Les folkeux se rebiffent. Aujourd'hui, la folk, américaine mais pas seulement ne sent plus le foin, ni la terre. Elle sent les eaux délicates de grands parfumeurs, le thé des salons où l'on cause.
Finie la folk viscérale écervelée et bonjour délicatesse. Exit les chemises à carreaux et les rouflaquettes et bienvenue aux cheveux courts et à l'élégance décontractée.
En France, la mode fût lancée il y a peu par F.M. et plus récemment par les excellent Revolver. Mais outre-Atlantique, les Horse Feathers n'en sont pas à leur galop d'essai et c'est déjà leur deuxième album, House with no home, qui arrive chez nous.
Horse Feathers propose une formation pour le moins originale et assez osée. Voix bien sûr, guitare acoustique, un peu de mandoline, un piano, violon et violoncelle et... c'est à peu près tout si on excepte quelques tambourins et percussions qui ressemblent à des baguettes frappées sur une table ou sur les genoux avec une délicatesse rendant le son presque subliminal.
Quelques cuivres s'invitent aussi sur le magnifique "Father
(reprise)", sorte de préparation au silence indispensable après l'écoute de cet album décidément enrobé de délicatesse confinant à la zenitude.
Les mélodies nous enveloppent de douceur sans mièvrerie et lorsque la violoncelliste donne de la voix pour soutenir celle du chanteur sur "A burden" atteint une haute qualité de songwriting qui joue autant avec les mots qu'avec nos émotions.
La douceur du violon, certes pas aussi subtile que dans un orchestre de chambre mais au touché superbement... touchant, apporte indéniablement une grosse partie de l'ambiance parfois éthérée des morceaux, pendant que le piano égraine quelques notes et que la voix se laisse aller à la limite du murmure comme sur "Different gray". La musique étant l'oeuvre du talentueux Peter Broderick.
Lorsque Justin Ringle pousse davantage sa voix, on perd presque le charme sous l'emprise duquel on se trouve tout au long de l'album car ressort alors le versant folk de leur musique et fait parfois ressembler le chant à celui de Tracy Chapman, les lourdeurs et le pathos en moins fort heureusement. Mais ce n'est qu'un détail à peine perceptible et ce House With No Home est un magnifique disque.
Écoutez
pour vous en convaincre l'énergique "Heathen's kiss" ou le presque
country "Helen", ballade amoureuse de prime abord et au texte surprenant ("Helen if you come you know I will go").
Subtile, riche, émouvant et passionnant, House With No Home est l'album folk de cette fin d'année. |