Les
cycles dramatiques proposés par le Théâtre
du Nord-Ouest donnent l'opportunité non seulement de
l'occasion de voir l'intégrale de l'oeuvre d'un auteur
mais également de découvrir de jeunes comédiens
talentueux et prometteurs qui, pour la plupart, y font leurs
premières armes.
Tel est le cas, dans le cadre du cycle consacré à
Molière, avec la fantaisie "Le
divertissement royal", monté par Nathalie Hamel, dans laquelle se démarque une jeune comédienne
prometteuse, jolie et piquante, Marina
Valleix.
Elle joue également, dans ce même lieu, dans une
comédie farcesque "Le médecin
volant" dont elle a assuré la création
et assure la co-mise en scène.
Rencontre avec une comédienne prometteuse et une jeune
femme volubile, passionnée et déterminée.
Nous avous avons découvert au Théâtre du
Nord-Ouest. Que s'est-il passé avant ?
Marina Valleix : J'ai commencé le théâtre
assez tardivement, il y a 4 ans environ. Je viens d'Auvergne
où j'ai suivi des études littéraires, j'ai
fait un DEUG d'anglais, et ensuite je suis venue à Paris
pour faire une licence d'anglais, une maîtrise de linguistique
et un DEA de linguistique appliqué. Je me destinais à
la recherche puis je me suis orientée vers l'enseignement.
Et quand tout cela a été accompli, je me suis
rendu compte qu'il me manquait quelque chose. Et j'ai décidé
de faire du théâtre, une envie que j'avais déjà
eue, mais que je n'avais pu concrétiser car je suis d'origine
très modeste et mes parents ne pouvaient financer des
cours pour un métier si aléatoire. Pour nous,
les études constituaient un gage de réussite sociale.
Donc, de manière radicale, j'ai changé
complètement d'orientation en quittant tout pour me consacrer
totalement au théâtre car je savais que je ne pourrai
mener les deux de front et que le temps était là,
j'avais 25 ans. Et à Paris comme je ne connaissais pas
du tout le monde du théâtre, je me suis inscrite
au cours Florent. En fait, mon envie de faire du théâtre
vient d'avoir vu Francis Huster dans "La peste". Je
m'étais enfuie du lycée où j'étais
interne pour assister à la représentation. De
là est née ma vocation même si je n'ai rien
écouté, ni compris, de la pièce. Voir la
salle comble et en face Francis Huster, seul sur scène,
m'a complètement bouleversée comme si je voyais
quelque chose de l'au-delà. J'ai eu une sorte de révélation
Le lendemain, je suis retournée au théâtre
pour un autographe et pour lui demander de m'emmener à
Paris. Bien sûr, j'ai attendu sa lettre tous les jours
en vain. Et en même temps, j'ai eu un peu peur de cette
révélation soudaine et la raison l'a emporté.
Dix ans plus tard, je me suis retrouvée
au cours Florent avec comme professeur François-Xavier
Hoffmann qui avait mis en scène Francis Huster dans ce
spectacle. Et je suis arrivée à ce cours en ne
connaissant rien au théâtre, n'ayant vu qu'une
pièce, enfin du moins concrètement puisque mes
études littéraires m'avaient apporté une
connaissance théorique des textes. En plus, je ne connaissais
bien évidemment pas ce milieu. Après deux ans et demi de cours Florent, je suis partie à Acting International
pour apprendre d'autres techniques car je me sentais pressée
par le temps. Cela m'a permis d'aborder une grande diversité
de techniques de jeu et également d'aborder des auteurs
très différents. Ensuite, j'ai travaillé
un an avec Martine Amsili sur la respiration et le texte ; elle
insiste beaucoup sur le respect du texte. Par ailleurs, je travaille
comme ouvreuse dans des théâtres ce qui me permet
de voir comme travaillent et jouent les comédiens. Ainsi
par exemple au Théâtre des Nouveautés j'ai pu connaître la troupe de Patrick Hautecoeur, dont j'ai vu 300 fois le spectacle "La valse des pingouins",
qui m'a aussi utilement conseillé.
Avez-vous eu le temps d'intégrer cette
formation "accélérée" et cette
accumulation de formations différentes ?
Marina Valleix : On se cherche, effectivement,
notamment pour déterminer la technique qui nous paraît
la mieux adaptée à sa personnalité. On
a généralement un an pour intégrer une
technique mais je ne sais pas si on l'intègre jamais
réellement. Les grands acteurs disent que la technique
qu'acquiert par le jeu. Et c'est la raison pour laquelle je
cherche absolument à jouer. Je débute dans le
métier et c'est très difficile quand on n'a pas
d'expérience à faire valoir auprès des
professionnels. Je fais des castings et des publicités.
C'est aussi la raison pour laquelle je me suis rerouvée
à déposer mon CV au Théâtre du Nord-Ouest.
A l'issue de votre période de formation,
aviez-vous fait implicitement des choix tel que privilégier
la comédie, la tragédie, le classique ou le contemporain
?
Marina Valleix : Je n'ai pas opéré de tels choix.
Tout m'intéresse et je voudrais tout essayer. Ensuite,
il est vrai que j'ai des auteurs de prédilection, tel
Shakespeare, Marivaux, la tragédie également.
Je prends des cours de chant et j'adorerai aussi jouer dans
une comédie musicale. Mon registre de prédilection,
qui est aussi celui que j'affectionne en tant que spectatrice,
c'est ce que j'appelle le vrai spectacle c'est-à-dire
un spectacle avec des décors et des costumes qui brossent
un univers dans lequel le spectacle nous fait entrer. Les spectacles
minimalistes où l'on voit le quotidien m'ennuie un peu.
Vous commencez à vous confronter à
la scène. Y trouvez-vous ce que vous en attendiez ?
Marina Valleix : Oui parce que je m'amuse.
J'avais un peu peur d'avoir le trac alors qu'en fait je suis
très excitée notamment pour les premières;
Bien sûr j'ai le trac de ne pas être bonne mais
ce n'est pas une peur paralysante alors que je suis quelqu'un
de très timide à la base. Et puis j'ai la chance
de dire de beaux textes. Donc pas de déception, si ce
n'est pas de ne pas jouer davantage.
Concrètement on peut vous voir actuellement
au Théâtre du Nord-Ouest dans le cadre du cycle
Molière dans deux pièces : "Le divertissement
royal" mis en scène par Nathalie Hamel et dans "Le
médecin volant" qui est votre projet et pour lequel
vous avez fait la mise en scène. Comment avez-vous été
amenée à travailler sur ces deux spectacles ?
Marina Valleix : Tout s'est enclenché
en même temps. Quand je suis venue voir Jean-Luc Jeener,
le directeur du Théâtre du Nord-Ouest, pour déposer
mon CV, il m'a indiqué que je venais un peu tard pour
le cycle Molière dont les distributions étaient
presque toutes réalisées. En revanche, il m'a
indiquer qu'il restait des pièces à monter. Le
soir même Nathalie Hamel m'a contactée pour me
proposer éventuellement un rôle dans "Le divertissement
royal".
Elle ne savait pas encore lequel mais j'aimais
beaucoup cette pièce très colorée et, quand
je l'ai rencontré, elle m'a demandé le rôle
que je souhaiterai jouer et je lui ai répondu Eriphile
qui est un rôle très riche qui permet les nuances.
Et puis j'ai fait un remplacement dans un Shakespeare qu'elle
avait monté, et ce pour une seule représentation,
le rôle de Ann Boleyn dans "Henri VIII". Et
j'ai répété le matin à 10 heures
pour jouer le soir même. Ce qui a été très
"chaud" mais en même temps très enrichissant
car je me voyais confrontée à travailler toute
seule, et en urgence, un rôle. Cela a été
également décisif je pense pour elle puisque j'ai
eu le rôle d'Eriphile.
Pour "Le médecin volant",
il s'agit effectivement de mon projet mais la difficulté
résidait dans le fait que je n'avais jamais vraiment
fait de mise en scène. Quand Jean -Luc Jeener me l'a
proposé, j'ai saisi l'occasion qui me paraissait une
opportunité merveilleuse mais ensuite je me suis trouvée
confronté à la réalité. Je n'avais
jamais vraiment fait de mise en scène et, pour la distribution,
les personnes que j'avais connu au fil des cours que j'avais
suivi avaient arrêté le théâtre. Donc
il m'a fallu trouver les comédiens et un metteur en scène
avec lequel je puisse travailler en tant qu'assistante.
Pour la mise en scène, cela s'est assez
mal passé avec la personne pressentie et donc, là
encore, je me suis trouvée prise par le temps car nous
ne disposions que d'un mois et demi pour monter le projet et
répéter. J'ai donc été amenée
à assurer la mise en scène avec Kaddour Dorgham
qui a plus d'expérience m'a m'aidée en termes
de direction d'acteur. Cette mise en scène est ce qu'elle
est avec ses qualités et ses défauts mais le projet
a pu être monté et constitue donc une première
étape qui a été très enrichissante
à tous les niveaux puisque j'ai personnellement bâti
et financé ce projet.
Comment s'inscrit la mise en scène dans
vos projets ? Etes-vous davantage comédienne ?
Marina Valleix : Je souhaite faire les deux
mais je suis consciente du fait que la mise en scène
exige de l'expérience, notamment en matière de
relations humaines pour pouvoir obtenir des comédiens,
qui ont tous leur personnalité, le meilleur d'eux. Ce
qui est très intéressant au niveau de l'humain
puisqu'il faut savoir gérer et déceler en eux
ce qui sera intéressant pour le personnage qu'il joue.
Par ailleurs, je sais que je ne jouerai plus dans une pièce
que je mets en scène car on ne dispose plus de cet indispensable
regard extérieur. Par ailleurs, en tant que comédienne,
quand je joue dans "Le médecin volant", je
n'arrive pas à me concentrer totalement dans le jeu car
je garde toujours un oeil sur les comédiens sur scène.
Pour l'instant, je souhaiterai me consacrer à la comédie.
Parlons des projets
Marina Valleix : A moyen terme, j'ai des projets notamment
à partir de textes dont je suis l'auteur. Mais pour le
moment, mon énergie est tournée sur ces deux spectacles
pour faire venir des professionnels pour qu'ils puissent me
voir sur scène et pouvoir ainsi être engagée
pour d'autres rôles dans un autre théâtre.
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