Comédie de Georges Feydeau, mise en scène de Stéphane Auvray-Nauroy, avec Aurélia Arto, Selim Clayssen, Johanna Cohen, Dianko Diaoune, Michèle Harfaut, Julien Kosellek et Eram Sobhani.
Dans le cadre de son festival "On n’arrête pas le théâtre cet été !", l’Etoile du Nord propose aux spectateurs une programmation variée sur le thème de la folie de la langue, drôle et tragique, autour d’auteurs fous d’écriture. L’occasion de proposer au public un incontournable du vaudeville, "On purge bébé" de Georges Feydeau, une pièce représentée pour la première fois en 1910.
Dans cette histoire absurde, Monsieur et Madame Follavoine sont de petits-bourgeois. Monsieur Follavoine est porcelainier et doit recevoir Chouilloux, un représentant du ministère de l’Armée, dans l’espoir de signer un gros contrat qui lui offrirait le titre de fournisseur officiel en pots de chambre de l’armée française. Seulement Toto, le fil des Follavoine, qu’ils appellent avec ridicule Bébé, est constipé et refuse de se purger…
C’est ici que la farce prend forme. Quand un enfant refuse de se purger et que sa mère l'a fermement décidé, c'est au père de faire obéir. Seulement, quand ce dernier est en train de traiter une grosse affaire et s’apprête à la conclure avec son client, la situation se complique. Surtout lorsqu’il s’agit de faire face à une mère véritablement obstinée !
Entre l’hypocrisie de Follavoine, l’insouciance de son épouse désordonnée, débraillée, le côté solennel et vaniteux de Monsieur Chailloux, l’éducation détestable de Bébé, les oppositions et contrastes entre les personnages virent à la caricature. Ici on met en lumière et tourne au ridicule le grotesque du genre humain et les manières de la bourgeoisie.
La mère protectrice, le mari obsédé par ses affaires, la bonne complètement naïve, le client véreux, la femme du client nymphomane et l’enfant capricieux, tous les paramètres sont regroupés pour créer sur scène des moments de pure folie, de délires abracadabrants interprétés avec talent par la Compagnie Estrarre, en résidence à l’Etoile du Nord.
Ce grand classique est revisité avec modernité, et chacun s’y retrouve. Madame Follavoine se présente tout au long des scènes en robe de nuit de soie rose, tandis que Follavoine se pavane en Dolce Gabbana, une Rolex en or au poignet. De son côté, la bonne, Rose, chante du Serge Lama à chacune de ses apparitions. C’est grâce à ces détails de mise en scène, que ces personnages ressemblent à beaucoup des Parisiens d’aujourd’hui habitant les beaux quartiers.
Pendant une heure et demie le spectateur assiste à des situations toujours plus absurdes, qui conduisent directement au fou rire. |