La première partie est assurée par Diagonale Stable,
projet en duo qui a beaucoup convaincu. Sur la scène assis face à
face et devant un tas d'instruments hétérogènes les membres
de Diagonale Stable prennent place. A gauche Benoit Richaud s'occupe
de la partie concrète autour d'une guitare posée sur la table
et manipulée selon des moyens peu conventionnels. A droite Cyril
Lanoe est plus centré sur l'instrumentation électronique
matérielle autour de bandes analogiques, d'oscillateurs et de micros
contacts qui forment aussi bien des nappes plus ou moins bruitistes que des
mélodies organiques minimalistes.
La prestation sera très variée en se concentrant pour ses parties
les plus fascinantes sur un minimalisme forcené totalement et étonnamment
accessible et impressionniste.
Il est alors temps de voir s'installer sur scène le collectif canadien Shalabi Effect. Description des lieus : Will Eizlini assis à gauche s'occupe des percussions atypiques et de manipulations de boucles de samples, Sam Shalabi prend en main un oud et est entouré de tout un attirail électronique ou pas, un colosse aux cheveux blancs Anthony Seck est à la guitare ou sur son Moog suivant les titres, et enfin Alexandre St-Onge alterne lui aussi entre un laptop bruitiste et sa contrebasse.
Ils se décrivent comme créateur d'une "musique psychédélique comme processus d'exploration mentale, spirituelle et physique et non pas comme un style", association de mots qui retranscrit assez fidèlement ce qui prend forme sous nos yeux et dans nos oreilles. Le plus étonnant reste cette confrontation de cultures via des sonorités aussi bien orientales qu’issues d’un blues américain dissous ou encore d’un jazz suggestif où envolées berbères et barbelesques trouvent leurs places, on pense ainsi aussi bien à John Zorn qu'à Pink Floyd. La contrebasse est magnifique de gravité et définit à elle seule la structure de certains des morceaux, les riffs progressifs de la guitare participent ensuite à l'élaboration de ces improbables cathédrales. La découverte des prestations du groupe est assez intéressante et sort de la sphère de l'improvisation pour donner un nouveau décor musical ample, contemplatif, luxuriant, ouvert, hétérogène et vivant.
On note qu'à l'instar de la salle d'avant garde Tonic à New York, les Instants Chavirés est le seul endroit à développer une programmation aventureuse et atypique qui peut permettre à ce genre de formation de rencontrer son public. Par conséquent bravo aussi à eux.