Un disque traine sur mon étagère depuis un bon moment déjà. Injustement rangé dans son boitier, le disque ne demandait qu’à être libéré de sa prison de plastique. Avec une pochette collage très design-art, The Fortune Teller Said, le deuxième album des ex-grenoblois devenus fer de lance d’une power pop à la française … mais en anglais, est déjà sorti depuis quelques mois. Mais s’il vaut mieux tôt que tard, mieux vaut tard que jamais…
L’affaire est maintenant entendue. A la toute fin du siècle dernier, trois grenoblois montaient un groupe. Aurélien au chant/guitare, Simon à la batterie et Laura à la basse, formaient un trio power pop ayant écouté et assimilé la musique de leurs ainés anglo-saxons.
Il y a quelques mois sortait le successeur de Sad Disco, premier album qui avait séduit en proposant une pop accrocheuse et mélodique.
Ce deuxième opus, forcément casse-gueule, était attendu. Mais dans la continuité du précédent, celui-ci enfonce le clou et montre une maturité accrue.
Forcené de la scène, Rhesus a arpenté inlassablement les salles de concert de l’hexagone et de nos voisins frontaliers. Une expérience accumulée et un son que l’on retrouve sur cet album. Mis en boite immédiatement après leur dernière tournée, l’énergie live est assurément conservée. Et tout cela donne un nouveau disque au son plus direct et sans fioritures, destiné sans aucun doute à être défendu sur scène.
De plus, une grande attention portée aux mélodies en fait un album accrocheur par excellence. La basse au son bien rond, mais à la mise en place carrée, est mise en avant et se laisse guider par une batterie à la frappe franche.
Et à l’instar de ce qui ce fait chez nos voisins belges, qui n’ont pas comme nous l’obsession de la langue française, le chant se fait forcément dans la langue des Beatles.
Porteur de tubes en puissance que l’on a déjà commencé à entendre sur les ondes, The Fortune Teller Said distille une pop énergétique mais également des ballades plus intimes. "Hey Darling" ou "No Directions", calibrés pour cartonner, font dans l’efficacité tandis que "Little Things" pop mi-tempo s’ouvre sur des arpèges qui chatouillent l’oreille. De gentilles guitares saturées soutiennent "I Suppose" tandis que la noirceur somme toute relative de "Will You Follow Me Out" brise un peu l’uniformité du style.
Délaissant un peu les instruments électriques habituels, "A Shelter" se joue sur fond de boite à rythme cliquetis, des cuivres font leur apparition sur "Someday" et "Berlin" se raconte même au son du ukulélé. Puis la guitare acoustique de "Together" ajoute une petite pointe folk tandis qu’un synthé survivant d’une époque eighties heureusement révolue sévit sur "In A Car".
Enfin, l’album se clôture doucereusement avec "I Still Think Of You (Sometimes)" au chant joliment souligné par la voix féminine de la bassiste, qui monte en puissance pour parfaire l’ensemble sur une note énergique.
The Fortune Teller Said fait dans la simplicité et dans l’efficacité. Du power pop rondement mené, sans réelle grande surprise mais très bien fait. Rhesus se révèle décomplexé, sûr de sa force musicale et n’a pas à rougir face à la pop anglaise. Un album au son et à l’énergie pratiquement live à justement aller écouter sur scène. |