Après deux albums remarqués par la critique et le public (Desperate youth, Blood thirsty babes en 2004 et Return to cookie mountain en 2006), TV on the Radio remet le couvert avec Dear Science, disque incontournable, si ce n'est LE disque de l'année 2008.
Au-delà de la caution de David Bowie et du buzz entourant David Sitek, producteur et multi-instrumentiste (collaboration avec les Liars, Scarlett Johansson, Yeah Yeah Yeahs...), le combo de Brooklyn est un groupe hors norme, combinant approches artistique et musicale. L'identité du groupe puise aussi bien dans les diverses expériences de ses cinq membres (notamment les arts visuels.) que dans leurs multiples influences musicales (en vrac: soul, noisy-rock, doo-wop, hip-hop, electro...).
Dans une démarche de création constante, les New-Yorkais ne se cantonnent pas un style et ne peuvent être rangés dans aucune case. Chaque morceau est ainsi créé et appréhendé comme une oeuvre singulière, composante essentielle d'un ensemble cohérent. Pour TV on The Radio, la facilité n'est pas de mise, un bon morceau devant imposer l'unanimité au sein du groupe.
Album incandescent, Dear Science est un disque rare, s'apprivoisant au fil des écoutes. Chacune des onze pièces de cette architecture musicale fait échos aux autres. Tunde Adebimpe, une des voix les plus intéressantes du moment, s'en donne à coeur joie : tantôt smooth ("Love dog"), groovy à souhait ("Red dress") ou lorgnant du côté du hip-hop (le bien nommé "Dancing choose").
Le versant funk du groupe occupe ici une place de choix avec les splendides "Golden Age" et "Crying me". Sur "Halfway home", "Shout me out", et "DLZ" , TV on the Radio apporte également une vision personnelle à la noisy, renouvelant ainsi le genre. Le groupe n'a pas non plus son pareil pour composer de pures symphonies modernes à l'image des pépites "Family tree" et "Stork and owl". Les onze titres du disque sont superbement ficelés. Les arrangements sont certes touffus mais d'une incroyable justesse et l'alchimie avec la voix de Adebimpe est indéniable. Le final génial de "Lover's day" en est l'illustration parfaite.
Privilégiant une approche instinctive de la musique, les Américains défrichent et expérimentent là où d'autres ne démordent pas des recettes habituelles. Dear Science est un monument discographique, une pièce de choix pour toute discographie digne de ce nom. Stimulant et génial ! |