Installés dans la cour d’un immeuble parisien, Pierre, chanteur de Merzhin, est accueillant, décontracté et disponible pour répondre aux questions de Froggy’s Delight.
Un CD live vient de sortir, le premier enregistrement public, intitulé simplement Merzhin Live.
Avec beaucoup du dernier album, qui nous représente mieux aujourd’hui.
On a aussi réarrangé des morceaux du premier, une sorte de bilan des 10 années qu’on vient de passer sur scène.
10 ans sur scène, quelle évolution !
On est parti très jeunes, on avait 20 ans, notre musique était uniquement basée sur des mélodies bretonnes, avec une utilisation de la bombarde, mariées à du rock festif. Avec l’âge, on a évolué vers quelque chose de plus intime dans les textes, avec un regard social sur le monde qui nous entoure.
Ludo qui fait la bombarde joue aujourd’hui du sax, de la bombarde, de beaucoup d’instruments à vent, donc le son a évolué également.
Cela reste du rock celtique. Comment vous définissez-vous ?
On est vraiment inspiré par le mouvement rock alternatif des années 80, et en même temps par la musique bretonne, on a toujours cette inspiration au niveau des mélodies.
Donc vous naviguiez dans du celtique qui aujourd’hui est devenu du rock avec des influences. On peut dire cela ?
C’est ça, on se qualifie souvent de rock mélodique, qui permet de retranscrire l’énergie sur scène. Notre son, notre repère Merzhin, ce sont aussi les instruments à vent, cela fait partie de notre démarche d’origine. On ne voulait pas faire un combo de rock classique.
Est-ce que l’identité de Merzhin a changé, évolué ?
C’est vrai qu’aujourd’hui, certaines articles parlent de rock français à propos de notre musique, pour ne pas être réducteur. Mais nous on n’a pas de plan, on évolue au fil des rencontres.
Demain soir, un concert à la Boule Noire, un seul ?
Oui, un seul car nous jouons le lendemain ; et qu’organiser des concerts à Paris coûte très cher... C’est vraiment pour marquer le coup du lancement de l’album.
Paris, c’est donc un concert de plus avec un petit côté promo prestige ?
Si tu veux, il y avait une demande depuis longtemps pour sortir un CD live. Avec les 10 ans du groupe, c’est percutant de revenir à la Boule Noire.
Le live a été enregistré à la Carène, à Brest. Vous avez été parmi les premiers à y jouer.
Surtout que la salle club a encore très peu servi, le live a été enregistré sur deux soirs.
Pour le CD, vous avez pioché dans les deux concerts ?
Surtout celui du vendredi.
Revenons aux textes. Tu disais que c’était devenu plus intime, et moins "folklore" ?
Au départ, les thèmes étaient festifs, portés sur la fête, l’alcool, la jeunesse. On vivait déjà de notre musique à l’époque, c’était plus facile, une grande aventure avec beaucoup de rencontres. On était plus insouciants, on ne pensait pas à ce qui allait arriver après.
Les problèmes sont arrivés après, liés à la professionnalisation ?
Surtout à l’évolution de la musique en général, et du monde dans lequel on vit. La musique est un creusé formidable de gens, d’associations, de rencontres, c’est pas seulement s’amuser. La participation à des projets caritatifs fait aussi évoluer, lorsque tu as le micro et que tu peux dire quelque chose.
Quel a été le déclic qui a fait décoller Merzhin ?
La musique celtique a connu une période assez faste, nous sommes arrivés sur la fin de la comète. Tous nos albums sont autoproduits. On a profité de cette vague, vendre 40 000 disques d’un 5 titres, c’est énorme. Le premier album a été proche des 100 000 exemplaires, cela nous a ouvert la distribution d’une major, nous sommes distribués par Sony. Mais la liberté de l’autoproduction nous a permis d’évoluer comme on le voulait depuis 10 ans.
Un nouvel album studio en préparation ?
On a déjà bien avancé, cela fait 6 mois qu’on est dessus, on pense entrer en studio après l’été.
Ce sera dans la même veine que le précédent ?
Il y aura des choses encore différentes, mais pour l’instant on compose une vingtaine de morceaux, dans lesquels on fera le tri.
Le live déjà propose 17 pistes, cela ne se fait plus aujourd’hui de faire des CD aussi généreux.
C’est vrai... On pourrait même en mettre plus, puisqu’on joue plus longtemps encore en live. Pour le dernier album, il y avait 13 titres sur 30 compos. On pourrait faire comme Saez et en sortir trois d’un coup ! Mais ce n’est pas le but. Pour nous, chaque album a un fil conducteur.
Pour le prochain, on aura aussi une cohérence d’ensemble, qu’il y ait 15 chansons ou 11.
Tu parlais tout à l’heure de la vague celtique. Comment vois-tu l’avenir de ce genre ?
C’est un lieu commun mais le celtique est une musique qui existe depuis des milliers d’années, qui a toujours évolué, qui aborde l’électro aujourd’hui, qui se marie avec des musiques d’Ukraine... Même les bagads se mettent à inclure des guitares. Je ne sais pas s’il y aura encore une explosion de mode, mais c’est un cycle...
Comment vois-tu l’avenir de Merzhin ?
C’est une question à laquelle je réponds toujours la même chose : nous, on voit album par album. Dans le contexte actuel où il est difficile d’en vivre, le but est de continuer à faire de bons disques, et de bons concerts.
Retrouvez Merzhin
en Froggy's Session
pour 3 titres acoustiques
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