Le nouveau casino a mis ses habits rouges ce soir et lorsqu'on rentre dans la salle ce mercredi soir, il règne une drôle d'atmosphère avec ces lumières rouges qui flottent tout autour de nous. Aux platines, installées pour l'occasion à la porte des loges, Phoebe Killdeer et ses musiciens se relaient pour nous passer quelques nuggets bien choisis. On est bien, un peu comme chez soi finalement en dehors du fait qu'on ne mettrait jamais autant de cette affreuse lumière rouge chez soi, bref.
Et puis arrive l'heure de la première partie dans une salle assez bien remplie déjà, ce qui laisse présager une soirée plutôt réussie.
Red entre donc en scène, seul. Ce français qui visite le blues et la musique américaine au fil de ses albums et de ses collaborations (Thomas Belhom, Laetitia Shériff ...) branche sa clé usb / lecteur mp3 et accompagné de cet orchestre aussi virtuel que facétieux tentera de secouer un peu le public. Mais, malgré le jeu de lumières remarquables mettant vraiment le musicien en scène, malgré ses gesticulations et sa rock attitude sincère, la sauce aura du mal à prendre et la distance avec le public bien difficile à combler. On attendait peut-être trop, ce qui n'empêchera pas, au contraire de replonger dans sa discographie.
Qu'à cela ne tienne, tant pis pour le bonus, il reste à espérer que Phoebe Killdeer et son groupe, The Short Straws, tiendront les promesses faites ça et là, concernant leur puissance de feu sur scène.
Sans suspens aucun, la réponse est oui. Sur scène, les compositions de l'album déjà remarquables prennent une toute autre dimension. Les trois musiciens qui entourent Phoebe sont d'ailleurs pour beaucoup dans la qualité du set. Batterie, basse et guitares, sont maniées non seulement avec inspiration et dextérité mais également avec une énergie et une présence scénique impressionnante.
Les déhanchements du guitariste n'ayant d'égal que l'attitude de méchant du bassiste derrière ses lunettes noires, dont la prestation au triangle montre que si le groupe prend le concert très au sérieux, il n'en est pas moins exempt d'humour.
De l'humour et de l'énergie, ce n'est pas non plus ce qui manque à Phoebe Killdeer. Son arrivée presque timide sur scène laisse vite place à une chanteuse très à l'aise et au charisme rare qui, ajouté à l'énergie déployée sans compter, n'est pas sans rappeler les performances scéniques d'un autre australien en la personne de Nick Cave.
Toujours un instrument un peu exotique à la main (percussions en tout genre), Phoebe alterne les titres de son album Weather's Coming avec des chansons encore inédites. Comme elle le souligne avec humour, avec un seul album de 34 minutes à son actif, il fallait trouver une solution pour faire une heure de show : soit chanter moins vite, soit proposer d'autres compositions. Elle a donc fait le second choix, et heureusement pour nous, ces chansons ne sont pas que du remplissage mais sont largement à la hauteur de celles contenues sur l'album.
Quelques blagues avec le public, de petites mises en scène amusantes (notamment sur le très charmant "Light that Match" sur lequel elle s'amuse avec des allumettes et improvise un peu lorsqu'elles s'éteignent trop tôt).
Tube de l'album, "Paranoia" lancera définitivement le concert en arrivant très tôt dans la setlist. Nos craintes que le concert ne retombe en puissance ensuite se dissipent très vite après "Jack", "Looking for a Man" ou encore "How far" tout aussi remarquables.
Allant crescendo, le concert atteindra des sommets d'intensité sur "Never tell a lie", titre nerveux et froid sur le disque qui prend en live toute sa puissance rock. Le groupe déchainé reviendra néanmoins pour un ultime rappel avant de quitter définitivement la scène. Concert trop court malgré la rallonge de titres promise mais un concert intense et électrisant à la joie communicative en plus d'une musique puissante et diablement rock'n'roll !
Phoebe Killdeer and the Short Straws sont définitivement à voir sur scène. Ne vous privez donc pas de leur passage dans votre ville, notamment à l'occasion du Printemps de Bourges et du Festival Les Femmes s'en Mêlent ! |