Marianne Feder, pour ce deuxième album, Toi mon Indien, reprend le flambeau d’une Rachel des Bois après son album Ti Dam, conjuguant la même sensibilité et la même élégance dans le chant.
Notre jeune artiste mélange les rythmes jazz et la musique des balkans pour produire un voyage qui resterait à quai, de ceux qui n’existent jamais plus sûrement que dans l’imagination. Alors, le voyage comme le bonheur restent des idées faites pour tourner autour, ou pour écrire des chansons.
C’est de sa chambre qu’elle se prend à rêver, ou à attendre celui qu’elle aime, qui la fait exister et qui la rassure, l’autre qui porterait sa valise, grosse de désirs d’émancipation.
Il serait facile de ricaner sur la chanson "Farouche", adjectif qu’elle fait rimer avec jazz manouche, tellement cette musique brille comme le bon filon du moment, comme la vague sur laquelle surfer. Mais celle-ci clôt l’album, histoire de ne pas trop insister peut-être.
Il convient davantage de retenir l’écriture poétique et la suavité/slavité de son univers, dans lequel elle accueille les fanfares de "La caravane passe" et de "Ziveli".
Je distinguerais deux titres : "Le blues à deux accords", duo avec Alexis HK, qui rapporte le dialogue de deux extravagants, qui se racontent et se "la" racontent . La voix d’Alexis HK et celle de Marianne Feder s’accordant à merveille pour ce tableau fantasque.
L’autre titre est "Baiser de pluie" aussi tendre 
 qu’une photo de Doisneau avec une réminiscence 
 de la chanson écrite par Jacques Prévert et interprétée 
 par Juliette Gréco et qui commence ainsi : "les 
 enfants qui s’aiment s’embrassent debout contre 
 les portes de la nuit ..."
 
 Alors c’est à pas tout aussi feutrés que 
 Marianne Feder se fait une place et sans grand tapage nous livre 
 un disque grisant. 



