Pour commencer, chapeau bas à Benjamin Darvill, alias Son of Dave, ex Crash Test Dummies. Alors que le public acquis de l'Olympia attend les déjà cultes Moriarty, l'énergumène, tout de gris vêtu, chauffe la salle comme seul un illuminé peut le faire.
Caché sous un chapeau, le regard dissimulé derrière de petites lunettes noires, muni d'un harmonica, d'un sampler et d'une chaise, l'homme-orchestre parvient à créer une atmosphère digne d'une tête d'affiche. Seul sur sa chaise, qu'il semble parfois chevaucher comme un destrier, il parle, joue, rit, se sample, éructe, le tout avec des airs de texan échappé de son Canada natal. Tel un bluesman, il distille un son funky et rustique à la fois, hors du temps. Le show dure une demi-heure, juste le temps d'apprécier sans se lasser.
Et quand arrivent les franco-américains de Moriarty, c'est de la grâce à l'état pur. Le quintet s'impose une fois encore comme une nouvelle référence de notre panhéon musical. Incontestablement. Petite présentation pour ceux qui n'auraient pas encore eu la chance de les connaître.Les Moriarty, c'est comme une famille. La matronne, qui mène le show sans pour autant faire de l'ombre à la fratrie, c'est Rose-Mary. Belle, imposante, charnelle, tout comme sa voix, suave et langoureuse, au son de laquelle on se prend à frissonner. Ensuite il y a le chevelu, à la guitare sèche. Puis le cadet, au sourire communicatif, armé de sa guitare électrique. A la contrebasse, encore un jeunot. Battant le rythme avec une belle énergie. Puis le petit chauve, qui donne à son instrument, l'harmonica, une place de choix. Enfin, le batteur, dissimulé derrière son instrument, et que l'on découvrira au moment ds remerciements.
Chacun se démarque par une personnalité propre, bienvenue, qui ne nuit ni à la cohérence ni à la complicité du groupe. Quant au son, il tient à la folk, au blues, au jazz parfois, mise sur l'acoustique pour encore plus de sincérité. Le tout est authentique, intense. Ils nous offrent rien moins que deux heures d'un spectacle captivant, envoûtant même. Car il s'agit bien là d'un spectacle, avec décor et lumière tamisée, d'où se dégage un vrai amour de la scène, de la musique et du public. Quand ils reviennent pour le rappel, c'est pour laisser la place au quartet à cordes d'Adeo. Une parenthèse là aussi magique. Un show hors des modes, comme échappé d'une autre époque. A voir et à revoir. |