Comédie de Daniel Guérin de Bouscal d’après Cervantès, mise en scène de Christophe Gauzeran, avec Alain Carnat, Philippe Beautier, Philippe Beheydt, Juliette Croizat, Romain Guimard, Isabelle Helleux, Christophe Gauzeran, Manuel Martin, Laurent Mothe et Caroline Siméon.

En 2007, Christophe Gauzeran, avec la lumineuse Juliette Croizat dans le rôle titre, avait illuminé le Théâtre Le Ranelagh avec "Gelsomina", écrit par Pierret Dupoyet et inspiré de "La Strada" de Fellini, un spectacle magique de poésie et d'émotions.

Un an après, il présente, au Vingtième Théâtre, une nouvelle aventure de sa compagnie Farenheit 451 avec les extraordinaires aventures de Don Quichotte, non pas telles qu'elles ont été célébrées, de manière baroque, par Cervantès, mais en exhumant une version comique commise par Daniel Guérin du Bouscal, un auteur français du 18ème siècle inconnu, et vraisemblablement pas que du grand public, qui était un des auteurs préférés de Molière.

Ainsi change-t-il totalement de registre même s'il poursuit sa démarche d'insertion des arts circassions dans la représentation théâtrale et le challenge est plus difficile encore pour parvenir à cette symbiose quasi naturelle et évidente qui présidait au spectacle précédent. En effet, ce "Don Quichotte", au redoutable texte en vers, revêt le caractère d'une farce enjouée, traitée ici en commédia dell'arte mais sans masques, dans laquelle le chevalier exalté se trouve confronté à de très prosaïques figures qui veulent le détourner de ses chimères.

En contrepoint, les épisodes oniriques du chantre épique constituent les moments forts du spectacle avec les scènes circassiennes - notamment de sublimes arabesques au tissu aérien de Caroline Siméon et Isabelle Helleux ou l'étourdissant épisode de la corde à staff réalisée par Juliette Croizat - soutenues par des compositions musicales et vocales envoutantes dues à la plume et à la voix de Cyriaque Bellot, musicien, compositeur multi-instrumentiste et contre ténor, dont les partitions inspirées nourrissaient le spectacle "Gelsomina" et l'évanescent "Neige" monté par Alain Batis.