Mélodrame de Gaston Leroux, mis en scène par Frédéric Ozier, avec Maline Cresson, Antoine Cholet, Jonathan Frajenberg, Anna Gaylor, Frédéric Jessua et Sébastien Rajon.
Coup double pour la Compagnie acte6, jeune compagnie issue du Studio 34, qui, en ce début d'année, investit, avec succès, tous les étages du Théâtre de l’Athénée-Louis Jouvet.
Après avoir revisité, en "prime time" "Les courtes lignes de Courteline" à la manière du caf’conc dans la grande salle, elle propose aux spectateurs noctambules de passer le fatal douzième coup de minuit dans les combles. Plus exactement dans la magnifique et surannée petite salle Christian Bérard, pour assister à une représentation de "L’homme qui a vu le diable" de Gaston Leroux.
Ce mélodrame parodique, héritier de la littérature gothique du 19ème siècle, qui révèle plus la face cachée de l’homme que le visage du diable, entraîne le spectateur à la suite de chasseurs égarés, non dans les Carpates vampirophiles, mais dans la forêt sauvage du Jura Suisse, réfugiés dans l'étrange demeure d'un chatelain faustien.
Frédéric Ozier a monté cette aventure fantastique, effroyable et jubilatoire, en jouant à fond, avec bonheur, les codes esthétiques du Grand Guignol, duquel la pièce ressortit. A mi-chemin entre le théâtre populaire du boulevard du crime, l'esthétique du cinéma muet et l'iconographie des romans-feuilletons du siècle passé, lyrisme poétique, humour noir et burlesque président au succès de cette "rocambolesque" pièce courte.
Face aux inquiétantes figures fantomatiques, Frédéric Jessua, excellent hobereau allumé, Anna Gaylor, merveilleuse et inquiétante toupie ancillaire, et Sébastien Rajon, trouble homme à tout faire, Maline Cresson, Antoine Cholet et Jonathan Frajenberg forment avec talent l’inénarrable trio du vaudeville décliné ici de manière... "sanglante".
Dans un registre peu usité, drôle et percutant, ce sagace spectacle est totalement maîtrisé et particulièrement divertissant. |