Gueules de Terriens est un bel album, nous donnant à écouter des textes qui ont quelque chose à dire, sur des musiques enjouées et généreuses.
Dans la tradition d’expression française populaire et intéressante, comme par exemple La Rue Kétanou, Zen Zila déploie une richesse de mots, de jeux de mots, et une bonne humeur profondément voulue qui transforme la musique en jeu, en un véritable partage.
Ce disque est aussi un manifeste, un coup de gueule assez subtil contre l’intolérance et les ségragations. Attention, pas d’erreurs à faire : les Gueules de Terriens, c’est tout le monde. Ce disque est "Pour Vous Pour Nous" comme le dit et le répète la cinquième chanson de l’album. Ici, pas d’exotisme mais du "festif corrosif" : la grande force de cet album, c’est sa sincérité et son recul.
Album qui plus est bien produit, avec un beau son, une belle couleur d’ensemble ; et une réalisation soignée avec de bons arrangements, des mélodies variés, de nombreux instruments. Il est agréable d’avoir à écouter un disque où chaque chanson est une carte postale différente de la précédente, même si toutes décrivent le même paysage.
Ce paysage, c’est un héritage de la vie, des vies personnelles et collectives. Les textes parlent des choix que l’on a fait, de nos parcours familiaux, géographiques, des changements dans nos vies ; ce à quoi et ceux à qui nous sommes confrontés, "vers l’autre rive".
Et si c’était à refaire... on n’aurait pas de regrets, on reprendrait les mêmes : Moustaki et Gainsbourg, mais on pourrait aussi penser à Nougaro, Le Forestier, et bien d’autres.
Zen Zila utilise les mots, pour soigner, s’exprimer, aimer, et simplement parler. Aux autres, à tous. Et pour mieux se faire comprendre, on mêle aux jeux de mots de multiples références cinématographiques, des titres qui sont entrés dans l’inconscient collectif et qui vont faire naître chez chacun une image, une sensation : "On veut du rêve sur grand écran" ; "Elle kiffe avec les anges comme on danse avec les loups"; "On veut jouer la comédie, un peu comme dans West Side Story"...
Un disque frais, et un nom, Zen Zila, qui pourrait bien être programmé au Bout du Monde et dans de nombreux autres festivals, car ici la musique du monde est une musique qui appartient à tout le monde. |