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Folies Bergères  (Paris)  3 décembre 2008

On aime beaucoup les disques de Claire Diterzi, notamment le dernier, Tableau de Chasse, qui établissait des connexions entre œuvres d’art triées sur le volet et inspiration personnelle… tableaux ou sculptures servant de base à l’écriture de chansons.

Un tel concept avait le mérite de nous ouvrir les yeux sur d’autres disciplines, et chercher de quelle manière constructive cette curiosité pouvait nourrir la créativité d’une artiste pop.

Basé à l’origine sur une commande (spectacle à fournir au Palais de Chaillot), cet album original et ambitieux aurait dû s’incarner en concert dans une scénographie inventive, déclinant la thématique du rapport entre les arts ; lesdites toiles ou sculptures devant logiquement servir de support à un travail visuel élaboré.

Las, nous avons été un peu déçus par le spectacle proposé par Claire Diterzi, mercredi dernier, aux Folies Bergères…

La faute, en premier lieu, à une mise en scène assez simpliste, limitée à quelques clips projetés et de timides changements de mobilier, échouant à établir un lien tangible entre les chansons servies ce soir-là et les œuvres qui les avaient inspirées (hormis peut-être sur "Je Garde Le Chien", où le montage d’images autour de la "Jeune Femme Avec Chien Blanc" de Lucian Freud avait, exception à la règle, quelque chose de réellement magique).

La seconde déception fut d’ordre musical : en dépit du travail vocal titanesque opéré par la chanteuse et ses deux choristes de haute volée, nous avons souvent trouvé que les versions proposées collaient trop aux orchestrations de l’album pour gagner une véritable singularité "live". L’impression désagréable de voir des musiciens (doués, on n’en doute pas) retranscrire fidèlement sur scène une œuvre créée en studio, sans jamais chercher à la transfigurer.

Une sensation confirmée par le début du concert : 5 morceaux suivant scrupuleusement l’enchaînement des titres de l’album ! sentiment de réécouter exactement la même chose, à peu de choses près…

[Note : en fin de compte, c’est peut-être "Iku", rare morceau à ne pas véritablement payer de mine sur l’album, qui a bénéficié de la seule adaptation réelle et positive : en l’occurrence des boucles de guitare rageuse pour compenser la fragilité minimaliste de la version disque]

Comme si un esprit malin avait senti que tout cela confinait un peu trop au pilotage automatique, de gros problèmes techniques sont survenus à partir du cinquième morceau. Obligée de faire face à ces soucis (5 minutes de re-branchage), la Diterzi a paru retrouver un peu de "niaque" à la faveur de cet incident, et a livré ensuite un concert un peu plus nerveux, retrouvant sa guitare et la rage qui, jusqu’ici, lui manquaient un peu.

A partir de ce moment, le panachage est devenu un peu plus équilibré entre nouveautés et pièces extraites de son précédent disque (l’excellent Boucle), et le concert plus diversifié. On était, en particulier, plutôt content d’entendre d’anciens morceaux de choix ("Infidèle" ou "Charlie") interprétés en version groupe (alors que la tournée Boucle se limitait à l’artiste aux guitares et samplers, seulement augmentée d’un percussionniste-bidouilleur).

Le public a réservé une ovation méritée à "La Vieille Chanteuse", véritable tube du dernier album, servi dans une version play-back orchestrale sur fond d’ombre chinoise foldingo inspirée, d’un cabotinage effréné mais justifié (car servant admirablement le texte, portrait d’une vieille vedette accrochée à son âge d’or et en faisant des tonnes). Pour le coup, on a enfin eu l’impression que le décor sur scène servait à quelque chose.

Ensuite, les connaisseurs ont pu se régaler d’une intense version solo de "No Good Guys", titre ouvrant la splendide BO de Requiem for Billy The Kid (publiée entre les deux albums officiels) et recréant, sur fond de guitares morriconiennes et mélancolie des grands espaces, un Ouest fantasmé qui n’existe que dans les films.

Globalement, on aurait aimé que le concert puise plus abondamment dans les autres projets de Diterzi, histoire d’aérer un peu le répertoire. Mais hormis ce "No Good Guys", la seule incartade hors du programme des deux derniers albums a été une reprise du "Son de l’Amour", chanson-gag extraite de l’ancien album en trio Dit Terzi (2000), pastiche de roucoulade dalidaesque qui fit beaucoup rire le public ("Ma guitare sonne comme une casserole… Elle te cuisine le son de l’amour"), mais nous laissa un peu circonspect (car nous l’avions déjà vue jouée exactement de la même façon sur la tournée précédente).

Idem pour "La Musique Adoucit les Mœurs" en guise de finale a capella sur boîte à musique : belle idée d’interprétation… qui achevait déjà les prestations d’il y a 3 ans, et ne constituait donc pas une immense surprise.

En conclusion, même si on l’a souvent comparée à la chanteuse Camille (pour déplorer le fait qu’elle ait moins de succès, malgré des audaces voisines), il nous semble que Claire Diterzi lui est diamétralement opposée sur un point : alors que le dernier CD de Camille est une pauvre petite chose remplie de bidouillages égocentriques et m’as-tu-vu (comme je sais utiliser ma voix pour faire tout et n’importe quoi, gna gna), elle réussit à le transcender sur scène et offrir un spectacle galvanisant qui subjugue même les auditeurs déçus par le disque.

Alors que Claire Diterzi, responsable d’un des albums les plus inspirés de l’année, peine à le porter en concert de manière inventive, et échoue à proposer une scénographie à la mesure de son concept.

Ironie du sort… Mais ce n’est pas si grave : car au final, ce sont bien les disques qui attesteront, face à la postérité, de la qualité du travail d’un artiste. Donc, en dépit de nos réserves sur un concert, l’on accordera toujours plus de crédit à une artiste privilégiant le long terme (la discographie de Diterzi est de + en + passionnante) plutôt que l’instant (un "live" de perdu, dix de retrouvés).

 

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L'interview de Claire Diterzi (janvier 2008)

En savoir plus :
Le Myspace de Claire Diterzi

Crédits photos : Thomy Keat (Toute les séries sur Taste of Indie)


Nicolas Brulebois         
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# 24 mars 2024 : Enfin le printemps !

Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Dans ta direction" de Camille Benatre
"Elevator angels" de CocoRosie
"Belluaires" de Ecr.Linf
"Queenside Castle" de Iamverydumb
"Five to the floor" de Jean Marc Millière / Sonic Winter
"Invincible shield" de Judas Priest
"All is dust" de Karkara
"Jeu" de Louise Jallu
"Berg, Brahms, Schumann, Poulenc" de Michel Portal & Michel Dalberto
quelques clips avec Bad Juice, Watertank, Intrusive Thoughts, The Darts, Mélys

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"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
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"Motan" de Tangomotan
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"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
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"Rebota rebota y en tu cara explota" au Théâtre de la Bastille

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"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

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"Painkiller" au Théâtre de la Colline
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Du cinéma avec :

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"Laissez-moi" de Maxime Rappaz
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"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
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"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
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