Spectacle conçu à partir de témoignages, écriture et mise en scène de Marie Dominique Verrier, avec Lionel Chenail, Tamara Schmidt et Marie Dominique Verrier.
Dans le cadre du Festival d'été organisé par le Théâtre de l'Orme, la Compagnie de l'Escale, basée à Fécamp, a mis le cap sur Paris pour présenter un spectacle atypique, "Du bord à babord", qui s'inscrit dans la veine du théâtre réaliste.
Marie Dominique Verrier a puisé dans une étude sociologique locale, menée par Florence Levert dans le cadre d’une thèse sur la mémoire de la grande pêche, auprès de femmes mères, filles et épouses de marins pêcheurs pour construire "une promenade dans la mémoire collective des hommes et des femmes qui forment le peuple des marins".
Le terme "peuple", même s'il n'est pas anthropologiquement exact, est cependant approprié pour évoquer une vie bâtie sur ce qui est pour le néophyte le mythe de la mer, la légende du marin, celui qui part pour plusieurs mois, et la vie régie par le secret, l'attente du retour à la terre pour le marin épuisé qui éprouve toujours le mal de mer et de la femme cloîtrée dans la non vie, de la peur, et la peur réciproque qui nouent les cœurs autant de celui qui part que de celle qui reste, de la fidélité imposée pour la femme, être femme de marin relevait du sacerdoce, alors que le marin, de port en port…
Avec des petits riens, quelques confidences, des bribes de correspondances, des noms, ces petits riens qui font une vie, Lionel Chenail, Tamara Schmidt et Marie Dominique Verrier entraînent le spectateur bien loin du folklore. Bien sûr les histoires sont un peu datées, des histoires d'avant l'ère technologique qui abroge les distances et allège les taches ménagères.
Les comédiens savent révéler, à travers ces paroles de femmes modestes, des paroles simples, pudiques, parfois à peine ébauchées, qui en taisent souvent plus qu'elles n'en disent, l'émotion qui les étreint à l'évocation des moments de la vie qu'elles livrent et surtout tout l'informulé sous jacent. Un travail exemplaire. |