Comédie
dramatique de Steven Dietz, mise en scène de Sylvie Rolland,
avec Michel Burstin et Bruno Rochette.
La Compagnie Hercub, à l'affiche
en 2007 avec "Sparadrap-Dragonnier", diptyque franco-burkinabé
sur la réflexion théâtrale et la thématique
nord-sud, revient en 2008 avec une nouvelle création,
"Lonely planet", un
texte d'un auteur contemporain américain Steven
Dietz qui s'inscrit dans leur démarche de montrer
et comprendre le monde d'aujourd'hui.
Sans diatribe, même si au détour d'une brève
évocation de ceux qui ne sont plus il pointe du doigt
le comportement socio-politique discriminatoire, ni pathos,
simplement un fragment de vie, celui des moments de vie partagés
entre deux hommes, unis par une vraie amitié, avec une
écriture simple, familière, et cependant subtile
dans tous ce qu'elle contient de non dits, Steven Dietz creuse
dans la chair de l'homme.
Deux hommes perdus sur cette planète, où tout
semble si relatif et incertain comme la scène habilement
transformée en planisphère à tiroirs par
Jack Percher, pendant cette période
noire que fut le début de ce que l'on appelle désormais
"les années sida", pendant laquelle les membres
de la communauté gay disaient, non sans un certain humour
désenchanté, qu'ils passaient leur temps au cimetière,
ici symbolisées par une éclipse et des chaises
vides.
Et chacun constitue pour l'autre un point d'ancrage dans la
réalité de la vie. Même s'il s'agit pour
l'un d'une vie fabulée et pour l'autre d'une vie rêvée,
l'un dans le tourbillon de la vie, l'autre dans le retrait de
la protection illusoire de l'immobilisme. La pièce incite
à une réflexion plus large sur la condition humaine,
sa fragilité et la brièveté du passage
sur terre, l'incertitude métaphysique permanente dans
laquelle l'homme se débat.
Sans effets, ni de mise en scène, ni dans le jeu d'acteur,
le trio fondateur de la Compagnie Hercub, Sylvie
Rolland à la mise en scène, pour mettre
l'art au service de la vie et la forme au service du fond, Michel
Burstin et Bruno Rochette pour
des partitions à la fois drôles, poétiques
et émouvantes auxquelles il insufflent un supplément
d'âme, réussit le sans faute d'un théâtre
vivant pour montrer l'homme à l'homme. |