Partition pour 7 comédiens écrite et mise en scène par Gildas Milin, avec
Marc Arnaud,
Morgane Buissière,
Julia Cima,
Rodolphe Congé, Éric Didry, Déborah Marique et
Gildas Milin.
Attention, "Machine sans cible" qualifiée par son auteur, metteur en scène, scénographe et acteur, Gildas Milin, de "partition pour 7 acteurs" ne ressortit pas au théâtre dans l'acception classique du terme. Plutôt du nouveau théâtre, un théatre exploratoire qu'il envisage comme "la fabrique scientifique d'un théâtre du ressenti". Et, sans doute, la volonté, après une formation aux arts plastiques, à la musique et au théâtre, de tendre vers la création d'une oeuvre d'art total.
Dans une salle transformée en vaste boite blanche, parsemée d'images en noir et blanc de papillons dans la position "enthomologique", symbole de l’âme du mort, on trouve une rallonge électrique buissonnière, un robot, le “générateur numérique aléatoire”, une arlésienne qui se prénomme Rose, la théorie de l’empreinte de Konrad Lorenz et les verbigérations de sept corps cathatiques sur les corrélations de l'amour et de l'intelligence.
Pour ceux qui ne sont pas des habitués du travail de Gildas Milin, la difficulté majeure éprouvée tient sans doute de la surabondance et de la multidimensionnalité des lignes exploratoires. qu'il s'agisse de l'écriture, du fond, de la forme, du jeu de l'acteur et du rôle du spectateur.
En effet, son "protocole" sensible procède d'un syncrétisme des théories modernes sur le théâtre, depuis les avant-gardes du début du 20ème siècle au théâtre réflexif de Valère Novarina.
Il intègre les notions d’image scénique conçue comme une composition plastique dans laquelle l’acteur est un matériau vivant, de langage théâtral basé sur des transes textuelles qui se substitue au texte sanctifié et de déreprésentation, terme auquel Gildas Milin préfère celui de "déconditionnement".
Et le spectateur procède de l'expérimentation. Aussi s'agit-il d'un spectacle à venir voir en connaissance de cause sous peine de choc anaphylactique qui peut conduire de l'ahurissement à la fuite.
Dans la salle, deux catégories de spectateurs : les bienheureux, dont les sens se manifestent, souvent de manière ostensible, et les laborieux, ceux qui sont en recherche de sens. A la sortie, les premiers, délestés d'une charge émotionnelle, penseront déjà à autre chose. Les seconds erreront encore.
Cela étant, pour le spectateur curieux et de bonne volonté, "Machine sans cible" ouvre une voie de réflexion même si la surabondance sus évoquée complexifie le déchiffrage de cette partition truffée de figures de silence. Et à cet égard, il faut grandement saluer la prestation des exécutants. |