La Galerie Zürcher présente une série de toiles récentes de Marc Desgrandchamps qui constituent sa première exposition parisienne depuis celle intervenue début 2006 au Centre Pompidou.
En novembre 2002, dans une interview avec le galériste Bernard Zürcher, Marc Desgrandchamps indiquait : "Je crée avec des bribes de mémoire, à partir d'évènements fortuits, des situations indéterminées que je considère comme des non-lieux."
Et il nomme les figures évanescentes qui flottent sur la toile des "délaissements", "une sorte d'état entre la vie et la mort que la peinture peut représenter, à condition de se constituer comme trace."
Disparitions ou apparitions, qu’importe puisque Marc Desgrandchamps réussit à réifier un concept, celui du temps ce que Platon définissait comme l’image mobile de l’éternité.
Au Centre Pompidou, les grandes toiles diptyques ou triptyques en fresques cinétiques saisissaient le regard interpellé notamment par d'étranges et archétypales scènes de villégiature immobiles dans lesquelles seul un détail signifiait le mouvement.
Dans les toiles récentes de Marc Desgrandchamps, économie de matière, arrière plan bucolique, peinture liquide et dripping passif sont toujours présents pour accueillir l’apparition des formes décisives.
Si la fille en tongs apparaît encore, elle se dirige désormais vers la ville.
Mais les formes humaines ont déserté le cadre. Elles sont ailleurs ou dans les bâtiments urbains qui s'imposent de manière frontale.
Même si le ciel est toujours intangiblement bleu et l’herbe verte, les immeubles gris d'un paysage urbain ont envahi l'espace. Certains y voient une tentation de l’abstraction.
La figure humaine n’est plus dans le champ représenté et pourtant, imperceptiblement, flotte encore l’image subliminale de sa présence. Et puis, soudain, les toiles d'un autre peintre, celles d'Edward Hopper viennent à l'esprit.
Comme ce dernier, Marc Desgrandchamps par son travail sur les images d’images, la peinture d’un monde dont l’image est déjà mille fois donnée par les médias, traque les espaces de peinture possible, les moments où il ne passe rien.
L’instant d’après. |