Avant toute chose, une petite mise au point s’impose. Nous parlons bien ici du duo californien The Dodos et non du quatuor toulousain The Dodoz. Cette petite différence orthographique difficilement remarquable fait pourtant toute la différence… de style.
Reste à savoir qui sont nos fameux The Dodos avec un "s" ? Deux garçons, Meric Long et Logan Kroeber. Ils se rencontrent en 2006 par l’intermédiaire du colocataire de Meric. A l’époque, ce dernier écume déjà les bars de San Francisco, seul avec sa guitare et son clavier, sous le nom de Dodobird… déjà cette obsession de la volaille.
Par la suite, le duo s’invente un style propre, "folk - country - blues" où les percussions jouent un rôle central révélant ainsi des rythmes entêtants et syncopés. Dans la foulée, ils enregistrent leur premier album Beware of the Maniacs qui rencontre très vite le succès critique. Les deux compères quittent leur job et prennent enfin la route. C’est d’ailleurs à cette époque, entre l’automne 2006 et l’été 2007 qu’ils écrivent leur nouvel album Visiter. Pour ce nouvel opus, Meric et Logan ont ainsi cherché à retranscrire l’énergie et l’intensité de leurs lives. Avec le producteur John Askew, ils décident d’enregistrer batterie et guitare simultanément et en live. Quant à la post-production, elle est restée minimale pour ainsi conserver le diamant brut. Visiter est donc un album on ne peut plus authentique.
Bien que certains titres soient fortement inspirés par les maîtres Yeasayer et Animal Collective (qui ne renierait d’ailleurs pas le titre phare "Fools"), cette pépite qu’est Visiter déborde de créativité. "Walking", titre d’ouverture, touche du bout des fingerpickings au folk country, conforté par un banjo enjoué et des chants emmêlés. S’en suit le voudouesque "Red and Purple". Les lourdes et retentissantes percussions se mélangent à de douces notes envolées d’un piano jouet, pour mieux nous ensorceler. "Joe’s Waltz", titre schizophrène, débute sous forme de ballade mélancolique puis se mue en un voyage chamanique avec chants incantatoires et finit sa course épuisé, en pleine transe. "Jody" où quand l’intelligence pop se mélange à la légèreté psychédélique et au blues dépoussiéré. En guise de conclusion, "God ?" fait de nouveau la part belle à des percussions simples et entêtantes, le tout voilé par le chant du talentueux Meric.
Avec cet album, The Dodos fait définitivement taire la réputation paresseuse du volatile disparu, au profit d’une nouvelle pleine d’enthousiasme, d’efficacité et d’inventivité. |