En 2008, année anniversaire du cinquantenaire de sa mort, le Musée du Luxembourg consacre une grande exposition monographique consacrée aux oeuvres de jeunesse Maurice de Vlaminck.
En effet, sous le commissariat de Maïthé Vallès-Bled, directrice du Musée de Lodève, spécialiste de l'œuvre de Vlaminck dont elle prépare un catalogue raisonné, "Vlaminck, un instinct fauve" propose de découvrir les toiles peintes entre 1900 et 1915 qu'elle rattache à ses deux premières périodes, la période fauve puis la période cézanienne.
Cette exposition permet également de prendre la mesure du registre de Vlaminck qui ne peint pas que des paysages mais également des portraits et des natures mortes.
Hubert Le Gall a réalisé une scénographie très sobre en gris et blanc, ponctuée de cimaises d'un jaune lumineux et parsemées de courts extraits de textes de Vlaminck, réussissant un agencement fonctionnel compte tenu du nombre important d'oeuvres présentées.
A noter la présentation originale et judicieuse, dans la tranche des cimaises, des objets de l'ancienne collection Vlaminck, qui fut le premier à découvrir et à collectionner l’art africain et océanien, et des assiettes et vases qu'il créa, de 1906 à 1912, dans l'atelier d'Asnières, avec le céramiste André Matthey.
Impressions violentes d'un fauve de Chatou
Au Salon des Indépendants de 1908, Guillaume Apollinaire, son ami vésigondin, écrit : "M. de Vlaminck a un sens flamand de la joie .La peinture est pour lui une autre kermesse. Tout lui rit. On découvre maintenant en lui un goût d’exotisme qu'il semble avoir pris dans certaines baraques des fêtes foraines? Cela n'est pas sans saveur".
Et pour l’exposition personnel de Vlaminck, organisée en 1910 par le marchand d’art et collectionneur Vollard, il indique "sa vision est large, puissante ; sa facture sobre et intensive laisse aux lignes toute leur liberté, aux volumes tout leur relief, aux couleurs toute leur liberté, toute leur beauté."
Autodidacte mais pas sans influences, Vlaminck est un peintre instinctif qui à partir de son univers pictural, une palette vive de couleurs pures et un ample geste spontané, saisit l'intensité émotionnelle ressentie. Celui qui de décrit à l'époque comme "un barbare tendre et plein de violence" devient un fauve qui croque à belles dents les paysages qui l'entourent.
Des paysages éclatants de vie, de lumière et de sensualité, aux rouges incandescents, ("Paysage d'automne"), aux jaunes ardents ("Le verger") et des appariements audacieux de bleus et de verts saturés ("Les péniches à Chatou").
Mais aussi des portraits saisissants de personnes du peuple ("Sur le zinc" "Fille du rat mort"), "des portraits vrais comme des paysages vivants, des paysages humains tristes ou beaux, avec toutes leurs tares, leur grâce indigeste ou crasseuse", des portraits expressionnistes en résonance avec "La pierreuse" de Picasso ou les portraits de Rouault tel "L'ivrognesse"
Tentations cézaniennes d'un fauve assagi
Avec la découverte de Cézanne, Vlaminck délaisse la pulsion picturale pour l’exploration. Le geste spontané ignorant la forme se discipline pour expérimenter les volumes et l'ombre.
Si les natures mortes de 1909 sont encore lumineuses, les paysages s'assombrissent.
Vlaminck travaille dans la récurrence. Il décline à l'envi les villages de bord de Seine ("Village sur la rivière") et les paysages urbains dans lesquels les toits donnent l'occasion d'user encore du rouge mais un rouge brique ("Les toits rouges").
En 1911, Apollinaire écrit : "Vieux fauve il gache son tempérament à peindre des cartes de visite. C'est un crime".
L'incendie chromatique s'éteint progressivement, la palette s'assourdit et les variations pré-cubistes en resteront à leurs prémisses.
Des prémisses parfois prometteuses comme "Paysage urbain" de 1909 et "Vins et liqueurs" de 1910,
Et puis, au fil de la visite, à chacun de découvrir des toiles étonnantes qui se démarquent nettement telles "Fleurs. Symphonie en couleurs" datant de 1905 ou "Les coteaux à Malmaison" de 1907. |