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Interview  (Par mail)  juin 2008

En attendant de pouvoir rencontrer Shara Worden et ses comparses pour une venue sur Paris, c'est par mail qu'elle a accepté de répondre à quelques questions. Ceci nous permet de mieux cerner l'univers de cette chanteuse à l'univers riche, à la voix dorée et à la beauté enivrante des créatures vivant dans un monde différent du commun des mortels. Mais rassurez-vous, elle est bien humaine, peut-être même plus qu'on ne pourrait le penser.

Est-ce que tu peux nous faire un résumé de ton parcours musical ?

Sharah Worden : Mes parents, mes grand parents et mes oncles, tantes et cousins sont tous musiciens, la musique faisait partie de notre vie de famille, et de notre manière de passer du temps ensemble. J'ai travaillé dans des comédies musicales et des chorales quand j'étais jeune, et je suis venue à Paris, à treize ans, lors d'un voyage avec une chorale. J'ai continué les études de chant, un diplôme d'opéra classique à l'université nord du Texas. J'ai commencé à écrire des chansons à la guitare, et sorti un disque qui s'appelait Word. Après mes études, j'ai déménagé à New York et publié deux disques avec un ami guitariste, sous le nom de Awry. Cet ami a quitté New York et j'ai pris une nouvelle direction musicale. J'ai étudié les arrangements d'instruments à cordes avec le compositeur et violoniste alto Padma Newsome (Clogs, The National) et j'ai commencé à travailler sur des chansons qui sont devenues les albums Bring Me The Workhorse et le dernier,  A Thousand Shark’s Teeth. J'ai joué et chanté avec Sufjan Stevens durant plusieurs années et collaboré avec des gens comme Jedi Mind Tricks, Clogs et Tim Fite.

Comment les membres de My Brightest Diamond se sont rencontrés ?

Sharah Worden : Je suis très reconnaissante pour tous les gens incroyables avec lesquels j'ai eu l'occasion de jouer. Je travaille avec différentes sections rythmiques New Yorkaises en concert. J'ai rencontré  Brian Wolfe et Nathan Lithgow durant la dernière année, ils sont vraiment incroyables. Pour les disques, j'ai rencontré le batteur Earl Harvin au Texas. Lorsque je travaillais à mon premier disque, Word, je n'y connaissais pas grand chose à la manière de monter un groupe, j'ai alors commencé à demander à tout le monde "Qui est le meilleur batteur du coin ?" et tout le monde me répondait "Earl !" Je ne l'avais jamais entendu jouer, ni ne savais à quoi il ressemblait, j'ai appris dans quelle salle il jouait. Je me suis rendue aux balances et j'ai demandé au portier de la salle si Earl étais là. Il me l'a montré, je lui ai donné une maquette de mes chansons et demandé de jouer sur mon disque. Treize ans après, nous faisons toujours de la musique ensemble. Il m'a présenté au bassiste Chris Bruce, qui avait joué pour Seal et John Henry. La violonceliste Maria Jeffers que j'avais rencontrée à l'école, et beaucoup d'autres personnes sont venues au travers du site Craig's List. J'avais posté une annonce qui disait :"Si vous aimez Pierre Boulez autant que PJ Harvey, écrivez-moi", et l'incroyable Rob Moose (Anthony and the Johnsons) et le clarinetiste/guitariste Sebastian Krueger ont répondu.

Est-ce que tu peux nous en dire plus sur l'enregistrement de A Thousand Shark's Teeth ?

Sharah Worden : Earl habite à Berlin, je l'ai poursuivi et passé quelque jours à enregistrer dans le studio de Warren Suicide. Earl et moi avons une relation assez spéciale, nous ne parlons pas beaucoup, je lui joue les chansons, il les écoute une ou deux fois, sans jouer. Puis, nous branchons les micros. En général, en deux ou trois prises, nous avons la chanson. Ça n'a jamais cessé de m'étonner depuis tout ce temps. Comme j'ai toujours produit mes disques, j'essaie d'aménager des moments où je contrôle la situation et d'autres où je ne contrôle rien. Quand on commence à développer son vocabulaire musical, on travaille dur à définir le son, les tons qui font partie de la grammaire, Earl a toujours été un composant essentiel de cette grammaire. Depuis longtemps pour moi, il est donc très facile de travailler ensemble. Dans les arrangements de l'orchestration, je contrôle beaucoup mieux, écrivant laborieusement à la main les arrangements, mais autant le batteur que le bassiste font ce qu'ils veulent et je les autorise à influencer la musique comme ils le souhaitent. J'ai enregistré toute l'orchestration soit dans de petits studios, soit dans mon appartement à New York. Pour les sessions finales, je suis allé à Los Angeles, avec Zac Rae et Joel Shearer, qui peuvent composer tous les sons que ton imagination peut inventer.

Les influences musicales du groupes sont variées, je trouve la musique plus dure sur scène, plus "punk rock" dans un sens. Est-ce qu'être sur scène te rend plus folle, ou d'autres influences musicales sont invoquées à ce moment là ?

Sharah Worden : Ha ha ! Ce n'est pas tellement être folle, que de récemment découvrir que j'adore monter le son de mon ampli ! Pour les influences, je pense que se déplacer de lieu en lieu en permanence, d'avoir une famille de musiciens, qui étaient très ouverts à tous les styles musicaux, m'a obligée à avoir une palette de goûts très éclectiques. Schoenberg, Debussy, The Kinks, Sonic Youth, Pierre Boulez, Benjamin Britten, Nina Simone, Peter Gabriel, Tom Waits, Bjork, Radiohead, Prince, Bill Withers, Jeff Buckley… En plus, j'ai toujours l'impression d'apprendre des concerts. Il y a une telle différence entre composer des chansons chez soi et les jouer devant un public, jour après jour dans des salles et des situations différentes. Les lieux changent les sons. Je pense que ma musique change, parce que ce que je voulais expérimenter sur un disque, est très différent de ce que je veux sur scène. Quand nous jouons en trio, l'accent musical est basé sur le rythme et l'énergie. Je peux alors improviser beaucoup plus. En revanche, quand je joue avec des instruments à corde, les morceaux restent inchangés, mais l'accent est plus sur les éléments harmoniques de la musique. Les prochains concerts se feront avec des cordes, ce sera beaucoup moins punk je pense. Un peu peut-être.

Comment a commencé cette histoire avec la France ? Je me rappelle que sur scène tu expliquais que tu étais particulièrement contente d'être en France, à un point que nous ne pouvions imaginer. Peux-tu nous expliquer un peu ?

Sharah Worden : Ha !  C'est quelque chose que j'ai du mal à expliquer, c'est un peu comme expliquer ce qui t'attire chez ton conjoint. Tu peux donner quelques qualités, mais les gens n'en saisiront pas l'essence. La description d'un rêve peut le trahir. Il y a, certainement, eu une histoire d'amour à sens unique, lors de mon premier voyage à treize ans.  Et quelle histoire ! Je n'ai pas déménagé, nous ne sommes pas mariés, mais je suis très éprise. Il y a sûrement une part d'idéalisme et de naïveté dans ma vision de la France. Je pense qu'il y a quelque chose qui se passe, lorsque tu vas dans un lieu qui t'apporte quelque chose, que ta propre culture ne t'a pas révélé. New York a une dynamique différente, que j'aime et développe. Ici, j'adore la diversité plus que tout, être entourée de gens qui créent des choses en permanence, mais cela peut être un endroit très dur à vivre. Je pense qu'ici, je ressens la beauté d'une manière particulière. Je mange plus de glaces. Je me pose et écoute les vibrations et là, je pense ressentir la beauté, ici d'une manière spéciale. Je monte sur plus de manèges ici que chez moi (il y en a des différents à tous les coins de rue !) et cela me rend plus heureuse que tout. J'adore les conversations que j'ai.

A l'âge de raison, vingt ans, j'ai découvert Ravel à travers L'enfant et les Sortilèges, la première pièce musicale qui m'a permis de retrouver la joie de chanter, alors que je l'avais perdue. Plus tard, j'ai découvert Pierre Boulez, Pli selon Pli, qui m'a conduite à une nouvelle direction musicale à travers les arrangements des cordes. J'ai aussi découvert les films de Jean-Pierre Jeunet. Je voulais faire un musique qui sonne comme La Cité des Enfants Perdus. Les Impressionnistes m'ont toujours paru voilés, comme des ombres, avec une vision romantique de la nature, utilisant la métaphore, la suggestion et l'humeur, plutôt que des déclarations pures, c'est comme regarder le monde à travers une fenêtre aveugle. C'est comme cela que je voulais que A Thousand Shark' Teeth sonne. Quand Husky Huskolds m'a renvoyé le premier mixage de Black and Costaud, j'étais si excitée, je lui ai dit "Ca sonne comme du Jeunet !!!" Il m'a dit avoir mixé le reste de l'album en "3D", il voulait dire qu'il avait regardé Delicatessen, de Jean-Pierre Jeunet, trois fois alors qu'il finissait de mixer le disque. Le single From the Top of the World aura des chansons en français, mais j'en dirais plus une autre fois !

As-tu d'autres projets musicaux ?

Sharah Worden : Je chante sur le dernier album des Clogs, qui n'est pas encore sorti, mais cela ne saurait tarder. Je travaille actuellement sur un projet de disque vinyle/multimédia, qui contient des photographies de Murat Eyuboglu, chaque photo est accompagnée d'un poème que je lis. Marla Hansen et moi écrivons des chansons d'après les poèmes aussi.  Sinon, je travaille désespérément sur des tours de magie.

L'imagerie du groupe est très riche, est-ce un désir personnel ou le fruit de rencontres ? Sur ton Myspace, il y a aussi des vidéos, est-ce quelque chose que tu vas développer ?

Sharah Worden : J'aime les photographes comme Robert Parke Harrison and Diane Arbus. Pour moi, prendre des photos du groupe, ce n'est pas pour donner un nom au visage. Ce serait plutôt donné des informations sur l'humeur, l'attitude, l'environnement qui tourne autour de la musique. Il y a tellement de chansons visuellement orientées, ça a été un grand plaisir de sortir les personnages et les histoires des chansons, pour les amener dans un monde visuel. A propos des vidéos, nous travaillons sur celle de From the Top of the World en ce moment, et cela m'enchante. Lunes, étoiles, mondes faits de dents de requin, marionnettes, échelles, ballons ! C'est tellement réjouissant !

Quelle est la question la plus stupide que l'on t'ait posée en interview ?

Sharah Worden : J'ai participé à une émission radio, dont le présentateur n'arrêtait pas de me poser des questions sur ma coupe de cheveu, pourquoi je les portais comme ça. Il a continué sur ce style de questions en me demandant pourquoi je ne faisais pas une musique qu'il pourrait passer sur son antenne.

 

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En savoir plus :
Le site officiel de My Brightest Diamond
Le Myspace de My Brightest Diamond


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# 17 mars 2024 : le programme de la semaine

De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché
et toujours :
"Scars" de Greyborn
"Rooting for love" de Laetitia Sadier
"Quel est ton monde ?" de Olivier Triboulois
"Letter to self" de Sprints
"TRNT best of 1993 2023)" de Tagada Jones
"Beyond the ridge" de Wildation
Quelques clips chez YGGL, Down to the Wire, Malween, Lame, For the Hackers et Madame Robert

Au théâtre

les nouveautés :

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14
et toujours :
"A qui elle s'abandonne" au Théâtre La Flêche
"Les quatres soeurs March" au Théâtre du Ranelagh
"Mémoire(s)" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"N'importe où hors du monde" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Quand je serai un homme" au Théâtre Essaïon

Du cinéma avec :

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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