Inutile de verser dans la nostalgie, encore moins dans la compassion. Et je ne parle même pas de révérences.
Le deuxième opus solo de Dave Gahan est semé de balises trop encombrantes (les relations conflictuelles avec Gore, la drogue, la quarantaine opiacée et les abus grisonnants) pour qu’on les détaille trop explicitement.
Hourglass. Le temps des sabliers et d’un premier bilan après 20 ans de carrière chez Depeche mode. Clairement électronique dans la production. Trop ? Pas vraiment. L’incursion dans le digital a ici valeur d’inserts, de césure, voire de barrière, face aux mélodies qui ne perdent jamais le fil (encore que "Deeper and deeper" soit résolument chiante). Autant Paper monsters s’égarait un peu dans les couloirs, autant Hourglass annonce clairement la couleur. Ce sera l’anthracite couleur bitume nouveau siècle. Peu ou pas d’espoir. Enfin… rien de trop visible.
Là où d’autres jouent le sentimentalisme revival (au hasard, les Pixies), Gahan préfère l’embardée solo pour exprimer ses compétences de songwriter. Mais Gore ne croit plus aux miracles (la chanson éponyme), encore moins en dieu, mais il continue de prier. Puisqu’il faut bien vivre, et qu’on tient encore debout………..
La grande différence avec Depeche Mode, c’est l’absence (volontaire ?) de single sur Hourglass. Comme un refus de l’instantané réducteur. Il faudrait détailler les paroles, prendre le temps de se poser sur le sens des mots de Use You pour mieux saisir toute l’importance de ce projet pour Gahan. Musicalement…. C’est "scie électrique sur granit doré" à tous les étages. On ne voit guère que l’excellent dernier album d’UNKLE pour trouver un élément de comparaison moderne.
A mi-album, on se pose tout de même une question… Que resterait-il sans les dizaines de nappes, les chansons survivraient-elles sans les artifices, en mode guitare-voix………Quelques chansons largement au niveau de Depeche Mode tout de même, comme ce "Endless" dans la pure lignée des derniers albums du groupe. Sereine, tranquille, peu propice à l’explosion.
C’est le temps de la paix retrouvée, un objet qui satisfera les fans, et puis sûrement des tournées promos où les journalistes parleront encore et encore de Depeche Mode…… Les cons.
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