Bien que son premier album Real Life ait été distingué unanimement par les critiques du monde entier, Joan Wasser, plus connue sous le nom de Joan as Policewoman montre une certaine sérénité, à la veille de la sortie d’un second album on ne peut plus attendu, To Survive, qui sort en juin des deux côtés de l’Atlantique.
Diplômée du conservatoire, elle officia tout d’abord dans des groupes punks, et c’est ce genre d’émotion brute qui vient irriguer ses textes, émotion qui s’associe à une sensibilité exacerbée et resplendissante dans les mélodies. Le second album de Joan s’inscrit dans la continuité du premier, qui irradiait d’intelligence et de mélancolie. Il se distingue lui-même de façon notable par l’émotion brute qui s’en dégage.
La majeure partie de To Survive a été écrite alors que sa mère était en train de se battre contre le cancer qui l’emporta l’année dernière. Canalisant la douleur de la perte, l’album se resserre sur Joan, son jeu pianistique et sa voix. Les guitares sont reléguées à l’arrière plan et les accroches pop s’incorporent sans accroc à la ligne mélodique particulière. "C’était devenu une obsession de soustraire un maximum de choses pour ne laisser que les éléments absolument nécessaires", s’explique Wasser. "J’ai gagné en cohérence, en sincérité et en subtilité. Il était question d’être assez courageuse pour ressentir et exprimer autant que possible tout ce qui me submergeait. En toute honnêteté".
Nous avons recueilli les impressions de cette artiste extrêmement talentueuse qu’est Joan Wasser ou Joan as Policewoman, lors d’un court entretien. Nous lui avons demandé comment elle avait vécu les années qui ont suivi son premier album.
En quoi votre nouvel album fait la preuve d’une nouvelle étape dans votre travail ?
Joan Wasser : Mon album s’inscrit dans la continuité de Real Life, j’ai cherché à aller encore plus profond dans les émotions, je veux accéder au maximum d’honnêteté dont je suis capable, m’en servir pour la transformer en une matière qui fasse sens musicalement.
Est-ce que vous avez changé de méthode pour écrire votre second album ?
Joan Wasser : Et bien, l’album a été écrit principalement sur la route pendant la tournée du premier album. Ma mère était en train de mourir, sa mort a certainement pesé sur son évolution.
Est-ce que vous avez changé votre rapport à la musique au cours de ces années ?
Joan Wasser : La musique est toujours dans le fond une bête instinctive et ces pulsions, je ne cherche pas à les juger trop durement parce que je veux qu’elles continuent à s’exprimer à travers moi, sans le moindre obstacle, c’est-à-dire que j’apprends à ne pas les censurer, ni à leur porter de jugement.
Avez-vous été surprise par le formidable accueil de la presse envers votre premier album ou avez-vous toujours été sûre de vous ?
Joan Wasser : Ce dont j’étais sûre, c’était d’être contente de l’album. Après sa sortie, c’est comme s’il ne m’appartenait plus, je me rappelais seulement que, quelles que soient les réactions qu’il suscitait, ça restait un travail dont je pouvais être fière. Le fait que d’autres personnes l’apprécient me fait croire que je ne suis pas si marginale, je suppose, si à part, de façon générale, ce qui par le passé m’aurait sans doute terrifiée, mais qui, aujourd’hui, me donne plutôt de l’espoir.
Est-ce que vous pensez que vous êtes inspirée par l’endroit où vous vivez ?
Joan Wasser : Je suis inspirée par le fait de vivre à New York où chacun peut trouver tout ce dont il a envie, et même ce qu’il ne cherche pas ! Je vis à Brooklyn et si tu circules autour, en voiture, pendant une heure, tu traverses une centaine de communautés, de nationalités, de cultures différentes ainsi que leurs festivals, leurs particularités alimentaires, leurs habitudes. C’est l’endroit le plus stimulant du monde.
Si on vous offre la possibilité d’emmener avec vous, trois albums sur une île déserte, lesquels prendriez-vous ?
Joan Wasser : Parade - Prince,
Sibelius - Symphony No 5 and 6 et
Entertainment - Gang of four
Quelles sont vos chansons préférées sur votre album To Survive et pouvez-vous l’expliquer?
Joan Wasser : "To be lonely" et "To survive". ("To survive" s’inspire d’une berceuse que sa mère lui chantait quand elle était enfant pour chasser la peur persistante qu’elle avait d’être brûlée vive à un poteau). C’est toujours ce que je ressens parfois et je ne cherche pas à l’évacuer, à verser de l’eau sur cette impression. Pourquoi le ferais-je ? Tout ce que je fais vient du cœur.
Vous faites un duo avec Rufus Wainwright sur le dernier morceau "To America", pensiez-vous déjà à lui lorsque vous l’avez composé, et comment vous est venue l’idée d’écrire pour une voix si unique et charismatique ?
Joan Wasser : Oui, je pensais à lui quand j’écrivais la chanson. J’ai fait partie de sa formation pendant quelques années et il m’a poussé à utiliser ma voix de façon très différente. Travailler avec Rufus était comme deux heures et demi d’exercices physiques. Vraiment intensif. Alors quand j’ai écrit "To America", je l’ai écrite dans une tonalité plus haute pour le pousser à atteindre le son que je voulais.
Comment vivez-vous la scène? Est-ce que ça vous rend nerveuse ?
Joan Wasser : J’essaie d’être aussi calme que possible. Ceci dit, s’il y a un ami cher dans la public, je serai probablement un petit plus nerveuse. J’essaie de ne pas penser à ça. Penser est un bien grand mot ! |