C’est le début du festival, il fait beau dehors, alors, il y a quelques flâneurs à la terrasse de la Maroquinerie, qui en oublieraient presque que trois groupes jouent ce soir, au sous-sol. L’affiche est aux deux tiers françaises : Poney Express et Les France Cartigny et, suédoise pour le troisième tiers avec The Concretes.
Le public ne remplit pas encore complètement la salle, que les Poney Express commencent. Formé par Ana (ex-Tétard) et Robin (de Louise Attaque), Poney Express n’en est pas moins un jeune groupe qui présente ses toutes jeunes compositions.
Accompagnés d’une violioniste et d’un batteur qui cultive sa ressemblance avec Bob Dylan : chapeau de cow-boy et visage anguleux, Ana et Robin cherchent encore la formule. Robin la voudrait plus punk ; ne se déguise-t-il pas en Pete Doherty avec sa cravate fine et son chapeau noir. Et dès qu’il peut, il fonce sur l’intro de "Blister in the sun" des Violent Femmes. Ana, dans sa chemise à carreaux et sa frange sage la voudrait plus chanson française avec sa voix à la Emily Loizeau. On ne sait trop sur quel pied danser.
Quand les France Cartigny entrent en scène, l’ambiance tourne résolument vers le rock, avec France debout à la batterie entre ses deux escogriffes Sylvain Cartigny et Daniel Roux.
Montée sur ressort, elle présente son nouveau disque : Les Meilleurs, avec quelques incursions dans le passé. Quelle énergie et quel culot chez cette femme. Sur un titre comme "Un Jour J", on se rappelle Brigitte Fontaine lorsqu’elle criait "Je suis conne". Même si elles ont des écritures différentes, quelque chose se passe. France Cartigny nous hameçonne par ses chansons, la chair est triste hélas et la vie est cruelle. On ressent une véritable prise de risque et la présence d’une artiste, celle qui nous surprend par un mot, une phrase, une mélodie.
Et tout ça avec humour. Si elle dit "Ah la condition féminine…", elle ajoute "les femmes sans mail … même pas internet ! Les femmes !". L’air de rien. Et ça m’a fait rire, tellement c’est futé. Son album Les Meilleurs mérite qu’on y fasse un tour : allez écouter "Mister Eastwood", il vous sera devenu indispensable de connaître davantage cette artiste singulière. A regret, France Cartigny laisse place, pour le dernier groupe : The Concretes.
The Concretes sont venus de Suède, formation de près d’une dizaine de personnes dont une avec le poignet en vrac.
Originairement portés par Victoria Bergsmann, ils ont su trouver un nouveau souffle grâce au charisme de Lisa Milberg.
Juste et précise, cette longue fille blonde installe une atmosphère de sensualité. Habillée d’une longue chemise rouge, sur des collants noirs, elle me fait penser à Debbie Harry (Blondie) ; elles ont la capacité de pouvoir tout porter sans qu’il y ait une faute de goût.
Jouant avec humour son rôle de poupée, elle mena en maître le chant sur des rythmes efficaces. "That’s for the song". Tout est dit, n’est-ce pas ? |