"J’ai construit un immeuble dans une chambre de bonne" *, ne serait-ce pas la quintessence du travail de Katerine.
Et dans le DVD de sa tournée qu’on peut aisément qualifiée de triomphale, nous en avons encore la preuve. Le disque Live, sorti seul, n’aurait certainement pas apporté grand-chose à l’aventure, mais le fait d’ajouter le DVD de la tournée transforme l’exercice de manière magistrale. Ce n’est pas le film du concert dans la plus grande salle : le zénith par exemple : le choix aurait été trop facile et, dans un sens aurait déçu le public.
Dans le DVD, ce n’est pas une soirée mais plusieurs. Et les chansons se diffractent de manière kaléidoscopique en différents lieux où chaque fois Katerine, accompagné, soutenu, porté par le groupe, les musiciens des ex-Littles Rabbits, ose une nouvelle expérience.
Alors il ne s’agit plus d’une tournée mais de concerts devenus happenings, performances. Chaque soir il se transforme, le torse peint et conduit un spectacle ou plutôt un show. Comme s’il était question de transcender le dérisoire ; la chambre de bonne est là, une discothèque, là une petite salle peut-être une salle polyvalente, là le zénith.
Qu’est ce qu’un artiste s’il n’apporte pas du rêve, des couleurs, et de l’amour ?
Katerine est un des rares aujourd’hui à se jouer des codes et des représentations : longtemps seul à la guitare, il est aujourd’hui chorale. Les musiciens déguisés participent activement à la fête. La démarche n’est pas loin d’être politique sous la dérision.
Issu de la France rurale il semble y retourner avec délectation. Rappelons-nous le clip de Louxor, j’adore : tout d’abord interloquée, abasourdie la population du village finit par acclamer les individus hybrides : hommes aux atours de féminins, femmes parodiant les clodettes… Une manière de rappeler qui fait, et défait le strass, les paillettes d’un showbiz devenu parisianiste.
La France d’en bas prendrait les places VIP ?!! Quel bouleversement, quelles explosions dans une société ronronnante et compartimentée comme jamais.
Bordélique le border live ? Le film de la tournée Robot après tout est au contraire réglé au millimètre, saluons la prouesse du monteur, qui fait d’un film des dizaines de petits clichés, instantanés d’un artiste qui s’adresse tour à tour à des enfants pour construire une humanité
nouvelle ( la casquette de révolutionnaire argentin n’est pas là par hasard) puis aux adultes avec des titres comme "Excuse moi" …
Tourbillons argentins, rythmes vifs le DVD Borderlive est une bonne surprise et si "tu n’y vois que du feu, [faut] croire que tu as de la merde dans les yeux"*.
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