Le Musée Marmottan Monet, dédié à l'oeuvre de Claude Monet, propose, pour ce printemps 2008, un voyage à Giverny. Mais pas un voyage touristique et horticole dans la maison de Monet sise à Giverny, lieu mythique de l'impressionnisme mais un voyage pictural et temporel dont cette dernière serait la première étape.
En effet, avec "Voyage à Giverny - De Monet à Joan Mitchell", le Musée Marmottan Monet accueille une exposition conçue en collaboration avec le Colombus Museum of Art.
A ce titre, elle clôt l'histoire de Giverny dont la genèse avait été retracée avec l'exposition "Giverny impressionniste, une colonie d'artistes" qui s'était tenue au Musée d'Art Américain de Giverny.
Par ailleurs, par la mise en résonance des oeuvres contemporaines avec celles de Monet, elle permet de constater la modernité de celui -ci et son héritage dans l'histoire de l'art.
Giverny, Monet et une colonie d'artistes
De 1885 à 1915, en pleine vogue du pleinairisme, une véritable colonie d'artistes s'est implantée à Giverny, notamment composée d'américains.
Avec ses couleurs intenses, ses jeux de lumière et ses effets d'atmosphères, l'impressionnisme américain fut fortement influencée par Monet avant de connaître une évolution chronologique, stylistique et thématique.
Représentation des jardins ("Jardin à Giverny" de John Leslie Beck, "L'entrée du jardin" de Théodore Butler) mais aussi idéalisation avec des sous-bois ('Ruisseau sous les peupliers" de Lila Cabot Perry) ou des bords de Seine ("Sur la Seine" de Théodore Butler) inexistants à Giverny.
Influence, inspiration mais novation avec l'introduction de figures féminines dans les paysages puis leur présence prégnante dans des scènes familières, voire intimes, dans un univers de villégiature bourgeoise avec Karl Anderson ("Les oisifs"), Frederick Friesecke ("L'ombrelle au jardin"), Theodore Robinson ("Près du ruisseau").
Giverny, Monet et l'impressionisme contemporain
Dans les années 50, à l'instar du voyage en Italie au 18ème siècle, le voyage en France, et la résidence à Giverny, était inscrite au titre des humanités incontournables, notamment pour les artistes américains.
Les deux oeuvres exposées de Joan Mitchell, qui utilise les techniques de l'expressionnisme abstrait, "Rivière" qui a été retenue pour l'affiche de l'exposition et "Heel, sit, stay" attestent de la filiation avec Monet et plus précisément avec ses oeuvres tardives qui privilégient le mouvement.
La densité des bleus et des verts giverniens éblouit Ellsworth Kelly et lui inspirera un "Tableau vert" vibrant et les couleurs se sont pixellisées pour Yeardley Leonard.
Le jardin dans sa globalité inspire les encres d'Eric Wolf qui synthétise l'essence du jardin en une icône japonisante ou les phoorgraphies saturées de Miranda Liechstenstein.
"Water lilies", les huiles en diptyque de Mark Tansey transpose l'univers givernien dans un monochrome énigmatique, d'une part, le ciel dans l'eau calme, qui erflète l'image d'un homme barbu, à la Monet, qui actionne la roue d'une écluse et à droite et l'eau tourbillonnante qui arrache la digue.
Primauté de la végétation pour les plantes macromoléculaires d'Alexander Ross et de Steve Dibenedetto ou des reflets pour Cameron Martin et Dan Hays traités de manière radicalement différentes.
Quand à Will Cotton il retrouve les émotions bucoliques dans son assiette à dessert avec ce jubilatoire "Flanpond", joli clin d'oeil à Monet amoureux de la grande cuisine !
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