Kevin
Coyne est un artiste aux talents multiples : tout à
la fois musicien, écrivain et peintre.
Son refus de toute compromission face aux clichés du showbizness,
de la gloire et de l'argent ont fait de lui un éternel outsider.
Un rôle que Coyne accepte et apprécie. Il y trouve
la liberté nécessaire à l'expression de sa
créativité, hors des chaînes de la logique commerciale
(mais il n'aurait rien contre un Numéro Un dans les charts…)
Kevin Coyne est né à Derby, dans le nord de l'Angleterre
en janvier 1944 (ce qui lui fait 60 ans cette année…)
Il a suivit des études d'Art de 1961 à 1965. Ses premières
influences musicales furent Little Richard, Fats Domino, Chuck Berry
et plus tard (aux Beaux Arts), Muddy Waters, John Lee Hooker et
Jimmy Reed.
Son premier emploi fut d'être assistant social dans un hôpital
du Lancashire de 1965 à 1968. Fin 68, il s'installe à
Londres et s'occupe d'aide aux drogués. Cette expérience
de contact au quotidien avec les désaxés nourrira
ses premières chansons (en particulier son premier album
solo, l'incroyable "Case History") et reste aujourd'hui
encore une source d'inspiration.
De 1969 à 1971, Coyne est chanteur dans Siren,
un des derniers groupes de British blues à la façon
de John Mayall, Eric Clapton ou Fletwood Mac (l'original pas le
groupe de variété de la fin des années 70).
Le groupe sortira deux albums chez Dandelion Records, le label de
John Peel – un irréductible fan de Coyne – mais
sans rencontrer le succès. Coyne est tout de même assez
remarqué pour que, à la mort de Jim Morrison, Elektra
Records lui propose de prendre sa place dans les Doors! Et Coyne
refuse : "Je n'avais pas envie de porter des pantalons
en cuir…".
En 1973, jeune et idéaliste, Coyne est le deuxième
artiste signé chez Virgin, le tout nouveau label de Richard
Branson (le premier était Michael Oldfield et, là
encore, Coyne refuse de chanter sur les bandes instrumentales de
"Tubular Bells", prouvant que le succès, s'il doit
aller contre sa propre direction artistique, lui est indifférent).
Pendant les huit années suivantes, Kevin Coyne sortira onze
albums pour Virgin. "Marjory Razorblade"
reste le plus connu, qui l'installe comme un acteur majeur de la
scène folk-rock anglaise et lui ouvre des publics gigantesques
tel celui du festival de Hyde Park en 1974 (50 000 personnes). "Dynamite
Daze" en 1978 où Coyne acceuille avec
entousiasme la rebellion des punks ou "Millionaires
and Tedy Bears" et sa cinglante attaque des richissimes
patrons de Virgin lui attirent un public d'afficionados fanatiques
mais l'éloigne à jamais du Top Ten… Les tensions
avec Virgin augmentent : "Marjory Razorblade" se vend
à 25 000 exemplaires, "Millionaires and Tedy Bears"
à 35 000 et Kevin ne voit pas d'argent lui revenir…
Il enregistre avec Andy Summers (avant qu'il ne rejoigne
Police), Zoot Money, Carla Bley (pour l'album
"Silence"), Brian Godding
(exceptionnel guitariste) ou Dagmar Krause (de Henri Cow).
Ces années hyper-créatives où Coyne va du folk
de ses débuts au rock plus dur en passant par l'avant-garde
tout en gardant sa personnalité, où il crée
des pièces de théâtre ("Babble", "England,
England"), des films, où il tourne intensément
en Europe, aux Etats-Unis, au Canada et en Australie, tout cela
ajouté aux conflits avec Virgin, finissent par se retourner
contre lui. Kevin fait une dépression nerveuse en 1981, due
à l'abus de travail et d'alcool.
Coyne quitte Virgin pour Cherry Red et sort quelques uns de ses
meilleurs albums, "Pointing the Finger"
et "Politicz".
En 1985, Coyne divorce, s'installe à Nuremberg en Allemagne,
décroche de l'alcool et reforme un nouveau groupe, le Paradise
Band formé de musiciens allemands. Les premiers
albums décevants et l'abscence de distribution hors d'Allemagne
l'effacent pour un temps définitivement de la carte musicale.
Depuis 1992 et l'arrivée à ses côtés
de ses deux fils, Robert et Eugene, tous deux musiciens, les albums
redeviennent passionants : "The Adventures Of Crazy
Frank", "Tough and Sweet",
"Knocking on your brain" (avec
Gary Lucas, musicien de Captain Beefheart, Jeff Buckley, Joan Osborne,
Nick Cave, Lou Reed ou Leonard Bernstein) mais surtout, en 1999,
"Sugar Candy Taxi" suivi de
"Room Full Of Fools".
Le talent unique d'improvisateur de Kevin Coyne se déploie
aussi bien sur scène qu'en studio : il enregistra les vingt
titres de "Knocking on your brain" en trois jours !
John Peel, Sting ou Johnny Rotten, Vic Chestnut, John Langford
des Mekons, Mark Smith de The Fall et bien d'autres sont fans de
Kevin Coyne.
Paralèlement, Coyne continue sa carrière de peintre,
exposant régulièrement, et d'écrivain (cinq
livres déjà publiés dont les excellents receuils
de nouvelles "Showbusiness" et "Party Dress).Kevin
Coyne enregistre maintenant chez Ruf Records (http://www.rufrecords.de/).
En 2002, il a enregistré avec Brendan Croker, le
compère de Mark Knopfler, un extraordinaire album acoustique
"Life Is Almost Wonderful",
sous forme d'une édition limitée.Son dernier album,
"Carnival" est sorti en 2002.
Coyne continue à tourner intensivement. En octobre dernier,
il a même retrouvé ses vieux camarades de Siren pour
une mémorable "Dandelion Reunion".
Il est probable qu'il continuera jusqu'à la fin… Les
légendes ont la vie dure. Tant mieux pour nous.
"Peut-être le seul musicien anglais à avoir jamais
eu le blues" (Chicago Reader)
"Il y a peu d'artistes qui sachent aussi bien jour avec les
nerfs de leur publi"c (Allan Jones, Melody Maker)
"C'est plus qu'un rocker, c'est une entité à
lui tout seul" (James Hamilton, Hi Fi Weekly)
"Il est le trésor caché de l'Angleterre"
(Andy Kershaw, BBC)
"Comme pour tous les grands artistes, écouter sa musique,
c'est se comprendre un peu mieux soi-même" (Nick Kent,
Melody Maker)
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