Kid Loco n'est pas tombé de la dernière pluie. Pourtant, entre ses collaborations discrètes et ses albums solo pour le moins espacés dans le temps, Jean-Yves Prieur, membre unique de Kid Loco, n'est pas genre à jouer les rock stars.
Ce ne furent pourtant pas les occasions qui lui manquèrent lorsque débarqua le mouvement French Touch auquel il a pris part en restant pourtant dans l'ombre, préférant la discrétion de la production ou de management de label (Bondage, important label electro) plutôt que les lumières de la scène.
On retrouvera notamment Kid Loco derrière de nombreux remix, de Saint-Etienne à Mogwaï en passant par Pulp ou Kat Onoma. C'est deux ans après A Grand Love Story, première tentative popisante qu'il sortira, en 2001, Kill Your Darlings. Cet album majeur reste un must et aura eu l'intelligence de bousculer la scène electro hip (trip) hop française en mélangeant, sans préjugé, les genres "ennemis" que sont le hip hop, la pop et le rock, aidé dans sa tâche par Tim Keegan, des très respectables Departure Lounge, et quelques autres pointures de la pop anglaise.
Et même si le succès de Kill Your Darlings ne fut pas aussi retentissant que ceux de Air ou Daft Punk, Kid Loco s'était enfin forgé une réputation méritée. Depuis lors, après quelques remarquées prestations scéniques, Jean-Yves Prieur se retire à nouveau du devant de la scène pour retourner à ses mixes et autres productions.
C'est donc après 7 ans d'attente et une bande originale de film (The Graffiti Artist de Michael Bolton dont un titre figure sur l'album, "Theme from the Graffiti Artist") que sort enfin ce nouvel album de celui qui aime naviguer à vue et en eaux troubles.
Sur Party Animals & Disco Biscuits, Jean-Yves Prieur a pris de l'assurance et s'aventure encore plus avant dans ses explorations musicales et ses mélanges contre nature qui ne sont pas pour nous déplaire, vous l'imaginez bien ! Sa voix plus assurée rappelle parfois furieusement celle de Tim Keegan, présent d'ailleurs sur ce disque.
Musicalement, le spectre est large et le fossé entre "Oh Lord ! " qui ouvre le disque et "The Specialist" ou "Pretty Boy Floyd" semble grand. Pourtant, rien n'arrête Kid Loco. Et c'est avec une certaine majesté qu'il jette, mine de rien, un pont electro entre mélodie noire et minimaliste tout en élégance et euro pop dansante lorgnant du coté d'Edwin Collins ou même plus loin vers l'Amérique des Flaming Lips et Mercury Rev ("10:15").
Cet album est un mélange détonnant de mélodies pop entêtantes, d'electro et d'influences multiples intelligemment digérées. "Love is all around" fait même une tentative réussie de folk nonchalante à coup de guitares claires et de claviers Hammond à faire pâlir Beck et Forest For The Tree (si vous ne connaissez pas, cela peut être tout à fait normal mais ça doit pouvoir se trouver chez votre soldeur favori ou dans une quelconque boutique en ligne).
Comme il le chante sur "The Time of our Lives", "We gonna have fun together". Tout est dit, adoptez sans plus attendre un kid pas si loco que cela, mais en tout cas sacrement talentueux. |