San Francisco, 1969 : la fête est finie, l’atterrissage brutal, le petit monde de Haight-Asbury se reconnecte à la réalité avec son lot d’illusions perdues et une colossale gueule de bois en prime.

Groupe phare de la scène hippie, le Grateful Dead sent le vent tourner et abandonne à ses junkies le mythique quartier de ses débuts pour préparer au calme la suite des opérations : le temps est désormais venu de passer à autre chose. A l’instar de Jorma Kaukonen replongeant dans les racines musicales de son pays avec Hot Tuna, Jerry et les siens effectuent retour aux sources en 1970 avec "Workingmen Dead" suivi de leur chef d’œuvre absolu "American Beauty" après avoir brillamment clot les années hippies sur "Live/Dead".

Virage affectant également les projets parallèles de Jerry Garcia, lequel accompagne à cette époque en concert (à la pedal steel) un de ses amis, John Dawson, musicien issu de la scène folk avant d’être rejoints par un autre guitariste (David Nelson) et par une partie de la section rythmique du Dead (Phil Lesh à la basse et Mickey Hart à la batterie) : les New Riders Of The Purple Sage sont nés.

Après deux longues années de tournée avec le Grateful Dead, le groupe vole à présent de ses propres ailes après quelques changements de personnel : Dave Torbert (basse) et Spencer Dryden (ancien batteur du Jefferson Airplane) ont déchargés scéniquement les musiciens du Dead de leurs responsabilités.

C’est donc en toute logique qu’un premier album produit par Phil Lesh voit le jour en 1971, composé de dix titres signés du seul John Dawson. Les classiques du genre se ramassent à la pelle : "I Don’t Know You", "Lousiana Lady", "Glendale Train" ou encore "Dirty Business" avec Mickey Hart aux percussions et Commander Cody au piano.

A l’album original, s’ajoutent sur cette réédition trois titres captés lors de la fermeture du Fillmore West de Bill Graham (juillet 1971) dont une reprise de "Down In The Boondocks" de Joe South et de "The Weight" du Band.

Un chef d’œuvre absolu à ranger entre "Workingmen Dead" et "American Beauty" (ça ne s’invente pas) et dont on espère qu’il accèdera enfin à la place qui est la sienne dans l’histoire grâce à cet éclairage nouveau.