Suite à son concert au Set de la Butte, Damien, alias Dam Barnum, nous reçoit chez lui pour une interview et une session acoustique.
Pourrais-tu déjà commencer par nous présenter ton parcours musical ?
J’ai commencé vers l’âge de 19 ans quand j’habitais Clermont-Ferrand. J’ai commencé avec un groupe de blues qui s’appelait T Bones Blues ; c’était un trio. Moi, j’étais fan d’Hendrix et c’était du blues assez hendrixien, avec beaucoup de solos de guitare, de longues plages d'impro. On a commencé à faire des concerts à cette époque là, dans les clubs, les cafés, on se balladait en province.
Ensuite, je suis parti en Corrèze avec un groupe qui s’appelait Délicieux Delirium. C’était aussi un trio. Je suis resté deux ans là-bas. On n’a pas fait beaucoup de concerts, c’était un peu la galère… Ce qui était cool, c’est qu’on était dans une grande baraque dans laquelle on pouvait bosser à fond la musique toute la journée ; on avait un studio aménagé.
Après, je suis remonté à Paris pour trouver un groupe et je suis tombé sur une petite annonce à l’époque d’Oobik And The Pucks, groupe qui a disparu mais en fait, c’était Eiffel. On a galéré trois ans à Paris pour trouver un label. Et après, j’ai fait six ou sept ans d’Eiffel. Par hasard, Thomas, le chanteur de Luke, m’a proposé d’enregistrer l’album. C’était juste un moment où on avait un creux avec Eiffel, à la fin du 1/4 d’Heure.
Sur le deuxième album de Luke, La Tête en Arrière.
Oui, c’était juste pour enregistrer l’album et puis, de fil en aiguille, je me suis très bien entendu avec Thomas et Romain, le nouveau batteur de Luke. Au moment de la tournée, Romain Humeau faisait son album solo et moi, j’étais en stand-by. Logiquement, j’ai fait la tournée, puis j’ai essayé de régler… Tu sais, dans les groupes, il y a toujours des histoires. On n’arrivait plus à se comprendre avec Romain Humeau, le chanteur d’Eiffel et du coup, j’ai pris une décision un peu drastique : arrêter Eiffel et rester dans Luke. C’est un choix personnel. Et cela fait quatre ans que je suis dans Luke.
En ce moment, Luke est en pause ?
Luke n’est pas vraiment en pause. On a fini la tournée mi-août et maintenant on prépare le prochain album.
Là, Thomas bosse dans son coin, il prépare des chansons, des textes. Moi, ça me laisse un petit peu de temps pour faire mon projet personnel, Dam Barnum, qui est là depuis eu de temps, cela fait 3 ans que j’ai commencé à composer.
Tu composais en parallèle pendant la tournée de Luke ?
Non, cela s’est fait à la fin de la tournée de La Tête en Arrière. Je ne sais pas ce qui m’a pris. A un moment, je n’avais rien à faire, j’étais chez moi. Cela me tiraillait depuis un petit moment et je m’y suis mis. Et puis, je me suis pris au jeu. En plus, je n’étais pas si jeune que ça, j’avais 29 ans. Je ne m’attendais à rien, j’ai commencé à faire écouter à droite, à gauche et puis certains m’ont dit : "ouais, c’est super", ce qui m’a poussé à continuer. C’est souvent comme ça que cela se passe, ce sont les autres qui valident ton travail, ton inspiration.
Le Village Vert m’avait proposé à l’époque de bosser avec moi, de faire un album. Ils m’avaient proposé un contrat mais on s’est engueulé. Tout est tombé à l’eau et j'ai dû repartir à zéro.
Les maisons de disques m’ont dit qu’il fallait faire des concerts, qu’ils voulaient me voir en concert pour me signer. Pour moi, c’était un projet chanson Dam Barnum mais en fait, les gens me disent que c’est rock. Je les crois bien qu'au départ, j’avais du mal à comprendre le "côté rock". Finalement, cela doit faire partie de moi, j'ai beaucoup écouté de Rock ; j’ai un tempérament un peu nerveux, j’aime bien le côté énergique, donc ça doit être pop rock !
C’est quand même plus acoustique.
Ce sont les mecs des maisons de disques qui disent que c’est rock. Cela signifie qu’il y a une énergie, une tension, ce n’est pas de la variété, ni de la chanson. Il y a un côté plus énergique. Je pensais faire plus du Renan Luce et les gens m’ont dit que non. Je les crois. Tant mieux, c’est cohérent finalement !
Peu importe, on s’en fiche, je cherchais pas à coller une étiquette précise, à ranger ça dans une case. C’était juste "je fais des chansons et on verra bien !"
Cest quelque chose qui t’est venu naturellement.
Complètement ! Je ne pensais même pas devenir chanteur au début. Quand j’ai fait mes maquettes, le Village Vert m’a dit : "OK, on va bosser avec toi, on te fait un contrat mais va falloir que tu fasses des concerts". J’ai dit : "non, je veux bien faire un album mais je ne fais pas de concerts, je me sens pas du tout d’être chanteur sur scène". Et puis, l’an dernier, je suis passé dans une maison de disques et quand ils m’ont dit : "on ne peut pas te signer sans te voir en concert", je suis rentré le soir chez moi, agacé, j’ai pris mon téléphone, j’ai appelé des gens et je leur ai demandé si je pouvais faire des concerts, ça s’est fait comme ça ! Après, tu te prends au jeu.
Maintenant, je commence à me mettre dans la peau d’un chanteur. J’ai fait dix ans en tant que musicien et voilà, ça se fait de manière naturelle, je n'’ai pas cogité le truc. Ce n'est pas un aboutissement car ce n’était pas une frustration. A l’âge de vingt ans, je ne me suis pas dit : je fais de la basse mais un jour, j’espère devenir chanteur, ça n'a jamais été comme ça. J’étais très content de faire de la basse. Les choses se font naturellement et cela te permet aussi, dix ans après, de te dire : j’ai des trucs nouveaux à apprendre. J’ai démarré le chant tard, à 29-30 ans (ça fait 3-4 ans) et du coup, je prends des cours, je découvre un nouvel univers dans la musique. Ca reste bien sûr de la musique mais c’est quand même une nouvelle matière et ça c’est excitant !
Cela me permet également d’écrire mes propres textes, d’exprimer des trucs à moi, de creuser plus le sens. Je te parlais du chant en tant qu’instrument mais après, je dois rentrer dans mes paroles. Au début, je les ai fait naturellement. C’est pareil, ça sort comme ça. J’en ai fait sept ou huit d’un premier jet et après, tu dois en refaire d’autres et là, ça devient un peu plus dur parce que tu te dis : comment je fais ? Le premier jet, c’est toujours plus facile. Après, tu te dis : c’est vrai, c’est ce que je veux faire donc il faut que j’y aille !
Là, je suis en train de signer en édition donc ça devient vraiment un métier à part entière, un truc sérieux. C’est assez génial, je suis excité comme un p’tit gamin avec un nouveau jouet ! C’est Noël, j’ai mon nouveau jouet et il faut que je m’amuse avec !
Tu as beaucoup de chansons finalisées ?
Oui, j’en ai une quinzaine et puis, j’en fais d’autres !
De quoi faire un album !
Oui, mais tu sais, les maisons de disques sont coriaces aujourd’hui parce qu'il faut un album vraiment fort pour un jeune chanteur qui démarre, tu n’as pas droit à trois albums pour te développer. Il y a deux contraintes en fait : il y a les maisons de disques d’un côté et puis il y a moi. J’ai envie de faire un bel album et je me rends compte qu’il y a des chansons que j’avais faites au début qui sont moins bien, il y en a que je n’ai pas envie de mettre sur l’album donc j’en fais d’autres. Pour l’instant, je suis un peu tranquille, j’ai du temps. J’ai pleins de chansons qui me trottent dans la tête donc je bosse. Je ne suis pas trop dans l’état d’esprit du musicien branleur, je pense que ça se travaille, que c’est quelque chose qui s’améliore. Cela fait peut-être sérieux de dire ça mais disons que tu progresses en travaillant tes textes, en peaufinant la musique aussi.
Tu deviens de plus en plus exigeant au fur et à mesure.
Oui. Le résultat est peut-être pourri en fin de parcours et meilleur au début mais en tout cas, j’ai l’impression d’avancer, c’est ce qui compte !
Cela doit être bizarre d’être seul sur scène alors que tu es habitué à jouer sur de grandes scènes, et pas au premier plan.
C’est la suite logique. Si tu veux, mes chansons parlent quand même un petit peu de moi, ce sont des choses un peu personnelles donc je voyais mal quelqu’un d’autre les chanter et quitte à aller au bout du processus, je me suis dit : voilà, vas-y ! Je le fais tout seul parce que, déjà, c’est plus simple. Au point où j’en suis, je n’ai pas de manager, je n’ai personne pour m’aider. J’ai des potes qui font de la musique mais ils sont tous occupés donc le temps de les rassembler, de répéter, il faut des studios… C’est un peu compliqué.
Je me suis dit que je le fais tout seul, d’une part pour ça et d’autre part, pour assumer le fait d’être frontman, pour ne pas me cacher derrière des copains. Je me suis dis si je suis tout seul sur scène, je vais être obligé d’assumer complètement mon rôle, je n’ai pas le choix, je ne peux pas dire : mes musiciens ont mal joué ou il n'y a pas assez de présence. Au départ, c’était un peu un défi de me dire "fais le tout seul" et puis tu y prends goût. Je me perfectionne un petit peu, je comprends comment améliorer les choses, comment mieux chanter, comment mieux incarner mes chansons. C’était un peu un défi et c’est devenu un plaisir en fait !
Tu as déjà fait beaucoup de concert en tant que Dam Barnum ?
Non, j’en ai fait une dizaine. J’ai commencé fin avril de l’année dernière.
Tu en as fais plusieurs ces jours ci.
Oui, j’en ai fait six ou sept. J’ai fait une mini-tournée, je suis parti en province pour la première fois. Comme j’ai eu une période de deux ans où le projet se développait et qu’il ne se passait pas grand chose, le fait de faire des concerts fait que ça devient vraiment quelque chose de réel parce que tu as les gens en face qui te regardent, tu les regardes et il faut leur communiquer tes chansons. Du coup, ça me fait progresser aussi. Quand je remaquette chez moi, je chante de manière moins scolaire.
Pour moi, c’est une période d’apprentissage, j’apprends à devenir chanteur. Je suis un peu vieux pour ça mais bon, on s’en fout ! En vue de préparer un album et de partir en tournée, faire le truc jusqu’au bout ! J’suis lancé, tu sais, on y prend goût, c’est comme une drogue aussi ! Tout en faisant Luke évidemment en parallèle.
Après, tu continues donc les deux projets en parallèle.
Oui, je ne sais pas comment ça va se goupiller. J’ai tout à fait conscience qu’avec un groupe, on a une puissance que je n’aurais jamais, même avec les meilleurs musiciens du monde. Cette puissance, le fait d’être ensemble, cet assemblage à quatre qu’on a trouvé avec Luke, je ne pourrais jamais l’avoir tout seul. Même avec les musiciens de David Bowie ou je ne sais qui, je ne pourrais pas l’avoir ! Donc j’ai d’un côté la puissance, l’énergie et ce groupe que j’adore et de l’autre, mes chansons personnelles, mon p’tit univers que je développe et qui grandit, que j’arrose chaque matin. En gros, c’est ça !
Dam Barnum sera en concert le 14 Novembre chez Les Disquaires (Paris XIème) et à la Maroquinerie en première partie de Poney Express, le 18 Novembre.
Retrouvez Dam Barnum
en Froggy's Session
pour 3 titres acoustiques
en cliquant ici !
|