A
l'occasion du cinquantième anniversaire de la disparition
de Georges Rouault (1871-1958), le Centre Pompidou a présenté
une brève exposition consacrée aux premières
œuvres de ce peintre atypique, "Georges Rouault -
L'effervescence des débuts" qui s'est achevée
en octobre.
Seule la Pinacothèque de Paris
lui rendra hommage avec une rétrospective élaborée
à partir d'une des collections privées majeures,
la collection japonaise Idemitsu, dont les chefs d'oeuvre seront
exposés pour la première fois en France depuis
la Seconde Guerre Mondiale.
Sous le titre "Georges Rouault
- Les chefs d'oeuvre de la collection Idemitsu",
cete exposition se déroule dans une scénographie
aux cimaises de couleurs éclatantes qui exacerbent les
toiles de Rouault.
Elle se veut délibérement un panorama de l'oeuvre
d'un artiste, injustement méconnu en Europe.
Elle a été conçue par Marc
Restellini, historien d'art et directeur de la Pinacothèque
de Paris, à partir d'un choix totalement subjectif, mais
éclairé, ("J'ai choisi ce qui me plaisait")
qu'il assume entièrement.
Georges Rouault, un peintre inclassable
à redécouvrir
L'exposition présente deux caractéristiques principales.
D'une part, elle ne se structure pas rigoureusement de manière
chronologique mais à partir du cercle relationnel du
peintre.
D'autre
part, elle tend à proposer au regard un angle nouveau
en replaçant notamment les oeuvres religieuses dans une
dimension littéraire et poétique pour substituer
à la traditionnelle iconographie chrétienne une
perception philosophique.
Enfin, Marc Restellini souhaite illustrer le succès
considérable dont jouit l'oeuvre de Rouault au Japon
par ses résonances avec l'art de l'estampe.
L'accrochage
comporte une ample sélection des oeuvres réalisées
entre 1890 à 1950 qui explorent tous les thèmes
récurrents de Rouault, de l'humanité brisée
au Christ souffrant, avec de oeuvres comme "Bacchanales",
"Hécube guerrière" ou les christ bleus.
Il procède également à une mise en correspondance
avec les proches de Rouault.
Son maître, bien sûr, le peintre Gustave Moreau,
dont il partage la passion et le mysticisme et dont il va être
le disciple tout en oeuvrant dans registre différent,
celui de l'humanisme, mais aussi Matisse, son coreligionnaire
dans la classe de Moreau, avec lequel il partage la thématique
du cirque, son amitié avec l'écrivain Léon
Bloy et son intégration dans le cercle d'un couple phare
de la vie intellectuelle de l'époque Jacques et Raïssa
Maritain.
Une exposition à prendre le temps de parcourir. |