En première partie de cette soirée, une jeune chanteuse, Ali Harter, nous emmène au grès de ses balades tendances country, dans un univers très intimiste. Sa voix, mélange de KT Tunstall et Colbie Caillat, pousse la note aussi bien dans les aigües que dans les graves.
Ses performances à la guitare sont parfois victimes de petites pertes de tempo mais son assurance et l'aisance qu'elle semble afficher en jouant permettent de rester en accord avec ses mélodies.
Une impression de lassitude ne se fait pas ressentir car chaque chanson est précédée d'une petite mise en condition, pointée de note d'humour. Une petite gorgée d'un verre, à première vue de coca, (la distance entre la scène et le public ne permettant pas de sentir si ce dernier est aromatisé avec un quelconque alcool frelaté), une petite explication et hop, en avant la musique.
Pour exemple, cette chanson dédiée à sa meilleure amie alcoolique dont le mari musicien n'a jamais rien écrit pour elle. Une autre gorgée et hop, elle explique pourquoi elle joue du country (bien que son style est bien plus recherché que le country classique) plutôt que du jazz ou du rock.
Ce petit bout de femme, aux allures de rebelle a su convaincre par son charisme et sa bonne humeur. Seule avec sa guitare, un spot l'éclairant simplement, son verre dont le contenu restera à jamais secret, elle occupe l'espace et l'on se laisse aller au grès de
L'entrée dans la grande salle du Fil se fait dans un brouhaha commun à toutes les entrées pour un concert. Les mélomanes s'installent doucement avec pour seul éclairage, les lumières des sorties de secours et la scène éclairant les instruments.
Jusque là, rien de bien extraordinaire.
Puis entrent en scène les musiciens du Quatuor Pli qui s'emparent des différents violons et violoncelle présents sur l'estrade.
On pourrait s'attendre pour les néophytes ne connaissant pas le principe de ce groupe, à une douce symphonie de philharmonique, mais il n'en est rien. Des sons torturés commencent à raisonner dans les lieux.
Grincements, couinement et autres bruits de craquement, pouvant parfois faire penser à des cris d'animaux envahissent l'espace... Au même moment sur l'écran géant, on peut observer une vidéo se mariant parfaitement avec les sons stridents émis par les cordes frottées. Le spectateur ne sait plus qui jouent, les images ou les personnes sur scènes?
Il ne manquerait plus que la voix de Guy Chapelier pour se croire tout droit plonger dans un épisode de la quatrième dimension. C'est alors que Broadway fait son entrée.
Un air propre au groupe vient s'additionner aux sons régnants et ce n'est pas la voix de Guy qui raisonne mais celle de Fabb, chanteur des Broadway. Il commence à déverser son phrasé rapé et la chaleur de sa voix contraste avec les effets sonores produits par les cordes.
Les accords déchirés du Quatuor Pli se joignant aux musiques de Broadway pourraient être comparés au titre du roman de Tolstoï, Guerre et Paix.
La vidéo en arrière plan entre dans le même optique. Une juxtaposition de différentes images vient confirmer l'adage "quelques grammes de finesse dans un monde de brut".On voit entre autre, des danseuses étoiles, symboles de grâce et de beauté projetées sur fond rouge sang; des foules révoltées se mêlent aux visages passionnés des musiciens sur scène dans un désordre pourtant bien calculé.
Pour certains morceaux, l'addition des trois donne une impression de transe. Images, sons et musiques joués tels des écorchés vifs, donnent envie de sauter de se prendre la tête entre les mains et se révolter, contre quoi? Là est la question, on ne sait pas trop au juste mais l'impression est là.
Il ne s'agit pas d'un concert mais d'un spectacle, d'un concept. Il est clair que si l'on vient voir ce duo sans être averti, on peut se laisser surprendre et rester coi. La rencontre entre Broadway et Quatuor Pli sans oublier l'ajout de la vidéo a un avantage certain, elle ne peut laisser indifférente. Il ne faut pas oublier non plus qu'ils jouaient dans le cadre du vernissage de l'installation végétalisée de Tristan Sebe et par conséquent, la musique se devait d'être expérimentale et futuriste afin de coïncider parfaitement avec le contexte.
Les sentiments se soir là étaient diverses et variés. Soit dénie totale, pour les adeptes de musique aimant une certaine fluidité harmonique, ou à contrario, adhérence soumise pour ce concept musical torturé et transcendant.
Bien que n'étant pas spécialement emballée, soit par manque d'ouverture d'esprit ou un certain radicalisme artistique, je dois reconnaître cependant qu'il faut aller les voir pour comprendre et se faire son propre avis. Une chose est sûre, le travail de mise en scène est assez spectaculaire, la présence des artistes est indéniable sur scène et les deux groupes ont des fans bien avertis qui se sont laissés embarquer dans leur monde. L'ambiance générale dans cette salle ce soir là était bien contagieuse et permettait de rallier même les plus incrédules. |