (jamais
assez nombreux mais 2 heures de concert passent toujours trop vite) comme "Mustango"
dans une interprétation sublime aux accents mêlés de Keith
Jarrett et Miles Davis , "L'au-delà", "Foule
Romaine", "Jim"...
Et si le lundi, après avoir rallumé la salle, puis éteintà
nouveau , le groupe nous a offert "L'absence de vraie vie",
ce sera le mardi dans un enchaiment parfait avec une chanson inédite
répétée l'après midi (et précédée
elle même par "Foule romaine" absente la veille) que
le morceau mettra définitivement le feu à la Cigale pour une fin
en beauté, tel le bouquet final d'un feu d'artifice déjà
somptueux.
Qui a dit qu'il fallait être jeune et fashion pour faire du rock ? Murat
bientôt cinquante ans et trente ans de métier...il n'y a pas de
secret!
Petit regret ? Les Tshirts sont toujours ceux du "Moujik et sa femme"
et un prix un peu élevé pour le recueil d'autoportraits en quadri
"collector" (1000 exemplaires à 50 euro pièce... on
aurait préféré 2000 à 25 ... dommage). Il ne reste
plus qu'à espérer un autre album live mais surtout attendre le
DVD prévu pour noël contenant rien de moins que 12 inédits
!
C'est trop bête vous aviez 2 chances de venir !
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