Sculpteur, Dimitri Tsykalov a sculpté dans la chair morte et sanguinolente d'animaux des instruments de torture et de guerre dont il pare des corps humains nus, tortionnaires ou victimes.

Œuvres éphémères qui sont pérennisées par le médium photographique en de terrifiantes représentations en deux dimensions dont un florilège est actuellement présenté à la Maison Européenne de la Photographie.

"Meat". Des digigraphies intitulées "Hostage", "Colt 4", "Gas Mask" ou "RPG2". De la viande morte, dépecée et façonnée sur de la chair humaine vivante, une autre viande. Des clichés grand format de mutants d'épouvante qui plongent le visiteur dans un saisissement bipolaire d'effroi et de fascination.

Un travail qui s'inscrit dans un registre artistique ancestral, celui de la représentation de la mort charnelle dont la forme contemporaine se rattache au body art.

Isabelle Rabineau, journaliste, y voit des commandos artistiques qui rappelle à l'homme sa mortalité et sa culpabilité meurtrière.

Dominique Quessada, philosophe, co-auteur de l'analyse figurant dans le catalogue de l'exposition, indique qu'il faut cesser de se demander à quel registre pictural ou photographique ressortit le travail de Dimitri Tsykalov.

Il propose de privilégier le fond du propos qui consiste, par un processus d'hypercarnation, à représenter la viande sans identité qui s'autodétruit dans une réflexion sur "l'identité tueur-tuant-tué".

Où comment l'art conceptuel peut rejoindre son contraire.