Comédie
dramatique de Ingmar Bergman, mise en scène de Michel
Kacenelenbogen, avec Muriel Jacobs et Alain Leempoel.
Nous sommes dans une chambre. Au milieu de la scène
: un lit, immense et bordé sans un pli. A droite une
penderie renferme vêtements et chaussures, rangés
avec soin. A gauche, un bureau, sobre et linéaire comme
le reste et comme la vie de ce couple.
Marianne et Johan sont mariés depuis dix ans et vivent
heureux, ou presque, avec leurs deux enfants. Leur vie est bien
rangée, réglée et programmée à
la seconde près. Elle est avocate et spécialiste
des affaires de divorce, lui est maître de conférences.
Chaque dimanche ils vont chez leur parents, ils dinent trois
fois par semaine chez des amis, partent chaque année
en vacance au même endroit et se retrouvent, tous deux,
seulement dans leur chambre.
Cette pièce renferme des secrets, ce qu’on ne
se dit pas devant les enfants, ce qu’il ne faut pas faire
devant la famille. C’est ici où s’entretient
la flamme amoureuse mais aussi où les masques tombent
et naissent les drames. Une sorte de confessionnal où
tout peut chavirer.
Ces deux amants sont tombés amoureux, il y a longtemps.
Un coup de foudre. Ils se sont mariés et ont eu des enfants
parce qu’il fallait le faire. Peu à peu ils se
sont laissé entraîner par le quotidien. S’en
suit une vie répétitive et sans vague. La routine
a consumé leur mariage, au point que Yohann tombe amoureux
d’une autre femme, plus jeune de 10 ans… classique.
La pièce aborde les petits tracas de la vie de couple,
elle évolue sur ces clichés, des clichés
pourtant réels et simplement vrais dont personne n’est
jamais à l’abri. Marianne et Johan souffrent de
leurs problèmes de sexe, de l’omniprésence
des beaux parents, du manque de temps libre à cause des
enfants puis de l’infidélité, ensuite du
divorce et enfin de la solitude. Amour, colère, tendresse
et incompréhension se mêlent pour faire naître
une émotion extrêmement forte transmise par un
jeu juste et franc des deux comédiens.
Marianne, interprétée par Murielle Jacobs, agace
par sa naïveté et sa psychorigidité pendant
que Johan, Alain Leempoel, irrite par son "je m’en
foutisme" et sa lâcheté. Une remise en cause
de la vie conjugale qui propose une façon d’éviter
les drames : la communication.
Une adaptation réussie du film suédois d’Ingmar
Bergman sorti en 1974, qui, en six chapitres, abordait la vie
d'un couple sur une période de vingt ans. Une pièce
qui se joue de nos peurs et frappe par sa justesse et sa vérité.
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