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Entretien de octobre 2008  (Paris)  24 octobre 2008

La saison 2007-2008 des Cours Publics d'Interprétation Dramatique de Jean-Laurent Cochet s'est achevée début juin. Celle de 2008-2009 a démarré sur les chapeaux de roue le 6 octobre et pas moins de six Master Classes se dérouleront d'ici Noël.

Il est donc temps de reprendre nos entretiens à bâtons rompus avec Jean-Laurent Cochet dont les thèmes sont dictés par ces Master Classes.

Mais auparavant, il était indispensable de faire un tour d'horizon - intéressé - de l'été d'un homme épris de son travail et de son métier qui n'est jamais à court de projets.

L'été de Jean-Laurent Cochet

Il s'est écoulé plusieurs mois depuis notre dernier entretien qui s'est déroulé en juin 2008. Et vos auditeurs et spectateurs, comme moi-même, sommes intéressés de savoir comment s'est passé votre été.

Jean-Laurent Cochet : Il s'est très très bien passé. Il a été avant tout marqué par les représentations de "Aux deux colombes" en festival : au Festival de Sisteron, au Festival de Terre-Neuve et au Festival de Fréjus avec Marcelline Collard qui reprenait le rôle de Virginie Pradal qui ne pouvait assurer la tournée. Ce qui est extraordinaire, c'est que cette pièce intimiste a été jouée en plein air, certes un peu sonorisé, mais nous sommes des comédiens donc nous savons nous faire entendre. A Sisteron, nous avons joué devant 700 personnes enchantées et manifestant leur joie, à Fréjus, où les arènes sont encore plus difficiles au niveau acoustique, devant 1 100 personnes, puis devant 500 personnes devant le magnifique Château de Terre-Neuve en Vendée.

Les vacances sont pour vous des moments de repos mais vous n'êtes jamais en vacances de tout. Ont-elles donc été studieuses et porteuses de projets ?

Jean-Laurent Cochet : Etre totalement en vacances est une chose rare en ce qui me concerne mais, ce qui a été bien cet été, est que, ne voulant pas me retrouver avec du monde, je suis resté à Paris où les mois d'été sont très agréables car il y a moins de monde ; on peut marcher tranquille, on respire mieux et cela m'a permis d'aller beaucoup au cinéma. Car, contrairement à ce qui se passe les autres années, il y a eu énormément de bons films qui sont sortis cet été. Cela m'a permis également de continuer à lire beaucoup et de m'avancer un peu dans mes projets de la saison prochaine.

Les représentations de "Aux deux colombes" vont se poursuivre en tournée jusqu'à fin mars 2009 avec beaucoup de temps passé à Paris. Le 8 décembre 2008 se déroulera une Master classe très particulière qui se déroulera le soir à 20 heures,à la Pépinière théâtre, et qui sera, non pas une audition, car je n'aime pas beaucoup convoquer les gens du métier, qui, souvent, ne viennent pas, pour faire passer des élèves comme du bachotage, scène de ceci ou de cela par Madame Trucmuche ou Monsieur Schmoll.

Ce sera un cours public mais destiné à faire entendre et connaître au public, et aux professionnels qui viendront sous la houlette de mon agent Laurent Grégoire, ce qui se fait comme travail à mon cours et, surtout, ce qui se fait sur le plan des personnalités. Car il y en a de plus en plus et, d'ores et déjà, la cuvée de septembre nous révèle des gens absolument remarquables par leur esprit d'abord, par leurs qualités, par leur travail, par leur physique. Tout cela est plus florissant ! Ce cours ne devient pas submergeant mais presque et il faut multiplier les lieux, les jours et les heures pour dispenser les cours.

Se dessinent également déjà les projets pour les festivals de l'été 2009 avec la création d'un festival à Condom d'une ancienne élève à moi, une comédienne merveilleuse qui s'appelle Catherine Morin. Elle y crée un festival qu'elle veut me dédier et je pense que nous aurons la présence de Laurent Gerra, de Fabrice Lucchini, peut-être, pour que je sois entouré de ceux que j'admire le plus, et moi-même je donnerai sans doute "La reine morte" et, peut-être, mon spectacle intitulé "Carte blanche" où je raconte mes histoires de théâtre. Ce dernier spectacle sera aussi à l'affiche du Festival de Terre-Neuve. Il y a également un projet au Château de Josselin.

Et puis, Arnaud Denis, qui est un ancien élève que j'aime tant, avec qui nous avions le projet de travailler ensemble, et moi celui d'être dirigé par lui, c'est ce qui m'amuse surtout, pour le festival d'Anjou, et peut-être pour d'autres lieux, va mettre en scène "Les femmes savantes" et il m'a demandé de jouer Philaminte. A l'époque de Poquelin ce rôle avait été créé par une femme et puis Vilar l'avait fait jouer par Georges Wilson, ce qui était très mauvais et il vaut mieux que je l'oublie.

Cela m'amuse beaucoup parce qu'il ne s'agit pas de faire une composition, ni une caricature, surtout pas : c'est un personnage qui n'a rien de grotesque si ce n'est que c'est elle qui mène la maison, son mari s'est un peu effacé devant elle, donc c'est un peu irrévérencieux mais pas étonnant qu'un homme joue ce rôle. Nous verrons comment cela se présente donc devant ce public avant de le jouer à Paris.

Enfin, je prépare également, mais sans que l'on puisse en connaître déjà les dates, ce serait au plus tôt pour janvier 2010, une reprise d'un Guitry que j'avais, j'allais dire "créé" mais il est vrai que celui-là aussi n'avait jamais été rejoué depuis sa création. Il s'agit de "Tu m'as sauvé la vie" où je reprendrai mon rôle avec quelques-uns des comédiens qui m'entouraient et, dans le rôle du clochard qu'avait créé Fernandel, je pense que ce serait Jean-Pierre Castaldi qui a été un de mes tous premiers élèves.

En janvier 2009, ce sera très beau et très intéressant, nous ferons quelques représentations dans le merveilleux Musée Gustave Moreau avec Pierre Delavène, Marina Cristalle, Axel Blind, William Beaudenon et Olivier Leymarie, de notre spectacle "Quand La Fontaine nous est conté" qui sera un peu reconsidéré pour y glisser certaines des fables qui ont été illustrées par Gustave Moreau et pour que le spectacle lui soit plus spécialement dédié.

Que dire encore ? Ah, ce qui me fera un énorme plaisir, et qui sortira en décembre ou en janvier, chez le merveilleux éditeur Bernard de Fallois, le texte original de Guitry que nous avons déniché avec Pierre Delavène et porté à la scène sous le titre "Correspondance inattendue" que j'ai joué cet été au Théâtre Tristan Bernard et j'en rédigerai la préface.

Il y a également la préparation du spectacle de fin de saison en Vendée avec mes merveilleux élèves de Vendée qui sera en forme d'hommage à Jean Anouilh où on ne donnera que des scènes extraites de son théâtre pour rappeler qu'il est le dernier vrai grand auteur dramatique et que, dans son théâtre, il y a tous les emplois et tous les rôles. Voilà je crois que je n'ai rien oublié. Ensuite il y aura peut être d'autres choses qui se grefferont là dessus.

Au plan des évènements ponctuels, nous ferons en février une belle classe publique à l'Automobile Club de France qui est un lieu où nous jouons régulièrement, dans la très belle bibliothèque, devant un public choisi. Toujours en attente et en préparation, mais cela n'interviendrait sans doute pas aussi vite que nous l'espérions, un troisième livre me concernant. Sa parution se trouve retardée car il sera construit à partir d'entretiens que j'ai eu avec une personne qui s'est démise de ses fonctions et donc il y a un gros travail de décryptage des enregistrements.

Les nouveaux élèves : la promotion 2008-2009

Vous l'avez évoqué il y a quelques instants, septembre est le mois des nouvelles inscriptions et la nouvelle promotion, si l'on peut dire concernant vos cours qui ne sont pas organisés en cursus rigide, et vous l'avez indiqué d'ores et déjà lors des Master Classes, la nouvelle promotion s'avère très prometteuse. Quels sont les constatations qui vous étonnent ou réjouissent le plus ?

Jean-Laurent Cochet : Compte tenu de l'affluence des demandes d'inscription nous devenons de plus en plus exigeant et, ce que je ne souhaitais pas faire auparavant, nous sommes dorénavant obligés de le faire. Nous faisons passer des auditions d'entrée avec également des candidatures à l'essai. Cela constitue donc un tri. Il y a toujours eu des gens attachants mais ils sont de plus en plus nombreux. L'audition de début de saison en septembre concernait une trentaine de candidats et nous en avons gardé plus de 20 ce qui est déjà énorme.

Mes assistants ont chacun des groupes définis alors que pour mes classes personnelles je réunis tous les groupes pour qu'ils puissent assister à leur travail mutuel. Et ce qui m'a frappé, avant même leurs qualités de futurs comédiens, c'est leur qualité d'individu.

Et circule entre eux, alors qu'ils sont d'origine différente, un esprit exceptionnel de qualité d'écoute et, il faut le souligner, car à notre époque cela devient rare, ils sont bien élevés, courtois, charmants, élégants et ils ont très envie de travailler. Ils sont passionnés et tout fusionne entre eux et les plus anciens, ce à quoi se rajoutent les dons d'abondance chez certains ou des qualités plus singulières chez d'autres. Ca a un charme fou !

Il y a, comme presque toujours maintenant, moins de filles réellement intéressantes que de garçons car elles sont un peu plus contaminées par l'époque où elles vivent, et bien d'autres raisons. Il y a une brochette de garçons, d'emplois, de physique, de timbres différents. C'est la raison pour laquelle j'en ai retenu quelques-uns dès la première Master Classe d'octobre pour les faire connaître, notamment avec cette scène de répertoire jouée à plusieurs, ce qui est très public et payant, et ils ont été remarquables. Il y a en ce moment un climat exceptionnel au cours. C'est donc une cuvée de très grande qualité avec ce mélange d'envie de travailler et, tant mieux pour eux, des physiques, des timbres de qualités et de beaux emplois parmi eux et surtout un état d'esprit qui est très agréable. On est très heureux ensemble.

Molière ou Corneille ?

Toujours lors des Master classes vous avez évoqué le cas, ou la polémique rocambolesque sur Molière et Corneille, à savoir que c'est Corneille qui a écrit les pièces signées Molière.

Jean-Laurent Cochet : Ce n'est rocambolesque que parce qu'à l'époque de Molière, Molière n'est pas un individu, il y avait Jean-Baptiste Poquelin et cela fait maintenant plus d'un siècle, depuis Pierre Louys notamment, que des gens comme Hyppolite Wouters, et plus récemment Denis Boissier, et plus récemment encore Franck Ferrand, nous ont rappelé que, pendant le 17ème siècle et une grande partie du 18ème, pas plus que cela n'avait étonné ce qui avait été dit sur Shakespeare, bien sûr qu'il avait existé, bien sûr qu'il était un comédien avant tout et qu'il avait écrit certaines pièces, dont on ne sait pas lesquelles et en collaboration avec qui, car l'écriture était très collégiale et cela n'étonnait personne, personne ne revendiquait la responsabilité d'être le plus grand, d'être le meilleur.

C'étaient des hommes de théâtre. Il en était de même à l'époque de Molière, je préfère d'ailleurs dire Poquelin, parce que Poquelin, on ne sait qui lui avait attribué ce nom de Molière et d'où cela venait, quand il a fallu trouver tout simplement une marque de fabrique on l'a ainsi baptisé, car il était toujours Jean-Baptiste Poquelin, bouffon du roi, comédien, directeur de troupe. Molière était à l'origine écrit sans accent et c'était un verbe latin qui voulait dire "légitimer". Déjà cela est assez extraordinaire ! Ce sont les romantiques qui ont commencé à broder autour du personnage, la Révolution a suivi, et ensuite c'est devenu indéboulonnable, et personne ne se posait plus de questions si ce n'est, très tôt, Pierre Louys au début du 20ème siècle.

Personne ne s'est étonné de ce qu'il était concrètement impossible d'écrire autant de pièces. Molière n'en aurait pas eu le temps. Personne ne s'est étonnée, sous couvert de dire "c'est cela le génie", de ce que les premières pièces, qu'il a sans doute écrit même si c'est en collaboration avec Béjart, le frère de Madeleine, étaient des pièces grossières, vulgaires, pas très drôles, faites d'après des canevas du Pont Neuf comme "Le médecin volant", et qu'à partir d'une certaine, date, comme par hasard quand il a rencontré Corneille, il se soit mis à faire des chefs d'œuvre, ce dont il aurait bien été incapable. Il devait y collaborer en y glissant certaines scènes, car le roi n'aimait que les farces, comme les scènes des paysannes dans "Dom Juan" mais sans être capable d'écrire les scènes d'Elvire et de Dom Louis, entre autres. Il y a glissé la scène de Monsieur Dimanche qui justifierait presque que Patrice Chéreau l'ait coupée quand il a monté cette pièce.

Il n'existe aucun manuscrit de Molière à part cette fameuse facture de tapissier qu'il a signée deux fois et, grâce au Ciel, on se heurte aujourd'hui moins à des gens qui refusent toute rectification de la vérité en disant :"C'est génial!". Oui, c'est génial mais ce n'est pas de lui ! Un point c'est tout. Nous ne saurons jamais tout en détail. Ca a commencé avec Boileau avec les deux vers sur lesquels personne ne voulait revenir parce qu'il a quand même écrit : "Dans ce sac ridicule où Scapin s'enveloppe, je ne reconnais pas l'auteur du Misanthrope". Ca a été dit une fois pour toutes. Et c'est un sujet dont j'avais beaucoup parlé avec Madame Dussane qui partageait mon opinion d'ailleurs. Mais il ne fallait surtout rien dire même si on pressentait la vérité. Il ne fallait pas dire la vérité aux gens qui préfèrent ne pas savoir, rester ignorants.

Puisque nous connaissons la vérité, ce qui est merveilleux est cette association entre ces deux hommes et il y a peut-être eu d'autres collaborateurs. Corneille lui-même, de temps en temps écrivait avec des associés, comme Donneau de Visée ou d’Assoucy, cela se faisait très couramment à l'époque et cela n'étonnait personne. Tout était plus simple et on n'avait pas encore créé la Société des Auteurs. Rien d'étonnant à ce que Corneille accepte puisqu'il était payé par Molière, qui avait une grosse fortune, et qu'il pouvait ainsi écrire les pièces qu'il n'aurait plus pu écrire en tant que Corneille puisqu'il avait été disgracié. Et surtout moi, et c'est là mon métier et que j'interviens, j'ai toujours senti qu'il y avait là un mystère, un mystère qu'on ne résout pas en disant que c'est une énigme, comme le masque de fer, ou en disant :"c'est le génie".

Il ne s'agit pas de déboulonner Molière mais chacun a sa part et sa place. Molière était aussi un très grand comédien, un directeur de troupe qui a su reprendre la troupe créée par Madeleine Béjart pour sillonner la France jusqu'au moment où ils sont arrivés à Rouen où il y a eu la rencontre avec Corneille qui, alors même que pour entrer à l'Académie française il n'avait pas voulu quitter sa province, est venu s'installer à Paris dans la maison voisine de celle de Molière, comme par hasard et sans qu'on s'en vante. Ils ont travaillé ensemble et les pièces sont de Corneille.

Qui connaît bien comme moi l'œuvre de Corneille, de la première comédie à la dernière tragédie "Suréna" qui est admirable, qui est bien plus belle que les tragédies de Racine, avec les comédies héroïques, avec les tragi-comédies, avec toutes ses inventions, c'est le grand homme français du 17ème siècle, c'est notre Shakespeare, notre Cervantès, et ce qui est intéressant est de lui rendre ce qu'on lui doit. Toutes ses comédies sont des chefs d'œuvre. Et j'en parlai récemment avec Jean Dutourd, même les tragédies les plus honnies comme "Attila" ou "Agésilas", et je les ai relues récemment, même s'il y a de temps en temps des vers un peu pompeux mais les personnages le justifient, ce sont des merveilles. On est en pleine période élisabéthaine transposée au 17ème siècle, avec des héros venant de tous les azimuts. C'est le très grand auteur. Le très grand homme c'est Corneille. On dit "l'affaire Molière" comme si on dirigeait tout cela contre lui mais dire "l'affaire Corneille" serait plus exact. C'est pour rendre sa vraie place à Corneille ! Et il n'y avait pas à attendre l'intervention de l'informatique pour étudier les nombres et la scansion.

Toutes les grandes pièces, comme "Tartuffe" ou "Le misanthrope", ne peuvent absolument pas avoir été écrites par Molière ! Moi ça me titillait depuis mon plus jeune âge mais avec des gens comme Jean Meyer on n'en parlait pas. Avec Madame Dussane on en parlait beaucoup plus mais sous couvert du secret. Sa première réaction a été extraordinaire. Elle m'a dit : "Tu connais mon livre ? Comment je l'ai intitulé ?". Et le titre sublime de son livre est "Un comédien nommé Molière". Il ne faut pas aller très loin pour le décrypter. Elle y décrit des scènes de ménage chez les Poquelin et Molière a sans doute fourni à Corneille des scènes de famille pour les pièces bourgeoises où il a glissé son opinion. C'est ainsi qu'il y a parfois des vers très mauvais. Quand le personnage a besoin de s'asseoir il fait dire à Elmire dans la scène avec Tartuffe "Mais prenons une chaise afin d'être un peu mieux". C'est grotesque !

C'est ce qu'écrivent maintenant les gens de Parly II, de Bécon les Bruyères III, tous ces relecteurs. Personne ne s'est étonné d'entendre ce vers après le vers admirable "Je suis fort redevable à ce souhait pieux". On retrouve le style de Corneille, celui de ses premières comédies, dans toutes les comédies de Molière, telles "Le menteur", "La suite du menteur", "Mélite", "La galerie du palais", "La place royale", "La suivante", "La veuve" qui ont également des chefs d'œuvre mais les gens ne les connaissent pas. A part une scène écrite par Molière, et on n’en est pas sûr, il a écrit "Psyché". Après, comme par hasard, quand leur théâtre a été publié on ne retrouve absolument pas le nom de Corneille ! De leur vivant on disait que c'était de Quinaud, Corneille et Molière ; ensuite hop! "Psyché" n'existe que dans les œuvres de Molière.

Si on analyse tous ces faits, comme l'ont fait récemment certains auteurs, on est effaré vu la somme d'éléments qu'ils relatent qu'on les ait occultés si longtemps. Car c'est passionnant et cela ne retire rien au personnage, au chef de troupe, comme cela ne retire rien à Jouvet de ne pas avoir écrit les pièces de Giraudoux qu'il aurait pu signer puisqu'il l'a aidé si souvent. Je trouve cela extraordinaire cette collaboration avec le plus grand comédien de son temps, il a renouvelé le jeu dramatique, si ce n'est qu'il voulait jouer la tragédie et c'est pour ça qu'il a joué tous les Corneille jusqu'à ce que le roi lui dise que la tragédie ne l'amusait pas beaucoup. Il ne ressemble pas du tout au portrait qu'en a fait Mignard.

Le portrait où il se ressemble le plus est comme par hasard le tableau des farceurs, des comédiens italiens, où il présente ses personnages. Je ne vous dis que le centième et il faut lire ces livres qui se lisent comme un roman, mais un roman qui établit des vérités. On y apprend que Molière n'était pas un saint, loin de là, qu'il n'avait pas seul l'apanage de la douleur et de l'amour. Tout dans l'œuvre de Corneille révèle un amoureux bien plus profond, plus tendre, plus émouvant. Il n'y a qu'à voir les vers d'"Amphitryon". C'est évident ! Molière n'aurait pas eu le temps d'en écrire 10 alors que Corneille pondait abondamment et il connaissait tous les canevas de toutes les soties qu'on pouvait adapter, ce que n'aurait pu faire Molière qui n'avait pas été à l'école.

L'aventure de Pierre Louys a été une injustice. Ca a entraîné la jalousie de tous ceux qui n'y avaient pas pensé, la fureur de tous ceux qui se sont rendu compte qu'ils avaient été très "cons" de ne pas avoir vu cela, "on est inculte il ne faut pas le dire". Pour ma part, vous pensez bien que je n'allais pas me mêler de mettre mon grain de sel là où d'autres le faisaient mieux que moi. Mais maintenant, je ne m'en cache pas puisqu'on estime que, étant qui je suis, mon opinion peut faire autorité ; j'ai encore eu, il y a quelques jours, un entretien avec Michel Drucker à l'occasion du livre de Franck Ferrand, et je prends fait et cause pour ça. Nous ne saurons sans doute jamais tout en détail mais ce n'est pas ça qui nous importe. Il y a peut-être des vers de Béjart, des vers qui viennent d'une réaction d'un comédien, comme pour Guitry.

On a toujours trouvé des explications à tout. Il y a des choses moins bonnes, moins bien ficelées qui sont peut-être de Molière, comédien, homme de théâtre. Je ne dis pas qu'il ne savait pas trousser quelquefois certaines choses mais c'était du Barillet et Grédy relativement à ce qu'est Guitry ! Et ce qui est passionnant c'est le personnage de Corneille qui est un homme étonnant. Les gens se posent de mauvaises question telle : "Vous croyez qu'un auteur se serait tu quand on a attribué ses oeuvres à un autre ?". Oui, parce que c'était son intérêt. On ne voulait plus entendre parler de lui, il était payé par Molière. Il est resté 7 ans sans écrire sous son nom et c'est pendant ce temps là qu'il a fait une grande partie de l'œuvre de Molière. Il faut absolument livre ces livres ! Le premier à relancer l'affaire il y a quelques années c'est un belge, Hyppolite Wouters. Son livre est délicieux. Denis Boissier a consacré une partie de sa vie à cette étude et maintenant il y a Franck Ferrand.

Il s'est attaqué à cinq énigmes de l'histoires telles Alésia, maintenant tout le monde admet que le lieu d'Alésia n'est pas du tout en Bourgogne mais en Franche Comté, l'affaire Dreyfus, qui a été arrangée par de grands généraux de l'époque qui y avaient trouvé leur intérêt, le tombeau de Napoléon, on sait maintenant qu'il a été enterré à Westminster comme il le redoutait et on a mis le fameux Cipriani dans son tombeau qu'on avait ouvert avant de le rendre. Il n'y a donc pas de sacrilège! Tout le monde sait maintenant que Jeanne d'Arc était une sainte femme mais qui, s'il n'y avait eu tout l'argent de Yolande d'Aragon derrière elle, n'aurait jamais manipulé une armée à elle seule. Tout ça c'est de l'incrédible et, en voulant ériger des légendes, on retire, au contraire, la qualité humaine qui était la sienne.

L'affaire Molière ça paraît peu de chose. Je me souviens de Robert Manuel qui était allé à une émission de Pivot, ou d’un autre gugusse, qui avait reçu Wouters, avec une collection de bustes de Molière faits on ne sait où, sans même être sûr qu'il s'agissait de lui, en disant : "Bien sûr qu'il a existé, voilà ses bustes !". Tout a été fait avec une ordinarité, un faux respect, une sensiblerie incroyable. Ca me passionne !

Oui, nous avions beaucoup parlé de ce vers de Boileau avec Madame Dussane et elle y voyait l'indication d'un jeu de scène à la création de la pièce. Il devait porter autour de lui ce sac avant d'y mettre Géronte. Si on relevait toutes les fautes qu'on n'a pas corrigées pendant des siècles parce que c'était dans la brochure ! Mais il devait y avoir dans les brochures ce qu'il y a maintenant dans toutes les éditions Garnier Flammarion, et bien d'autres, des coquilles d'une bêtise incroyable quand ce n'est pas le fait conscient, volontaire de quelques profs de littérature de la dernière pluie qui corrigent des vers parce qu'ils pensent que les gens ne le comprendraient plus. Et pour ça personne ne s'insurge, même pas l'Académie Française ! Quand je le leur ai donné 50 exemples de cela, il m'a été répondu qu'on ne pouvait pas aller contre les éditeurs ! Qu'est ce que cela veut dire ?

Ce qui m'amuse, sans me réjouir d'ailleurs, dans le domaine, j'allais dire des cabots avec beaucoup de tendresse, est que, disons dans le domaine des artistes dramatiques, de temps en temps, ça soulève quelques réactions : "Oh ça parait énorme !" Oui, c'est énorme qu'on ne s'en soit pas rendu compte avant ! Mais sinon, parmi les gens qui ne sont pas du métier, j'oserai dire qu'ils s'en foutent. De même que si on leur demande pourquoi ça s'appelle le Français ils sont incapables de répondre. Ca s'appelle le Français parce qu'on allait y voir des comédiens français. On allait aux Français ce qui était une faute de français écrite au pluriel. Et si on leur fait remarquer que ce n'est pas normal, ils répondent qu'ils ont toujours entendu ça depuis 80 ans ! Cela paraît un événement, c'en est un si c'est pour remettre Corneille à sa vraie première place. Et c'est amusant s'agissant de penser que c'est Corneille le grand auteur du 17ème siècle.

La politique culturelle

Vous évoquiez le Français ce qui amène une question qui va vous fâcher sans doute. Elle concerne les événements récents concernant la politique culturelle telle la fermeture du Vieux Colombier, certains théâtres sans directeur, la Comédie Française transplantée à Bobigny et la fermeture de certains théâtres d'arrondissement à Paris.

Jean-Laurent Cochet : La Comédie Française joue déjà à Bobigny en étant salle Richelieu ! Tout cela n'a aucun sens ! Je n'en pense rien. Cela ne me concerne pas. A partir du moment où c'est la politique qui se mêle de prendre des décisions concernant le théâtre cela ne m'intéresse pas. Ce n'est pas leur métier, ils n'y connaissent rien et cela fait des années maintenant que cela dure avec les subventions attribuées en fonction de la couleur politique. Tant qu'il n'y aura pas de ministres qui savent de quoi ils parlent, et Dieu sait que j'aime notre Président à tous points de vue, on l'attendait ce petit grand homme, c'est absolument extraordinaire ! Mais malheureusement, comme beaucoup de ses prédécesseurs, en dépit des talents de comédien de son fils quand il a voulu faire ce métier là, il délaisse un peu le domaine de la culture qui a toujours été laissé à vau-l'eau, selon le principe que la culture en France c'est le domaine de la gauche, tant, disais-je, qu'il n'y aura pas un homme compétent qui sait de quoi il parle, on ne parlera jamais que de fric et de politique.

Ce sont les mêmes qui ont créé ces théâtres et les maisons de la culture en province qui veulent maintenant les fermer sans qu'on sache pourquoi. De toute façon, il y a trop de théâtres. Et puis, c'est la qualité qui devrait primer mais il ne savent pas. A force de louer, pour de raisons politiques, des pièces qui sont des charges, des défigurations, un monument d'horreur et d'ennui qui dégoûtent le public, certains gens du métier rentrent dans le jeu ….

Ca ne m'intéresse pas ! Tout ce que je vois c'est que le théâtre, subventionné ou non, se meurt, à cause de toutes ces sollicitations diverses, à cause du manque de professionnalisme, de culture, de connaissances des choses. Humainement c'est honteux ! Artistiquement c'est rien !

Il faut espérer que ceux qui sont vraiment fait pour ce métier s'en sortiront toujours même s'ils ne sont pas subventionnés. C'est peut-être ainsi qu'on en viendra à faire notre travail comme Monsieur Copeau l'avait fait en 1913 et puis comme d'autres l'ont fait depuis sans chercher des appuis politiques. Mais cela a été de tous temps et j'ai eu à lutter contre ça. Cela a existé dans le passé, depuis Monsieur Malraux. Ca a commencé sous De Gaulle avec Mademoiselle Laurent, les Pierre-Aimé Touchard qui ne savaient pas de quoi ils parlaient, qui étaient des universitaires de la pire extraction. Ils n'ont aucun goût, aucune connaissance, aucun discernement et c'est la gabegie financière. Ca a existé de tous temps avec ces gens qui ont voulu laisser leur nom, leur cathédrale, leur pyramide et puis tant pis si le théâtre en meurt et s'il y a des gens mis au monde pour ça qui n'arrive pas à faire leur métier parce qu'ils n'ont pas, eux, l'esprit d'aller se vendre. Pour ma part, j'ai assez donné.

Françoise Seigner

Le temps file et je voudrai que vous nous parliez des grandes figures du métier justement que vous évoquez souvent lors des Master Classe et en l'occurrence de Françoise Seigner.

Jean-Laurent Cochet : Ah oui il faudrait en parler beaucoup et, de tous ceux qui en ont parlé, je pense être celui qui, en définitive, connaît toute sa famille. Pour parler de Françoise, il faudrait faire tout le parcours qui a été le sien. Fille de comédien, et ce n'est pas pour ça qu'on a du talent, elle a voulu quand même faire ce métier. Au Conservatoire, à cause de son physique, on l'a cataloguée dans les soubrettes qu'elle jouait bien mais on sentait, déjà à l'époque, que ce n'est pas là-dedans qu'elle se réaliserait le plus. Le drame de sa vie privée est qu'elle n'a jamais eu, et Dieu sait qu'elle le souhaitait car c'était une charnelle, une passionnelle, une sensuelle, de réelle vie de femme, ce qui a influé sur son caractère et son tempérament et que cette femme, qui avait presque toutes les qualités de la terre, petit à petit, se rendait odieuse à certains.

On a tout dit sur Françoise comme sur tout le monde. Elle et moi, on s'est même fâché pendant 5 ans sans que les gens sachent qu'on s'appelait en coulisses pour se dire que ça va quand même finir un jour parce qu'on n’en pouvait plus de ne pas se voir. Elle me disait : "Si on ne se voit plus, à qui veux-tu que je parle de tout ce qui nous intéresse ?".

Elle a eu une vie bien particulière quand elle a été renvoyée du Français ; elle en a bavé. Tous les gens de l'extérieur se sont emparé d'elle en sachant que c'était une comédienne unique et c'est là que Planchon lui a fait jouer Dorine avant que je ne le lui fasse jouer moi-même. Nous avons été 4 metteurs en scène, Planchon, Jacques Fabbri Jacquemont et moi, qui l’avons fait jouer. C'était une comédienne considérable, une femme difficile : une femme qui prônait le bon sens et qui souvent se fourvoyait. Il faudrait en faire un roman de la vie de Françoise, de son parcours, de ses éclats. Elle était d'une vie étonnante, d'une mauvaise foi et, en même temps, généreuse, avide de tout, curieuse, soupe au lait, irascible et, en même temps, avec beaucoup de tendresse qu'elle mettait dans tous ses rôles.

C'est moi qui, en lui faisant jouer Arsinoé, l'ai fait retourner à la Comédie Française. Elle avait joué différentes pièces dans ma compagnie, et Jean-Jacques Gautier, un critique de l'époque, ce n'est pas flatteur que ce soit lui mais il était écouté à l'époque, avait écrit, en parlant d'elle et de moi : "On se demande comment la Comédie Française a pu laisser échapper, quelquefois apparemment avec plaisir, des comédiens qui devraient encore être chez elle". Moi, il se trouve qu'on ne m'a pas demandé de revenir et que je n'aurai pas accepté à ce moment-là, mais Françoise est rentrée en grande vedette, ce qui lui a un peu tourné la tête d'ailleurs. Elle était sociétaire quelques mois après.

On a créé pour elle "La commère" de Marivaux, qui n'avait jamais été jouée, et on a repris toutes les pièces dans lesquelles elle pouvait jouer les grandes soubrettes comme Dorine, et Toinette, tout spécialement. Quand j'ai monté "Le malade imaginaire", qui a été couronné de tous les prix de la terre, elle avait joué Toinette, en dépit de tous les gens qui la trouvaient trop âgée pour jouer une soubrette de 26 ans, et elle a été absolument géniale ! Après, malheureusement, elle est restée dans la maison quand ont commencé à arriver des administrateurs, des metteurs en scène et des gens qui n'étaient pas du tout de sa famille.

Mais il fallait bien se défendre et ne pas laisser tous les rôles aux autres ; et alors là, elle a été très souvent très malheureuse. Elle n'y voyait plus très clair et a fini, un jour, par donner sa démission après avoir fait des mises en scène, ce qui m'avait un peu étonné car rien dans son passé ne me laissait prévoir que cela l'intéresserait. L'enseignement ne l'intéressait pas vraiment. Elle s'intéressait à des jeunes isolément mais elle n'avait pas la patience, comme son père d'ailleurs, de s'occuper d'un cours.

Elle aimait les fondations et elle s'est ruinée en faisant des maisons un peu partout en France. Ses maisons, ses maisons ! Il est vrai que c'était une femme ouvrière, et une vraie compagnonne. Elle a été sublime dans Madame Gervaise dans "Jeanne d'Arc" qu'on avait monté pour elle avec Jean-Paul Lucet qui l'avait dirigé admirablement et moi je les avais accueillis en festival. C'est vraiment, je crois que je l'ai dit au cours, après Madeleine Robinson, la dernière vraie grande comédienne de théâtre. Et comme toujours, le cinéma fait moins appel à eux. Elle a tourné peu de films. Mais il est vrai qu'à moins d'avoir vraiment besoin d'argent, ce n'est pas au cinéma qu'un comédien est particulièrement heureux d'exercer son métier.

Alors, avec la chère Françoise on était un peu comme frère et sœur. On partageait les mêmes engouements, les mêmes passions les mêmes goûts car "engouements" ça peut sentir la mode ; on avait eu les mêmes maîtres et on était profondément attachés. Et quand je me suis occupé de la soirée d'adieu de son père, je me sentais un peu comme un enfant de la famille à la maman exquise cette délicieuse Marie Cazeaux, qui avait été une jeune première merveilleuse à l'Odéon et qui a tout abandonné en épousant Louis Seigner.

De tels personnages, qui ont tout sacrifié à leur métier, n'existent quasiment plus. Ca a été des carrières difficiles même quand on croyait que ça se passait très bien car il a toujours fallu qu'ils se battent ; rien n'était jamais acquis et c'était Louis Seigner qui disait cette phrase que Françoise a repris à son compte : "Le théâtre n'est pas un métier c'est une aventure".

C'est une aventure mais c'est aussi un métier et c'est pour cela qu'il ne faut pas laisser n'importe qui s'aventurer sans avoir le métier à la base. Françoise, c'est une petite anecdote mais cela m'a naturellement bouleversé, on continuait à se voir et déjeuner ensemble de loin en loin tout en reprenant notre conversation comme si on s'était quitté la veille.

Il y avait un petit moment qu'on ne s'était pas vu et elle m'a appelé. Elle m'avait envoyé quelques jours avant un jeune élève, remarquable d'ailleurs qui fait partie de cette dernière cuvée, ce qui m'a fait plaisir, et en m'appelant elle me dit sans aucun humour, alors que Dieu sait que si elle n'avait pas toujours de l'esprit dans certaines circonstances l'humour ça frisait, elle était maligne, ce jour-là elle ne plaisantait pas du tout et j'ai mis un moment à comprendre.

Elle m'a dit : "Tu sais ce qui m'arrive aujourd'hui ?". Je lui réponds :"Non ma chérie". "J'ai 80 ans!" Je lui dis : "Ah oui, on n'y songe pas et ce n'est pas ce qu'il y a de plus intéressant et il y a des gens qui peuvent avoir 90 ans". "Ah oui mais moi je ne l'accepte pas. Je ne peux pas et c'est ce qui me désole je suis très malheureuse car je pensais être plus forte que tout ça. Mais j'ai changé de chiffre ! Je ne suis pas une femme de 80 ans ! Je ne peux pas imaginer que je suis une femme de 80 ans !"

J'essaie de la raisonner et là dessus elle m'envoie le livre qu'elle avait écrit sur son père. Comme je n'étais pas particulièrement enthousiaste après sa lecture, je ne lui ai pas répondu tout de suite en comptant laisser passer les vacances pour l'appeler. Le jour où j'ai décidé de l'appeler, parce que Liliane Sorval m'avait dit : "Je crois qu'elle ne se porte pas très bien", et bien ce jour-là, c'est le jour où elle mourrait. C'est quand même extraordinaire comme relation ante mortem et post mortem.

Quelle image, quelles paroles ou quel événement vous viennent à l'esprit quand vous évoquez son souvenir ?

Jean-Laurent Cochet : Ah ce sont nos fous rires. C'est notre travail aussi. C'est avant tout qu'elle avait un défaut dont elle ne s'est jamais corrigée, et qui fait qu'elle s'est fâchée avec beaucoup de monde, qu'elle était ab-so-lu-ment intolérable et impraticable dans le métier : à moins qu'on la tarabuste, elle n'arrivait jamais avec moins d'une demi-heure, trois quarts d'heure de retard ! On se demande même comment elle n'a jamais raté son entrée dans une représentation ! Parfois, elle arrivait pas coiffée tellement c'était viscéral et, si on le lui reprochait, elle rétorquait (ndlr : d'un ton bougon que Jean-Laurent cochet restitue avec humour) : "Oui, je sais, je sais, je suis en retard !Je suis Françoise Seigner !". Nous avions donc un peu rompu nos relations une fois car elle rejetait la faute sur tous les autres.

Mais, travailler avec elle était merveilleux car elle était d'une invention extraordinaire ; elle réinventait le rythme des textes, elle faisait sa propre prosodie sans chercher à faire autre chose que ce qui était écrit par Corneille ou Molière. Les fous rire, bien sûr, car nous avons beaucoup joué ensemble, un peu partout, dans toutes les circonstances, dans des tournées mémorables qui, comme le disait le monsieur qui nous accompagnait : "Je vous emmène aux marches de la Patagonie". Et, effectivement, nous sommes allés aux marches de la Patagonie, ce qui n'était pas ce qui avait de plus amusant. Tous les festivals avec l'équipe, Hirsch et Charon, qui formaient une bande merveilleuse, et ensuite avec ma compagnie, toute l'Amérique Centrale, l'Amérique du Sud et puis les festivals ! C'était la joie, la plénitude ! Nos soirées poétiques aussi, car elle disait les vers admirablement. Ce sont des souvenirs rarissimes !

 

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En savoir plus :

Le site officiel de Jean-Laurent Cochet

Crédits photos : Laurent Hini (Plus de photos sur Taste of Indie)


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# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine

On fait le plein de découvertes cette semaine avec des tas de choses très différentes mais toujours passionnantes. Pensez à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.

Du côté de la musique :

"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch

"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard

Au théâtre :

les nouveautés :

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
"Sub Pop, des losers à la conquête du monde" de Jonathan Lopez
"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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