Quand je suis rentrée au Bataclan le dimanche 8 décembre , je
ne savais pas grand chose de Ryan Adams … enfin suffisamment pour ne pas
confondre sa musique avec celle de son aîné homonyme canadien ,
le minimum pour ne pas me faire virer de la salle en criant… Brian !!!
Passés les premiers moments d’étonnement de voir la salle
complète installée de fauteuils en velours rouge, comme pour une
pièce de théâtre…la scène s’éclaire.!
Ovation déjà !!! Ryan est là ! Look rimbaldien limite albatorien
la mèche sur l’œil. Et là … le Ryan il cause.
Il est fasciné par l’Europe et ça se sent. Entre chaque
titre de cette première partie acoustique , seul sur scène avec
sa guitare, il raconte, chante. Des anecdotes, sa vie, les gens. Sympa, déconneur,
charriant les américains, ravi d’être de passage dans la
vieille Europe…envie de s’y installer. Je ne comprends pas tout,
j’me dis qu’il va falloir que je révise mon anglais pour
la prochaine fois !!!
Il est chez lui Ryan, comme à la maison, le cousin d’Amérique,
le frangin pour une heure de convivialité musicale. J’aime bien.
Je me demande quand même s’il n’a pas oublié guitares
électriques et ampli…J’en suis là …quand …changement
de décor après un entre-acte de dix minutes ( histoire pour les
soiffards déjà en manque d’aller s’ingurgiter quelques
bières ) .
Ambiance gothique sur un côté de la scène, piano à
queue noir, chandeliers, bougies, énorme bouquet de roses jaunes par
terre . Une violoncelliste et une violoniste dans la pénombre. De l’autre
côté sous un spot rouge…y’a un ampli !!! YESSSS….ça
va donner ! Et ça donne…Ryan passe du piano à la guitare…
électrique , acoustique…de l’ombre à la lumière
rouge…et on s’en prend pour presque deux heures. Plein les yeux,
les oreilles. Grands moments de romantisme torturé, spleen…Ryan
au piano…on en redemande…morceaux de folie à la guitare …fast
and furious…la salle exulte. Il nous entraîne dans son univers…et
on le suit. Plus les morceaux s’enchaînent, plus il est génial
Ryan…c’est vrai que ce qu’il boit à même la bouteille
entre chaque morceau et… même pendant, ce n’est sûrement
pas de la flotte…Pas grave !
Je comprends maintenant pourquoi les fauteuils, c’est pas un concert
ordinaire…mais un spectacle minutieusement mis en scène. Rien ne
manque , ni les volutes de fumée des clopes qu’il coince entre
les cordes sur le manche de la guitare, ni les confettis qu’il sort de
sa poche et qu’il jette au dessus de sa tête sans arrêter
de jouer, ni les roses qu’il lance dans la salle.
Sur ces presque trois heures on a balayé quasiment toute son œuvre
: Heartbreaker, Gold, Démolition…et quelques reprises clin d’œil
avec entre autre le légendaire Brown Sugar.
Rappelez-moi l’âge du garçon ?…26 ans …pas mal.
Plus grand chose à envier à ceux auxquels on le compare…
Bob Dylan , Neil Young…issu du blues comme eux, il a, de par son écriture
de la musique et des textes réussi à s’en démarquer.
Plaisir intégral. |