Claude François disparaît le 11 mars 1978, ça fait trente ans qu’il est mort et autant de temps que sa renommée est soigneusement entretenue par des rediffusions incessantes, ses films de famille, sa mégalomanie analysée. Et on entendrait presque l’inénarrable et épuisant Michel Drucker faire son petit commentaire sur son "ami" Claude.


A croire qu’en trente ans, la télévision n’a pas tellement changé. Mort à 39 ans, Claude François est toujours le sautillant chanteur à la voix nasillarde, entouré de filles en short. Ringard peut-être, sexy sans être vulgaire… mouais l’idée de la femme comme gentil agrément, tout de même…

Alors l’idée, qui n’est pas très originale était de faire chanter les chansons de Calude Frnçois à quelques figures de la nouvelle chanson scène française… si possible des jeunes gens à peine nés à la mort du chanteur à paillettes. Le disque Autrement dit est un hommage au chanteur de "Magnolia for ever" et réunit : Jeanne Cherhal, Adanowsky, Jérémie Kisling, Vincent Baguian , Alexis HK, Aldebert, AS Dragon ( tiens ?!) , Adrienne Pauly , Dominique Fidanza, Elodie Frégé, Brisa Roché, Seb Martel , La Grande Sophie, Axelle Renoir, Clarika, Elisa Tovati, Elli Medeiros ( Ah ?!). Et Alain Chamfort en sa qualité d’ancien collaborateur.

Et tournant le dos au disco, la plupart s’est plue à reprendre des chansons peu connues comme "Geordie", "Miss Felicity Gray", "Au coin de mes rêves"…

C’est l’occasion de (re)découvrir des chansons impeccablement écrites, qui balaient le large éventail des possibles : la peinture sociale, l’absurde, la nostalgie, la douleur de vivre. C’est pas follement gai et entraînant. Les prestations de chacun sur une orchestration dépouillée sont des exercices d’interprétation.

Justes, elles manquent cependant de fantaisie, il n’y a pas le signe d’une appropriation singulière. La dérision affleure sans aller bien loin. Seule Elli Medeiros arrive à nous faire voyager avec "Comme d’habitude", qu’elle récite, d’une voix mouillée, presque saoule, on croit voir Susan perdue dans Manhattan. Elle relève le challenge d’une reprise de "my way" qui fera date.

Les autres se livrent à des travaux pratiques. Qu’on aimerait entendre quelques sales gosses, qui dynamiteraient l’ensemble un peu propret : la voix trouble d’Arthur H, celle stridente d’un Didier Wampas . Imaginons une seconde Camille dans l’exercice.

Et quoi ? un échantillon de la scène française sans les artistes issus de l’immigration comme s’ils n’avaient pas biberonné le Cloclo comme les autres. Claude François né en Egypte n’aurait –il pas approuvé qu’on ouvre davantage la sélection ?

Alors je vous laisse méditer sur ce qu’aurait pu être le disque hommage et sur la vision étriquée, corsetée qu’on nous livre de la nouvelle scène française ; moi je préfère retourner me déhancher sur "Alexandrie, Alexandra" …