A l'occasion du Festival Le Printemps de Bourges, Mark et Morgane sont en interview groupée avant leur concert.
Si on présente votre album et ses nombreux titres, est-ce que l’on peut dire que c’est l’aboutissement d’une première phase ? Est-ce en quelque sorte un "best-of" de ce que vous avez fait jusqu’à présent ?
Mark : Oui, je pense que c’est l’aboutissement. C’est un peu cliché de dire que ce premier album est le résumé de 22 années de ma vie, mais c’est vrai. C’est un peu les "best-of" de ces moments de ma vie, c'est-à-dire que les 12 chansons qui ont été prises, ce sont les 12 moments clés de mon histoire, en tout cas…
Ensuite Morgane est arrivée, le duo s’est formé. Les 12 moments clés ont été choisis parmi une centaine de chansons. Pour cet album là, il y en avait je crois 60. Le truc, c’est de choisir uniquement musicalement et au niveau des paroles : il faut que les morceaux soient cohérents entre eux et que ces 12 moments clés aillent bien ensemble. Je crois qu’avec ces 12 morceaux de l’album, on balaie bien de l’enfance à l’adolescence, en passant par le début de l’âge adulte, et puis "Vultures", la deuxième chanson est la dernière que j’ai écrite pendant l'enregistrement de l’album.
C’est sûr qu’un album est l’aboutissement de quelque chose et surtout le début d’autre chose. A mon avis, ce qui va être dur maintenant, c’est de donner suite à cet album. J’ai commencé à composer d’autres choses, Morgane aussi je pense. On ne se parle pas trop là-dessus, c’est quand même quelque chose d’assez intime, on n'ose pas trop demander où en en est. J’ai peur de la stresser, de mettre la pression puisque pour elle, ça va être la première fois qu'elle participe. Pour moi, cela va être plutôt pas de me surpasser, ce serait prétentieux, ce serait dire que sur le premier, j’étais excellent. Cela serait surtout d’arriver à être cohérent une deuxième fois.
Le truc, c’est de trouver une continuité dans ce style pop-folk doux… Plein de gens nous demandent : "vous allez mettre des batteries, des trucs, des sons, etc.". Il va peut-être y avoir des trucs qui vont changer sur un morceau ou deux, des invités, du hip-hop des choses comme ça : Cocorosie, ce serait mortel… Mais voilà, peut-être qu’au bout d’un moment, il faut aussi accepter le fait que l'on est fait pour faire de la musique douce, nos voix sont faites pour ce genre de musique, nos doigts aussi et que l'on est nul pour faire autre chose. Enfin moi en tout cas. Morgane est peut-être plus douée pour être choriste pour d’autres gens et d’autres genres, elle l’a été sur plusieurs albums.
Morgane : Oui on verra (rires). C’est vrai qu’on ne s’en parle pas trop mais ce que je fais est un peu moins folk mais cela reste très doux…
Mark : Morgane a été plus influencée par des groupes comme Archive ou Radiohead. Moi, plus par des choses plus acoustiques, beaucoup plus de la "terre" comme Dylan, Johnny Cash, Neil Young, Nick Drake vraiment les "Oldies". Puis des gens comme Elliott Smith qui ont réussi à rénover, à dépoussiérer ce genre et à le rendre plus contemporain, plus pop quand même. Elliott Smith a réussi à transformer le Dylan avec des refrains des Beatles et ça, c’était un exercice absolument génial.
Vous parliez du titre "Vultures" de votre album, un morceau écrit très rapidement ?
Mark : C’était la veille du concert à la Cigale, c’était notre première "première partie" de Kaolin, notre première grosse scène parisienne. On était comme des fous, je ne sais pas pourquoi cette chanson est sortie en une heure, comme le single "On My Way" d’ailleurs. Le lendemain, je l’ai joué à Morgane, je crois que le surlendemain, on la jouait avec Kaolin à cette première partie. On venait juste de la bosser, on était mort de trouille, on s’est rendu compte que c’était peut-être le deuxième morceau le plus fort, un morceau qui marche très bien en live…
En tout cas, c’est le deuxième single, on va tourner le clip en juin. On a trouvé les gens qui vont réaliser le clip, ce sont des personnes qui ont bossé avec Vanessa Paradis… Ca va être un super beau clip ! On veut passer maintenant aussi dans "l’âge adulte" du clip. Le premier était un truc plus enfantin, on n’y a pas trop attaché d’importance, on le regrette peut-être un plus après… On ne savait pas, c’était une première expérience. Ce clip, par surprise, a été le coup de cœur sur MTV et M6, on a halluciné, alors j’espère que c’est pour la chanson, parce que c’est vrai que le clip n’est pas terrible… On arrive donc avec un deuxième clip pour "Vultures" avec un scénario beaucoup plus réfléchi. A mon avis, ce sera le deuxième single après l’été. On sent bien que ce premier clip en fait, les gens ne l’aiment pas trop, mais ce n’est pas grave, mais à mon avis il a servi, il a fait parti de l’histoire de Cocoon…
Et donc ce panda, il sera avec vous sur scène ce soir ?
Mark : Et bien écoute le panda, on est en train de réfléchir à une manière pour l’incorporer à la scène… Ce panda, il vient de la maternité. Quand je suis né, j’avais un petit bracelet panda avec mon prénom. C’est un animal noir et blanc, plutôt mignon, qui ressemble à Totoro, une bestiole de Miyazaki… On est très fan, justement le deuxième clip de Cocoon sera dans cet esprit "grosses bêtes mignonnes". Les gens pensent qu’on est vraiment fan de panda, ils nous offrent des pandas, on a du coup plein de choses panda, mais en fait, à l’arrivée cela fait juste parti du délire… C’est un animal ultra pop, très fédérateur, qui protège un peu, yin et yang, à la fois triste et gai.
Pour parler de vos personnalités, je sais que vous appréciez particulièrement la chanson "Hummingbird" parce que vous dites qu’elle vous résume bien… Que pouvez-nous dire de plus sur cette chanson ?
Mark : Elle résume notre manière de voir la musique. Je voulais montrer qu’avec 4 accords (elle fait vraiment fa, do, sol, la tout le temps), on peut faire une chanson comme une pyramide. Je crois que Radiohead l’a expliqué pour "Pyramid Song". On conçoit vraiment la musique comme des petites couches que l’on additionne, pas forcément sur le mac avec des petites pistes – on a pourtant travaillé sur ordinateur – mais quelque chose qui évolue sur la fin. Loney Dear le fait vachement bien, avec l’album "Sologne" ou "Loney, Noir" qu’il a composé seul dans sa piaule. Ce sont mes albums préférés de l’an dernier. Ce mec part d’une ligne de guitare, à la fin il y a des trompettes, des batteries et tout… Pour nous, ce n’est pas forcément aller jusque là, mais j’aimerai vraiment le faire pour le deuxième album, partir dans ce genre de lyrisme.
En effet, sur "Hummingbird", on a l’impression qu’elle monte en puissance, qu’elle progresse bien mais qu’elle pourrait continuer indéfiniment, ce sont les 4 accords dont tu parlais…
Mark : Exactement, cela a été très dur de dire celle là, on arrête là. Justement, on a tellement galérer en studio, on voulait la faire durer 10mn, on a mis cette petit flûte à la fin qui la conclut. Il y a une nouvelle chanson qui s’appelle "Baby Seal" (cela veut dire bébé phoque, j’aimerai que le deuxième album soit sur les animaux marins). Cette chanson est donc un peu le point de départ du concept du deuxième album : les animaux marins, les baleines, etc., je n’arrive pas à la terminer non plus.
Morgane : Sur scène, on finit ce morceau brutalement, j’aime bien, mais cela choque énormément les gens, ils n’applaudissent pas. J’aime bien ce coté là.
Pour l’instant, vous êtes que tous les deux sur scène, est-ce que justement, peut-être pour ce deuxième album, vous envisagez d’avoir une autre formation ?
Morgane : Oui un vrai groupe.
Mark : Oui, Cocoon restera toujours Morgane et Mark, on sera toujours les 2 mis en avant sur scène, c’est comme cela que ça marche. Morgane sans Mark, ça ne marchera pas et Mark sans Morgane, ça ne marchera pas. Il faut vraiment que les gens comprennent que c’est un duo.
On finit en fait notre première tournée avec les festivals d’étés, puis on arrive en octobre avec une deuxième tournée que l’on est en train de monter (elle a déjà 20 dates et commence par la Cigale le 25 octobre). On part avec des musiciens pour ensuite rendre le potentiel pop de l’album, le jouer sur scène dans des salles un peu plus grosses, pouvoir se lâcher un peu plus sur scène parce que là c’est vrai qu’à deux, cela demande beaucoup de concentration, beaucoup de rigueur sur scène. J’aimerai maintenant que l’on puisse lâcher la sauce dans l’esprit un peu Beatles : basse-bat-guitare, puis on verra bien ce que cela donne… Et toujours avec la force des harmonies, basé tout sur les harmonies.
Oui, on a des auditions en septembre et c’est parti en octobre avec 4 musiciens sur scène !
Vous faites partager des émotions avec votre musique, avez-vous envie de chanter en français ?
Mark : On a écrit pour Julien Doré en français. En fait, on écrit pour les gens en français. Pour Cocoon, le principe de base, le point de départ c’est l’anglais.
Morgane : Ce n’est pas renier le français, on a essayé mais on le sentait moins.
Mark : Faire partager les émotions avec le français, il a des gens qui le font tellement bien, Par exemple, Berry qui vient de sortir un album, également Loane ou des gens comme Tété, ce coté folk en français. Voilà, il y a des gens qui savent le faire et nous on ne saurait pas le faire, en tout cas pas aujourd’hui, à 22 ans.
Morgane : Même le folk chanté en français, cela devient chanson, ce n’est pas méchant, ce n’est pas une critique, mais cela nous correspond pas.
Le fait de chanter en anglais ouvre aussi des portes vers l’international ?
Mark : Ca y est, l’album sort en Australie le 30 avril, il est sorti en Belgique, il sort peut-être au Japon, j’ai fais ma première interview pour l’Australie par téléphone à 2h du mat, c’était plutôt drôle. Cela me fait halluciner, c’était un projet qui a commencé il y a 2 ans ½ dans ma chambre…
Comment vivez-vous cet album intimiste avec ce passage à l’international ?
Mark : En fait, ce qu’on veut, c’est développer la "panda attitude" jusqu’en Australie ! On est doux chez nous, on sera doux en Australie, au Japon en Suède, partout…
De plus pour ces concerts là, comme on va partir loin, on ne les fera que Morgane et moi, ils seront donc plus intimistes. Le luxe que l’on a avec Cocoon, c’est que l’on peut se permettre de commencer à tourner avec différentes géométries scéniques. On a ce luxe là, d’être seulement deux et de pouvoir inviter qui on veut.
Ce n’est pas de l’égocentrisme artistique quelque part le fait d’être deux ?
Mark : Moi j’aime bien tout contrôler, ça c’est clair, j’aime bien contrôler les choses avec Morgane. J’aime bien avoir ma place dans Cocoon. Je petit-déjeune Cocoon, je mange Cocoon, je dors Cocoon, je me réveille Cocoon… En ce moment, c’est ma vie, Morgane aussi. D’ailleurs, il faudrait qu’on essaie de lâcher un peu le truc, mais on n’y arrive pas, c’est tellement passionnant, c’est génial on ne va pas se plaindre.
Le projet de participation avec Cocorosie sur le prochain album, est-ce une invitation pour l’instant ?
Mark : Oui, on a joué avec elles à l’occasion de leur première partie l’été dernier. C’est une volonté de les revoir, de leur demander de créer avec elles… Surtout ce qui me fait halluciner, c’est leur beatboxer, il y a un seul mec qui fait tout à la voix. Lui, j’aimerai vraiment l’inviter, on connaît son manager. Voilà, après, ce sont des trucs de managements…
Au niveau de la scène auvergnate, cela bouge pas mal, connaissez-vous les 2 autres groupes qui passent cette année en découverte à Bourges : The delano orchestra et Saint Augustine ?
Mark : C’est marrant, j’ai pendu ma crémaillère avant-hier et il y avait Delano. Alexandre, le chanteur de Delano orchestra, on est voisin, et on a commencé ensemble. Lui a monté Delano et moi Cocoon, j’ai eu la chance peut-être de rencontrer Morgane avant que lui ne rencontre ses musiciens. On a signé sur notre Label avant lui, lui c’était l’année dernière… Du coup, son album sort maintenant alors que le nôtre est sorti en octobre dernier. Il y a un décalage de 6 mois entre nous, c'est assez rigolo. On a fait les découvertes du Printemps de Bourges l’an dernier, lui c’est cette année, les Inrocks le pousse à fond cette année, nous c’était l’an dernier…
C’est quelqu’un que j’aime beaucoup humainement, c’est quelqu’un dont j’aime beaucoup les chansons. Je pense que son album doit être écouté de nombreuses fois pour être apprécié à sa juste valeur. C’est vrai que l’on pense à Sparklehorse, mais bon quand on parle de Cocoon, on pense à d’autres trucs. Je trouve cela très bien.
Saint Augustine, par contre, je connais mal, il n’y a pas encore d’album de sortie, je suis hyper fier pour eux. Cela montre vraiment qu’à Clermont, il y a une scène folk qui existe maintenant. Après la scène musicale à Clermont, elle est hyper disparate, cela peut être du punk, du rock, du festif, etc. La salle "La Coopé", et les structures comme "Le transfo" ou "Sophiane Productions" contribuent à aider ces groupes. The Elderberries ont joué il y a 2 ans à Bourges en tant que découvertes par exemple. Il y a surtout Quidam, leur album vient de sortir. A mon avis, ce sont eux, cette année, qui vont être mis en avant, même beaucoup plus que nous nous l’avions été.
La chance que l’on a eue, ce sont les "gagnages de tremplins", on nous appelait un peu les bêtes de concours ! Cela nous a aidés à vivre de notre musique, on vend des disques, pas des millions, mais notre album se vend super bien, on est hyper content, ce n’est pas non plus du Yael Naim. On aimerait bien, mais ce n’est pas forcément le but. A mon avis, nous sommes moins accessibles.
Pour revenir à Quidam, ce groupe a signé chez Naïve, cela va être une énorme mise en avant. Notre label "Sober & Gentle", c’est le meilleur Label de France mais avec beaucoup moins de moyens. Par contre, faire Taratata, rentrer sur Virgin Radio, RTL2, Europe 2, avoir un single avec M6… vraiment les choses qui sont arrivées à Cocoon, je ne vois pas un autre Label qui aurait pu faire cela ! |