Morrissey : Le retour messianique
La grande
messe vouée au culte des Smiths et de son grand prêtre se déroulait
à la Mutualité. Une petite file d'attente disciplinée,
un public doux comme un agneau mais passionné comme au premier jour du
tandem Morrissey / Marr fait un accueil chaleureux et hystérique à
cette apparition , tant espérée, sur fond de message post gothique
avec son de cloches et lumière rouge pré-halloweenienne.
La rock star apparaît, en pantalon tirebouchonné et mocassins
éculés, avec des musiciens aux tempes grisonnantes. L'angoisse
étreint les cœurs : et si ce n'était qu'un homme mûr
jouant avec les ficelles de la nostalgie ? Et bien, non, cela n'en déplaise
aux épris de modernisme et de groupe de teen agers ! Morrissey est un
des dieux vivants du rock qui sait renaître de ses cendres après
une disparition de plusieurs années. Son ego fragile et surdimensionné
envahit la scène et il se plaît à jouer avec son public
allant jusqu'au contact physique dont paraissent tant avares certains groupes.
Ouvert par un I want the one I can't have du plus bel effet, Morrissey,
transfiguré, fascine et nous prend sous son charme deux heures durant.
Et même si les quelques reprises des Smiths constituent les moments forts
du concert (Hand in glove, Meat Is murder au final de guitares grinçantes
avec un Morrissey, à terre, d'une sensualité éclatante)
impossible d'ignorer les désormais classiques Speedway, Sister I'm
a Poet ou I like You ! Final sobre sur There is a Light that never goes out, choix judicieux,
tant Morrissey figure désormais au panthéon des grands de sa génération.
Pas de rappel, pas de salut, Morrissey est déjà ailleurs ! |