Comédie-vaudeville
de Eugène Labiche, mise en scène de Adel Hakim,
avec Maryse Aubert, Thierry Barèges, Isabelle Cagnat,
Etienne Coquereau, Jean-Charles Delaume, Malik Faraoun, Serge
Gaborieau, Nigel Hollidge, Prunella David et, en alternance,
Bruno Paviot et François Raffenaud.
Adel Hakim, metteur en scène
inspiré et aguerri, n'est jamais là où
on l'attend. Pour "La cagnotte"
de Labiche, étiquetée
comédie-vaudeville et souvent traitée en boulevard,
il puise dans la tragi-comédie, l'opéra comique
et les grandes heures du cinéma muet pour orchestrer
le cauchemar que vont vivre une poignée de petits bourgeois
provinciaux confits dans leurs certitudes venus à la
capitale pour croquer la cagnotte amassée au cours de
longues soirées de jeu.
Sans crainte de forcer le trait, il travestit les comédiens
en marionnettes pour incarner les personnages que Labiche a
réduit à leur caricature et ne craint pas ni les
anachronismes en substituant aux policiers du 19ème siècle
des membres des forces d'intervention du 20ème ni les
clins d'œil comme Tricoche devenu épicier hallal.
Servi par une scénographie ingénieuse et jubilatoire
de Yves Collet, avec un plateau-estrade
étonnant à fond modulable, entre échiquier
et poupée russe, qui délimite le champ d'action
et génère les éléments de décor
manipulés à vue par les comédiens, et un
rythme trépidant, un tempo en accéléré
emprunté au cinéma muet qui accentue le côté
burlesque de la farce, le spectacle, truffé d'intermèdes
chorégraphiés, sur une musique ad hoc de Marc
Marder, emporte tout son sur passage dans un tourbillon
drolatique et drolissime.
Pour distribuer cette folle équipée, Adel Hakim
a fait appel à des fidèles, des comédiens
chevronnés capables d'assurer cet exercice de biomécanique
et d'assumer l'indispensable jeu choral. Emmenés par
Malik Faraoun, comédien subtil
qui prend manifestement plaisir à camper les pères
imbéciles, les notables de la Ferté sous Jouare
(Serge Gaborieau, Etienne Coquereau, Jean-Charles
Delaume, Thierry Barèges, Isabelle Cagnat et Prunella
David) comme les coquins parisiens (Nigel
Hollidge, François Raffenaud et Maryse
Aubert) délivrent une prestation vivement et unanimement
saluée.
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