Que peut on attendre de quelqu' un dont on n'attendait rien ? Deux réponses s'imposent : rien ou bien l'impossible.
Il en est ainsi pour Phoebe Killdeer, jeune chanteuse que nous connaissons essentiellement, pour ne pas dire exclusivement, comme chanteuse du groupe Nouvelle Vague.
Nouvelle Vague c'est le groupe de Marc Collin et Olivier Libaux dont le concept aussi ingénieux qu'original consiste à reprendre sous forme de bossa nova (essentiellement) les tubes les plus emblématiques des années 80 (vous comprenez sans doute mieux le nom du groupe).Marché conquis d'avance chez le trentenaire et plus lassé des soirées gloubiboulga soucieux de mêler élégamment tendance et bobo attitude avec son côté rebelle fan de Joy Division.
Mais que ce soit dit une fois pour toute, Weather's coming n'a rien à voir avec une quelconque new wave.
Car sur cet album que l'on devine très personnel et mûrement réfléchi, Phoebe Killdeer est bien loin de la Bossa. Avec son groupe,les Short Straws, elle livre un rock sombre inspiré de jazz et de country mêlant avec un grand naturel la noirceur de Tom Waits et le groupe de Bjork.
Alors bien sur on pense aussi et surtout a Elysian Fields notamment sur le très sensuel "Liquorices skies" pour cette voix captivante et chaude joliment mise en valeur par une musique sans faute tout autant que périlleuse jouant avec le danger par la présence de quelques saxophones délicats à faire pâlir d'envie tous les détectives privés américains.
Mais les ambiances feutrées ne sont pas seules à avoir droit de cité sur ce disque."Paranoïa", tendu et nerveux ouvre l'album brillamment pour laisser place aux sourdines non moins inquiétantes de "He's gone" sur lequel on prend rapidement conscience que la voix de Phoebe Killdeer est étonnante, captivante et pleine de ressources. Tantôt charmeuse enveloppés d'ambiances chaudes et jazzy ("Big fight") et tantôt intriguante en rockeuse sur un ton plus dur et froid ("Never tell a lie") elle nous balade au gré de ses humeurs et de ses envies.
Son groupe impeccable alterne également remarquablement les ambiances jazz et rock, entre guitares abondantes, cuivres chaleureux et bruits d'ambiance aussi zen qu'angoissants ("He's late").
"Somebody" qui termine le disque sur les seules notes de sa voix nue, telle une Bjork élevée en amérique finie de nous charmer sur ce premier album remarquable qui devrait compter parmi les belles découvertes de l'année.
Seule ombre au tableau : Weather's coming ne dure que 34 minutes, de quoi user votre touche repeat car il sera bien difficile de sortir de l'univers musical de Phoebe.
Une raison supplémentaire d'aller voir la demoiselle sur scène pour un show non seulement 2 fois plus long mais en plus tout aussi intense. |