Etiqueté par certains, voire par eux même "rock psychédélique", les Ugly Suit avec leur album du même nom annoncent la couleur avec une pochette riche en couleurs, justement synonyme trop souvent d'un contenu sonore difficilement écoutable sans être sous l'emprise de vilaines et interdites substances. Inversement, combien d'entre vous se sont déjà ennuyé ferme à l'écoute de prometteurs albums psyché, générateurs de sommeil plus que de voyage astral, qui n'a jamais eu envie de piétiner un disque de Mercury Rev ?
En résumé, on colle souvent l'étiquette psyché à tout ce qui propose des chansons de plus de 3 minutes, sans séparation couplet / refrains et avec plus de 2 pédales d'effets utilisées sur chaque note. Un style, certes, mais qui voit trop large pour être garant d'une certaine qualité, tout spécialiste que l'on soit et a fortiori que l'on ne soit pas !
The Ugly Suit n'est en fait ni ennuyeux, ni trop alambiqué et, hormis quelques envolées sonores, n'est pas si psyché que cela et s'avère même plutôt pop et les mélodies définitivement entêtantes comme ce "Chicago", tube évident.
The Ugly Suit mélange avec réussite le sens de l'épique et du théâtral de Mercury Rev et le sens de la mélodie pop de Coldplay. Même la voix nage entre ces deux eaux aussi trouble l'une que l'autre sans jamais s'y perdre, comme sur le très aérien "Brad's House" rappelant au plus fort de la mélodie les grandes envolées des anglais de Floatation Toy Warning, tout comme les 7 minutes 22 de "...And We Became Sunshine" noisy à souhait comme un bon vieux Slowdive.
Guitares noisy que l'on retrouve sur le très joli "Everyone Now Has A Smile" mêlées à un piano révoltant et un chant pour le moins débridé. Une des plus belles chansons du disque (tant mieux, elle dure plus de 7 minutes), si on excepte un étrange égarement en son milieu ou un break à la guitare aux airs de kermesse vient inexplicablement perturber le crescendo. Le final, lui, est heureusement à la hauteur et fait vite oublier ces 10 secondes surprenantes.
La montée en puissance se poursuivra jusqu'au bout de l'album qui se termine par deux titres tout en finesse et en puissance rappelant parfois quelques ambiances à la Mogwaï comme l'intro de "Let It Be Known" qui monte en puissance de ses presque 6 minutes.
Ne vous y trompez pas, l'habit ne fait définitivement pas le moine, dans cet affreux costume, les Ugly Suit sont plein de classe et d'élégance. |