Il faut tout tenter de nos jours pour apprendre à lire à notre jeunesse. Fleurissent ainsi un peu partout, et souvent venues de nulle part des écoles de langues ayant pour slogan, sinon pour but, d'apprendre en des temps records moultes langues. Fabuleux.
Comme si ce n'était pas suffisant, voilà que je reçois du pourtant remarquable label Thrill Jockey une méthode de ce genre. En tout cas, c'est écrit dessus, School of language.
Mouais, c'est bizarre, écoutons... Et nous voilà partis sur deux premiers morceaux qui tentent visiblement de nous apprendre les voyelles sur un fond électro surprenant. Bigre. Je répète "a a i o a i u o a a a ..." sur "Rockist Part 1" suivi de "Rockist part 2".
Etrange mais pas désagréable, je continue l'écoute et là on passe sans transition aux travaux pratiques. "Disappointment" porte parfaitement son nom et déstabilise totalement. L'apprentissage est bel et bien terminé et la pop luxuriante de cet ex Field Music, David Brewis, fait mouche à coup sûr.
Cette pop riche et décomplexée n'avait pas été entendue depuis bien longtemps, du côté de High Llamas notamment.
Sea from Shore prend même des airs d'opéra rock, notamment sur "Extended holliday" qui hérite autant de la pop foisonnante de XTC que de celle plus psyché de Robert Wyatt.
Surprenant à chaque instant par quelques bricolages mélodiques ou arrangements inattendus, Sea from shore vous gardera en haleine du début à la fin. Album en épanadiplose, l'exercice de style va plus loin que le plaisir de pouvoir le prendre dans tous les sens. Inventif et foutraque (je salue au passage ce très bon webzine), Sea from shore met une belle fessée à la pop de pépé.
Avec une nouvelle génération brillante et inventive de popeux, comme School of Language, Kelley Stoltz (qui n'est d'ailleurs pas anglais du tout) et autres I was a cub Scout, il y a fort à parier que dans 25 ans, on ne parlera presque plus de l'influence des Beatles sur la pop anglaise.
Sea from shore est un vrai bol d'air pur ! Profitez en, c'est le printemps.
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