On compare souvent les Ra Ra Riot à leurs camarades de Vampire Weekend. Sans doute parce qu'ils sont tout aussi jeunes et viennent de cette même scène new-yorkaise, décidément bouillonnante et en perpétuel renouvellement.
Sans doute aussi pour cette façon de donner à quelques mélodies anodines ce petit quelque chose de folie qui finit par nous surprendre au moment où on ne s'y attendait plus.
Mélange des genres, cette disco pop (qui en ce moment a le vent en
poupe) joyeuse et joueuse n'a peur de rien. Vous trouverez ainsi des cordes au milieu des synthés, un chant qui rappelle parfois furieusement les années 80, tout comme les choeurs et les claviers ("Too Too Too Fast").
Moins audacieux que leurs camarades des Vampire Weekend, les Ra Ra Riot arrivent pourtant à piquer notre curiosité et c'est avec un certain plaisir que s'écoutent des titres comme "Oh La" et ses cordes omniprésentes sur un rythme disco apportant un nouveau sens au mot mélancolie ou "Ghost Under Rocks", débordant de générosité sans être trop bordélique.
Mais derrière cette fanfaronnade version Arcade Fire se cachent aussi quelques ambiances plus mélancoliques comme sur le très doux "Winter 05" ou le faussement entraînant "Diyng is fine", qui prend d'autant plus de sens que le batteur originel du groupe est décédé.
Décès qui pèse sans doute sur l'ambiance, non pas morbide, loin de là, mais un peu triste, voire désanchantée qui plane sur The Rhumb Line. Les ambiances douces amères de ce disque flirtent au final plus souvent avec une pop anglaise des années 90, évoquant ça et là un mélange de Strangelove et de My Life Story, notamment, encore une fois de par l'usage des cordes ("Each Year", "Dying is fine") et une voix chargée d'émotions ("Winter 05") qu'avec le rock underground américain.
Un premier disque assez atypique réfléchi et mature, qui devrait promettre une belle carrière au groupe d'autant que les titres ont pour eux, en plus d'une certaine facilité d'accès, une gravité et une élégance qui devraient passer outre les modes. |