Duo studio, Pawa Up First a gagné son nom et son acronyme, PUF (must-have de toute formation instrumentalo-expérimentale aujourd'hui, surtout, comme c'est le cas ici, si elle est canadienne) en se faisant quatuor et en s'offrant tout un tas de collaborations pour agrémenter sa musique cinématique. Musique cinématique ? Oui, oui, vous avez bien lu.
Se réclamant des grands de la composition de bandes originales (Ennio Morricone, Philip Glass, Angelo Badalamenti), de leurs alter-égos réalisateurs (David Lynch, Wong Kar-Wai, Kurosawa, Scorcese, Sergio Leone, Stanley Kubrick, les frères Coen, Jeunes et Caro) et du plus hétéroclyte assemblage de ce que peut offrir la musique depuis la seconde moitié du 20ème siècle (Fugazi, Blonde Redhead, My Bloody Valentine, Wu-Tang Clan, Miles Davis, Charlie Parker, les Beatles..), ces quatre montréalais pourraient prétendre écrire la bande originale de votre vie. En technicolor, cadrages léchés. Atmosphère road-movie de rigueur. Avec un temps pour tout : gros plan, plan séquence, plan américain, plans de coupes, scènes d'amour et poursuites en voitures, bagarre et scène de duel, tension psychologique, regards meurtriers, cross fire, champ, contre-champ, cut.
Formation classique guitare-basse-batterie-clavier, Pawa Up First relève ses compositions en n'hésitant pas à convier à sa table - de mixage - quelques voix ou quelques cuivres en section, pour partager, avec un bel appétit, un souper jazz-dub-électro-hip-rock-hop'n'roll aux saveurs inventives.
Les deux albums de la formation The scenario (Dare to Care, 2005) et Introducing new details (2006) paraissent enfin en France, chez Bassofone, à l'heure même où l'enregistrement d'un troisième album serait achevé. Ils offrent deux collections aussi belles que variées de compositions évocatives, principalement instrumentales, où l'atmosphère compte plus qu'un éventuel message. Et si les prestations scéniques de la formation sont souvent accompagnées de projections vidéos, les albums eux-mêmes semblent faits d'images, aux couleurs et formes variées. Y surgissent, comme au détour, des visages familiers, des sentiments oubliés, des endroits perdus, des fins de saisons.
Si Introducing new details offrira plus de variété que The scenario, on appréciera ce dernier pour sa simplicité apparente, ainsi que pour sa plus grande amplitude rock. Dans les deux cas, on goûtera les talents de touche-à-tout, de bricoleurs - et, finalement : de compositeurs - du quatuor, qui s'offre le luxe, en deux albums, d'une musique jamais auto-référencée, qui trouverait dans l'illusion d'un "style", le prétexte de répétions infinies, d'une auto-indulgence face à son manque d'inspiration. |