Spectacle conçu d'après la correspondance de Juliette Drouet et Victor Hugo par Anthéa Sogno, mise en scène de Jacques Décombe, avec Anthéa Sogno et Sacha Petronijevic.
Victor Hugo et Juliette Drouet sont entrés au panthéon des amants de légende avec un amour qui a duré une vie entière, amour qu’ils se sont dit, manifesté, crié au cours d’une liaison parfois orageuse, et, surtout, écrit de manière indéfectible pendant un demi siècle dans une abondante correspondance épistolaire.
Si on n’ignore pas l’ampleur et l’abondance du verbe hugolien et le tempérament de l’homme, on connaît moins la prose et le talent littéraire du seul amour de sa vie et de sa muse fidèle.
Ce n’est pas le moindre des intérêts du spectacle théâtral "Aimer, c’est plus que vivre", spectacle d'une rare qualité, qu’Anthéa Sogno, fascinée par cette passion dévorante et pérenne, a conçu à partir de leur correspondance, et des écrits
de leurs contemporains les concernant, que de
rétablir la vertu et
l'écriture inspirée de cette femme sensible et amoureuse.
En effet, elle a pratiqué un travail de sélection et d'assemblage des textes pour penser une architecture dramaturgique qui, non seulement, embrasse l'ensemble de leur histoire en une synthèse cohérente et éclairante, notamment avec les moments forts, mais aussi s'écarte de la simple lecture, même si parfois celle-ci est retenue pour révéler les personnages ou leur état d'âme du moment, pour privilégier les scènes dialoguées, avec leurs propres mots, qui constituent, compte tenu de leur personnalité, de vrais moments de théâtre.
Exercice réussi donc et mise en scène avec beaucoup de soin, de précision et de rythme par Jacques Décombe dans un lieu avignonnais qui ne pouvait être plus approprié que celui du Théâtre des Amants qui se loge dans une chapelle du 17ème siècle.
Anthéa Sogno, comédienne vive et talentueuse, pétillante et sensuelle, prête à Juliette Drouet sa beauté rayonnante et sa maitrise d'une belle palette d'émotions pour restituer son caractère romantique, attachant et dévoué. Elle virevolte, trépigne, s'enthousiasme, aime avec une fraîcheur extrême, elle porte d'ailleurs le nom donné à la déesse du printemps, et une pétulance à laquelle rien ni personne ne saurait résister. Dire que le public est conquis et n'a d'yeux que pour elle relève de l'évidence.
Pour consumer cette vivacité enflammée, Victor Hugo, c'est Sacha Petronijevic, comédien qui, lui aussi à plus d'une corde à son arc, à l'aise autant dans le vaudeville ("La main passe" de Feydeau dans laquelle il succombait déjà à la belle Anthéa) que dans la tragi-comédie dans le rôle de Don Juan dans "La mort fait le trottoir" de Montherlant, le répertoire classique ("Beaucoup de bruit pour rien" de Shakespeare) que le contemporain ("Quelqu'un pour veiller sur moi" de Franck McGuinness).
Et le couple fonctionne à merveille. |